Comme un ouragan

J’ai eu du mal à me calmer et pourtant, j’ai réussi à prendre sur moi malgré le chaos. Une part de moi, a eu envie de pleurer, de fuir, de me laisser aller à toutes les émotions qui tourbillonnent en moi, mais, il y a Théa. Elle est bien assez choquée comme cela, si je laisse paraitre ma panique et ma peur, cela va accentuer le traumatisme qu’elle doit subir.

La première personne que j’ai voulu contacter, étrangement, ca n’a pas été maman, mais ca a été Liam. Un Sms assez succin, car je n’avais pas la force de tout dire alors que j’avais cette affreuse sensation que tout était devenu hostile, même dans cet endroit qui aurait dû avoir l’illusion de sécurité d’un « chez moi ».

« Liam, j’ai besoin de toi. Est-ce que tu peux passer chez moi s’il te plait ? »

Le policier qui est passé est en train de partir, Thea s’est réfugié dans sa cachette, qui est le seul endroit qui n’a pas été « profané » ici, pendant que je tente de mettre un peu d’ordre a cette pagaille quand, enfin, Liam arrive. Il a surement croisé l’officier en montant et il doit avoir des questions devant cette porte qui a presque été arraché par la violence mise pour la forcer. Sauf que je ne me sens pas la force d’attendre les questions et, a peine je le vois sur le pas de la porte, que je lui saute presque dans les bras pour cacher mon visage contre sont torse. Je lutte contre une nouvelle montée de larmes tout en essayant de calmer mes tremblements de peur et de puiser un peu de courage dans sa présence. Derrière moi, il n’y a qu’un appartement saccagé avec rage.

Tout a été retourné, balancé, détruit. Le micro onde a volé, les portes de la cuisine ont été arrachés, mes plantes gisent au sol dans les morceaux de leur pot, le canapé a été éventré, la table est en petit bois et les chambres sont dans un état encore pire, même les peluche de Théa y sont passées. On avait pas grand-chose, mais pour le coup, on a encore moins. Je prends un peu de temps pour réussir à me recomposer un visage avant de m’éloigner de lui pour tenter de lui demander, calmement.

« Je... on a… enfin… tu crois que tu pourrais héberger Thea pour cette nuit s’il te plait? Maman travaille et… si tu veux je passe demain prendre Thea pour aller a l’école pour t’aider. Elle est terrifiée et qu’elle a besoin de..
- PAPA ?!!! PAPAAAAAAA !!!!»

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un petit boulet de canon, après un coup d’œil méfiant, arrive et saute dans ses bras en larmes. Elle parle vite, elle est affolée, serrant contre elle son père et la seule peluche épargnée : mon ancien doudou renard qu’elle avait avec elle.

« Mes doudous !! Ils ont été cassés !! Mes jouets… aussi… et mon lit… papa… j’ai plus de lit… pourquoi on nous a fait ca !! J’ai peur !! »

Je la regarde tristement, sans savoir quoi lui dire tellement ce qui nous arrive est violent. J’adresse un nouveau regard suppliant a Liam. Elle ne peut pas rester ici. Je me débrouillerais avec l’assistante sociale qui comprendra forcement.

Comme un ouragan

Emma Lockwood et Liam Keller

“Savoir sourire : quelle force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement !” - Guy de Larigaudie

Liam sort de son appartement précipitamment. À la lecture du sms d’Emma, il n’a pas réfléchi une seule seconde et s’est levé de son canapé dans lequel il somnolait après une longue garde à la caserne. D’ailleurs, il n’a pas pris le temps de se changer, il est donc en plein New York habillé de ce qui lui sert de pyjama. Il marche rapidement en direction du lieu d’habitation de la jeune femme, et c’est en arrivant dans le hall de l’immeuble qu’il comprend que sa tenue n’est pas la plus adéquate.

« Monsieur, vous savez qu’il est interdit de se balader ainsi en ville ? Donnez-moi votre pièce d’identité. ».

Le pompier ne réagit pas, continuant son chemin avant de se faire alpaguer de nouveau par un policier en uniforme qui le regard de haut en bas. Apparemment, naviguer en boxer/marcel n’est pas approprié…

« Excusez-moi je... », sa voix montre son impatience et son inquiétude tandis que ses yeux se fixent sur la cage d’escalier.

« Vous venez voir mademoiselle Lockwood ? ».

