There ain't no easy way out - Angela Gilbert [TW : 16+]

Le bruit du verre qui se fracasse contre le mur te parvient à peine. Tu restes immobile, assise à la table de la cuisine alors que l’on déchaîne sur toi une pluie d’insultes, des accusations fausses que tu n’as plus la force de nier, tu as compris depuis longtemps que tu ne pourrais pas lui faire entendre raison. Tu aurais dû te taire, ne pas mentionner le nom du père de ton fils, tu aurais dû savoir qu’il se mettrait en colère et t’accuserait de toujours avoir des sentiments pour lui. C’était là la source de la majorité de vos disputes : Joachim Alvarez, l’homme à qui tu étais lié par l’amour que vous portez tout les deux à votre enfant, né d’une relation vouée a mourir dès le moment où elle avait commencée. Ce n’est pas la première fois que Michael t’accuse de lui être infidèle, ce n’est pas la première fois que sa jalousie le pousse à se montrer violent. Tu ne les comptes plus, les coups et les verres brisés. Tu te contentes d’encaisser en silence, en te promettant de ne plus commettre la même erreur la prochaine fois, quand apprendras tu enfin à te taire ?

Le silence revient enfin et Michael redevient l’homme de qui tu es tombée amoureuse il y a maintenant deux ans. Il te serre dans ses bras, t’étouffant presque dans ses bras alors que des larmes coulent sur ses joues, ne cessant de s’excuser pour le mal qu’il t’a causé. La voix brisée par les sanglots, il te promet de ne plus jamais te faire du mal, il te promet de changer et toi, tu le crois. Tu le crois naïvement, comme si ton corps ne portait pas encore les marques de ses derniers coups, comme si les cicatrices sur ton bras n’existaient pas. Demain matin, tout rentrerait dans l’ordre. Jarod reviendrait à la maison, il ne te frappe jamais lorsque ton fils est présent, c’est la limite qu’il n’a jamais franchit, il ne sait que trop bien que tu ne pourrais rester sans rien faire si la sécurité de ton fils était menacée. Non, il n’y a rien que tu ne serais prête à faire pour lui.

L’amour que tu portes à ton fils n’a d’égal que l’amour que tu portes à ta famille. La famille Gilbert avait toujours été très soudée, malgré les absences prolongés de ton père qui parcourait le monde en quête de victoire. C’est l’un de ses combats de boxe qu’il l’avait mené jusqu’aux États-Unis, pays duquel il eut tôt fait de tombé amoureux. Quittant l’Irlande pour vous établir ici, il t’avait fallut de nombreuses années avant d’enfin te sentir chez toi dans ta nouvelle terre d’accueil qui t’effrayait tant au départ. Tout était si grand, trop grand pour une petite fille de cinq ans dont les limites de son univers s’arrêtait aux portes de la ville portuaire de Wexford où tu es née. Avec les années, les absences de ton père se firent plus rares, l’âge le rattrapait. Tirant sa révérence après une brillante carrière de boxeur professionnel, il ouvrit son propre gym dans le Bronx où il accueillit de nombreux adolescents à problèmes. C’est dans ce même gym qu’il te fit découvrir une part de son monde, t’initiant à la boxe avant même que tu n’aies atteint l’adolescence. Rapidement, sa passion devint la tienne, tu ne t’étais jamais senti aussi proche de lui.

C’est bien des années plus tard que tu fis la rencontre de Joachim. De deux ans ton aîné, il n’avait pas eu à faire usage de ses charmes très longtemps pour que ton coeur s’emballe à la simple mention de son prénom. Tu aurais presque pu croire que vous étiez destinés pour être ensemble, si la flamme qui naquit entre vous n’avait pas succombé aussi tôt. Trop jeune, trop stupide pour une telle relation, vous vous êtes quitté sans cri ou haine, sans colère. Joachim était ton premier amour et de lui, tu ne croyais garder que des souvenirs jusqu’au jour où on t’annonça que tu attendais un enfant, votre enfant. Tu l’avais appelé sans hésiter, le suppliant presque de te rejoindre afin que tu puisses lui annoncer. Malgré ton jeune âge, tu savais déjà que tu ne pouvais avorter, tu savais que tu ne pourrais jamais te pardonner.
Depuis la naissance de votre fils, une amitié était des cendres de votre relation passée. S’il n’était pas aussi présent que tu ne l’aurais souhaité, Joachim savait toujours comment se rattraper auprès de Jarod, pour qui son père était un véritable héros. Même si ton ex manquait souvent à l’appel, il ne manquait jamais les grandes occasions. Premier jour de classe, le Nouvel An ou encore l’anniversaire de votre fils. Pourtant, contrairement à toutes les années qui avaient précédé celle-ci, Joachim ne se présenta pas à la fête de Jarod. En colère, tu avais saisis ton portable pour lui laisser une série de messages vocaux, mais plus le temps s’écoulait et plus l’inquiétude prenait le pas sur ta fureur. Rapidement, les jours devinrent des mois, des mois d’inquiétude durant lesquels ton fils ne cessait de te questionner, ne cessait ne te demander où pouvait bien être son père. Comment lui dire que tu n’en savais rien ?


«Salut ! Je ne sais pas ce que tu fous depuis quelques jours, mais Jarod arrête pas de me demander quand tu vas revenir ! Tu veux bien me lâcher un petit coup de fil quand tu auras le temps ? Bisous !»

«Tu devineras jamais ce que j’ai prévu pour la fête de samedi ! Je me suis vraiment surpassé cette année, j’ai hâte que tu me dises ce que tu en penses ! Rappelle-moi, d’accord ?»

«T’es un putain d’enfoiré, Alvarez ! Comment t’as pu oublié l’anniversaire de ton propre fils !? Même pas un putain d’appel ! J’espère pour ton cul que t’as de bonnes raisons !»

«Ça fait des semaines, Joachim ! Jarod est mort d’inquiétude, il te réclame sans arrêt ! J’en peux plus de ton putain de silence..!»

«Encore la boîte vocale..? Bordel Joa, t’es où ? Je me fais un sang d’encre..! Donne-nous signe de vie, je t’en supplie..!»

«Papa !...Papa, c’est moi ! Tu me manques, tu vas revenir quand à la maison..? J’ai plein de nouveaux jouets, on pourra jouer ensemble quand tu seras là..! Je t’aime papa..!»