Cette déduction plus que rapide ne le rassure guère, et lorsqu’il opine simplement du chef, l’homme lui fait un signe de la tête en direction des étages, « Ce sera bon pour cette fois, allez-y. ».

Rien de tout ça n’est de bon augure… Le blond gravit les escaliers quatre à quatre, manquant de chuter à plusieurs reprises pour mieux se rattraper à la rambarde, reprenant sa route en se précipitant.

« Emma je suis là ! », il n’est pas encore dans l’embrasure de la porte qu’il s’annonce déjà, sa phrase mourant dans sa bouche alors qu’il aperçoit le capharnaüm qui se trouve à l’intérieur de l’habitation. Ni une, ni deux, il réceptionne Emma dans ses bras, resserrant instinctivement son étreinte sur le corps de la jeune femme. Son regard scrute l’étendue des dégâts. Tout est saccagé, sans dessus-dessous, cassé, éventré.

Son estomac se serre. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! De toute évidence, il y a eu une visite surprise… Liam commence à remettre ce qu’il pense être les pièces du puzzle ensemble. Et si son ancien dealer favori était venu chercher de quoi se rembourser ? Après tout, il n’avait pas hésité à faire ce style de menace lors de leur dernière entrevue.

Son visage se baisse vers celle étant venue trouver refuge près de lui alors qu’elle lui demande son aide. Lui, il tente d’apaiser ses tourments avec de délicates caresses dans ses cheveux, quand une question le taraude : où est Théa ?

Pour toute réponse à sa question muette, un boulet de canon fait de bouclettes blondes se précipite sur lui, et c’est dans un mélange de déception de devoir lâcher la brune et d’inquiétude énorme face à la détresse de la petite qu’il s’accroupit pour la serrer à son tour contre son torse.

« Ne t’inquiète pas ma puce, je suis là. », s’il s’écoutait, il ne la lâcherait plus jamais. Son cœur se comprime d’entendre l’angoisse dans la voix de son enfant, et il lui dépose un tendre baiser sur la tempe alors qu’il se relève en la maintenant dans ses bras. « On va récupérer deux ou trois petites choses qui te seront utiles, on embarque doudou renard et on va chez papa, ça te dit ? », elle allait découvrir une nouvelle chambre, de nouveaux jouets… Liam aurait voulu que ce moment soit différent, mais qu’importe, ce qui compte, c’est qu’elles soient toutes les deux en sécurité et dans un environnement sain après le traumatisme qu’elles ont dû vivre en ouvrant cette porte. « Vous allez venir toutes les deux chez moi. », ce n’est pas tout à fait ce qu’Emma lui a demandé, mais il lui est inconcevable de ne pas l’accueillir également. En faisant son annonce, il passe l’un de ses bras autour des épaules de l’infirmière pour la faire se rapprocher, ainsi, il espère que la chaleur de son câlin parvienne à rassurer les deux femmes les plus importantes de sa vie.

(c) princessecapricieuse

Juste d’être contre lui m’aide a reprendre un peu pied face a cette terreur que je ressens. Mon petit soleil prend vite ma place et ses mots me fendent le cœur. Même si elle a toujours été préparée pour ce genre de situation, il y a un monde entre en parler et y être confronté. Ce n’est que lorsque je le regarde prendre Thea dans ses bras et la réconforter comme elle en a besoin que j’avise de sa tenue, pour le moins improbable.

« Tu… tu voudras que je te prête un drap, ou une couverture… je ne sais pas encore ce qui a été déchirée ou pas. »

J’essaye de ne pas penser au fait que je vais surement passer une nuit ici, dans cet endroit qui n’a plus rien de chaleureux ni rassurant quand je sens le bras de Liam se poser sur mon épaule pour m’attirer contre lui et Thea. Je ne me laisse docilement faire et me retrouve vite avec les petits bras encore un peu potelés par l’enfance de ma fille pour me serrer fort contre elle et son père. Je redresse mon visage, un peu intimidée par cette générosité toujours si naturelle de Liam.

« Tu…. Tu es sur ca ne va pas te gêner ? »

J’avoue que la simple idée de passer la nuit ici, alors que la personne qui a fait ca peut revenir, me donne des frissons d’effroi. En fait je ne me rends pas compte a quel point je tremble, essayant de rationaliser pour me rassurer, mais incapable de ne pas penser que cela n’a pas un lien avec ce passé que je fuis. C’est Thea qui répond avant son père d’un air aussi ferme que suppliant :

« Maman, tu restes avec nous… je veux pas que le croque mitaine te prenne !! je veux pas !!
- Tout va bien mon cœur, ce n’était pas lui. »

Je lui caresse le dos avec tendresse tout en la laissant dans les bras de Liam qui est non seulement venu a notre secours, mais aussi de nous offrir un toit. Je me mordille les lèvres me sentant comme un parasite avant de préciser, la voix brisée par l’émotion et sans oser regarder l’état de la pièce :

« Je ne pourrais jamais assez te remercier, d’ailleurs je ne sais même pas comment on aurait fait sans toi. Promis, je vais trouver une solution rapide, ça ne sera qu’une nuit ou deux d’accord ? »

Je m’éloigne un peu du duo et renonce a trouver une valise qui n’a pas été éventrée. Mes yeux piquent a nouveau devant l’étendu des dégâts et la sauvagerie qui se devine dans chaque objet brisé.

« Je tente de rassembler des affaires. »

C’est dans un sac a dos juste « un peu déchiré » que je mets rapidement des vêtements, sous-vêtements et ce qui a survécu dans la salle de bain. Mes gestes sont maladroits, j’ai du mal a ravaler mon envie de pleurer pendant que Thea continue d’expliquer a son père toute la peur qu’elle a eu, pas seulement celle de cet acte de vandalisme mais aussi que cela soit le moment de ne plus avoir de maman.

Comme un ouragan

Emma Lockwood et Liam Keller

“Savoir sourire : quelle force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement !” - Guy de Larigaudie

Alors qu’il serre Théa dans ses bras, il relève les yeux en direction de la mère de la petite, « L’un ou l’autre, peu importe l’état. ». Se couvrir est la dernière de ses préoccupations et si ce qu’elle trouve est dans un piètre état, alors, au pire, il s’en fera un poncho !

C’est naturellement qu’il se relève sans quitter Théa, offrant à Emma également ce qu’il espère être une étreinte réconfortante et rassurante. Liam n’a aucune hésitation sur le déroulement des opérations ; elles viendront toutes les deux chez lui, il est hors de question que quelqu’un passe plus de temps que nécessaire dans cet appartement retourné.

Son bras se fait plus fort sur les épaules de la brune, sa main montant et descendant doucement comme si cela pouvait avoir le pouvoir magique de chasser les tremblements qui l’assaillent. Ce réflexe est aussi idiot qu’inutile, puisqu’elle n’a nullement froid. Ce n’est que la peur et l’inquiétude qui font convulser ses muscles, mais Liam ne sait pas réellement comment réagir autrement. Que dire de plus ? Que faire ? La seule chose en son pouvoir dans l’immédiat, c’est d’être présent et de la soutenir du mieux qu’il le peut. Lui offrir un toit est le minimum, et il voudrait faire tellement plus… S’il pouvait prendre les émotions négatives qui traversent les deux femmes et les garder pour lui afin de les en débarrasser, il le ferait. Mais le monde ne tourne pas ainsi.

La question d’Emma lui fait lever un sourcil dubitatif, pense-t-elle réellement être une gêne pour lui ? Si les circonstances de cette invitation n’étaient pas aussi catastrophiques, il en serait d’autant plus ravi, mais il serait mentir que de dire qu’avoir Théa ET Emma chez lui pour plusieurs jours puisse le déranger. Loin de là…

Il s’écarte légèrement pour mieux la voir, gardant une distance raisonnable lui permettant de pouvoir conserver son bras autour de ses épaules, puis il est devancé par sa fille. La réponse est presque mot pour mot ce qu’il allait dire, sauf pour la fin. Rien ne l’interpelle, le croque-mitaine est un monstre courant dans l’imaginaire des enfants et il ne peut pas s’imaginer qu’il s’agit d’une métaphore utilisée par les aînées Lockwood pour décrire une personne bel et bien vivante.

« Tu resteras aussi longtemps que nécessaire, ma porte t’es toujours ouverte. Et puis, tu ne vas pas nous abandonner ! Théa et moi, on a besoin de toi. Enfin… Surtout moi, parce que la petite puce est parfaitement autonome. », il plaisante en souriant pour apporter un peu d’apaisement. Du moins, il plaisante à moitié. En réalité, il a besoin d’Emma. Désespérément besoin d’Emma. Il y a d’ailleurs un grand risque à cette cohabitation forcée : celui que le pompier ne veuille plus laisser repartir l’infirmière !

Cette pensée traverse son esprit quand elle s’éloigne pour regrouper des affaires, et elle ne le quitte pas tandis que Théa lui explique, avec ses mots d’enfant, comment la découverte de ce foutoir s’est passée. Cette fois-ci, il tique brièvement sur le fait qu’elle ait eu peur de ne plus revoir sa maman parce que c’était le signe annonciateur de son départ.

Après quelques minutes à rester dans l’entrée, il décide de se rendre dans la chambre de sa fille afin de regrouper ses affaires encore en état, et pour cela, il dépose le petit ange sur son lit dont les draps sont en lamelles, « Ça, on emporte ? ». Sélectionnant les habits utilisables, il les montre à Théa pour avoir son approbation, faisant comme si cette opération était un jeu jusqu’à ce qu’il se retourne vers elle en n'ayant que du silence pour réponse. Il sourit, s’approche d’elle, dépose un tendre baiser sur le haut de son crâne et part à la recherche de sa mère.

« Elle s’est endormie. Toutes ces émotions ont dû l’épuiser. », il s’accroupit à côté d’Emma, lui prenant des mains le sac à dos qu’elle s’efforce de remplir avant de le déposer au sol pour emprisonner de ses paumes les doigts de la jeune femme. Elle aussi doit être lessivée. « Je crois qu’on a tout ce qu’il nous faut. », elle semble chercher d’autres choses à sauver, « On devrait aller vous installer chez moi, et on reviendra demain pour s’occuper de tout ça. ». Sa voix est douce, il ne veut pas la brusquer. Il n’a aucune idée de ce qu’elle est en train de traverser, retrouver tous ses biens, tous ses souvenirs ainsi dévastés doit être une épreuve horrible… Cependant, ce dont il est convaincu, c’est que rester plus longtemps entre ces murs n’est pas bon, elle ne va faire que ressasser et avoir envie de pleurer à chaque découverte d’un nouveau cadavre.

(c) princessecapricieuse

Je trouve un drap que je tente de nouer façon toge romaine autour des hanches du pompier en essayant de ne pas me sentir troublée par ce simple geste. J’ai du mal a me séparer de Liam, physiquement. Sans m’en rendre compte, je reste prêt de lui, cherchant sa présence, sa chaleur et son contact comme si je pouvais puiser un peu de force en lui. C’est instinctif alors que je lute contre une terreur presque animale de me sentir mieux avec la personne la plus rassurante à mes yeux. Je ferme les yeux quelques secondes, essayant juste de me concentrer sur ses gestes apaisants, me dire que c’est fini, que nous ne sommes plus en danger… sauf qu’une part de moi sait pertinemment que c’est un mensonge de plus. J’arrive a sourire, malgré l’inquiétude qui reste visible sur mes traits, alors qu’il tente de me rassurer sur le fait que je peux, aussi, trouvé refuge chez lui.

« Merci encore Liam... »

Ma voix s’étrangle un peu d’émotion et je détourne les yeux des siens par pudeur tant je suis touché par son geste.

« Promis je vais me faire toute petite tu ne sauras même pas que je suis là.»

C’est tellement faux, je me connais si mal. Il faudra moins de 24h pour que j’ai réorganisé tout ses placards et rangement sans même m’en rendre compte avec cette maniaquerie propre a ceux qui ont le sentiment de ne pas assez contrôler leur vie.

Je tremble de partout, mais je me fais violence en essayant de maitriser mes émotions en m’imposant de l’action, réunissant tout ce qui peut être utile, et est encore en état de l’être. Je sursaute comme une bête traquée quand le pompier revient et attrape doucement mon sac a dos. Je finis par soupirer de soulagement en voyant que ce n’est « que lui ». Mon visage s’apaise légèrement quand il me dit que Thea s’est endormie et que mes mains trouvent la chaleur des siennes. J’hoche la tête affirmativement a sa proposition.

« Tu as raison… j’ai envoyé un message a mon travail pour les prévenir que je ne serais pas la demain et j’ai pris les papiers d’assurance. Tout… tout ca n’est pas grave. C’est juste matériel. »

J’ai un léger frisson en imaginant ce qui aurait pu se produire si Thea et moi avions été présente. Vue la violence et la rage pour détruire tout ce qu’il y avait dans l’appartement, je préfère ne pas m’appesantir sur cette idée. Je le laisse porter la petite dont la tête dodeline sur son épaule, pendant que je porte le sac a dos et traine une valise a roulette à moitié cassée. Je fais au mieux pour bloquer la porte, même s’il ne reste rien a voler. Une chance que mon PC était avec moi lors de l’intrusion… mon PC et les photos. C’est étrange ce déménagement avec Liam qui semble déguisé. On arrive sur son palier quand je me risque à lui dire :

« Le pire… c’est que je crois qu’il ne manque rien. Ce n’était pas un cambriolage… »

Thea relève la tête en baillant et avec un air de fêtard le lendemain de fête, sans reconnaitre l’endroit où elle s’était endormie, elle regarde un peu partout avant de demander d’une voix pâteuse :

« On est où ?
- On est chez papa mon ange. D’ailleurs, il a une petite surprise pour toi je crois…»

Même si je ne pense pas qu’elle acceptera de dormir loin de son père, surtout sans « cachette » après ce qui vient de se passer, je suis certaine que le cadeau que Liam lui a préparer va lui faire oublier en grande partie ses malheurs.

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Emma Lockwood et Liam Keller

“Savoir sourire : quelle force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement !” - Guy de Larigaudie

Elle peut bien se faire aussi petite qu’elle le peut, elle ne sera pas invisible aux yeux de Liam. Jamais. Il le sait, il le sent, mais il refuse de se l’avouer entièrement. Emma compte beaucoup trop pour lui. Elle est une amie fidèle, une alliée de taille, un soutien sans faille. Et tellement plus… Au fond, il craint trop le rejet que pourrait être celui de la jeune femme pour ne serait-ce qu’envisager plus.

Mensonge.

Évidemment qu’il l’envisage. Il en a même déjà rêvé, et en se réveillant, il a chassé les images de ce songe rapidement afin de ne pas s’engluer dans de telles pensées. Tout serait plus compliqué s’il se laissait emporter par ses sentiments. Leur situation est suffisamment bancale par moments sans aller en rajouter. Alors il se contente de ce qu’elle lui offre en s’efforçant d’être à son tour tout ce qu’elle lui a apporté jusqu’à présent. Un pilier, une épaule sur laquelle se reposer.

Il espère réussir à être cet homme bien qu’il tend à devenir depuis sa sortie de cure. Liam a essuyé des échecs, il a replongé, il s’est laissé recouler, mais il a su rebondir, systématiquement. S’il se bat contre ses faiblesses, c’est parce qu’il refuse de voir ses démons gagner la bataille face à la lumière que représente sa fille. Et Emma.

« Exactement, ce qui importe, c’est qu vous n’ayez rien. Tout ça, ce n’est que de la casse. On va réparer, racheter, repeindre... », une de ses mains abandonne celles de la jeune femme pour montrer le désordre qui les entours, « La première chose que je ferai demain, c’est replanter cette plante. Elle est beaucoup trop jolie pour qu’on la laisse en dehors de son pot ! ». Il tente de dédramatiser tout en montrant son soutien indéfectible.

Portant Théa dans ses bras alors qu’Emma tire une valise cabossée, ils ressemblent sûrement à une famille dans le besoin. Le drap noué à sa taille n’aidant pas à leur donner un air moins miséreux. Mais au moins, ils sont ensemble. Toujours.

« Tu sais, je crois que je vais m’habiller comme ça plus souvent. Je trouve que ça me va plutôt bien cette mode antique ! », il rigole alors que les passants les regardent étrangement, « Par contre, je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse, mais est-ce qu’il te serait possible de refaire le nœud, je commence à sentir un petit courant d’air sur mes fesses... ». Les pieds de Théa qui frottant contre le tissu desserrent l’attache et Liam, lui, il se marre, encore. De toute façon, il a bien fait le trajet allé en simple boxer ! Quelques yeux curieux supplémentaires n’allaient pas le tuer, il pouvait en rire.

En arrivant devant sa porte, il se fige tandis qu’Emma lui révèle que rien ne semblait manquer dans son appartement. Soudain, il se rappelle de la menace faite quelque temps plus tôt par son ancien dealer alors qu’elle était présente chez lui. Il n’avait pas hésité à l’effrayer en parlant de ses proches, son regard s’attardant sur la jeune femme. Et si… ?

« Je suis parti rapidement, c’est ouvert. Entre. », il n’avait pas traîné après avoir reçu le sms d’Emma et puis, il n’avait pas de poche ou ranger ses clés ! « On fera un rapide inventaire des trucs les plus précieux demain, avec la surprise et l'inquiétude, tu n'as peut-être pas remarqué certaines choses. », il se contente de cette réflexion, ne pouvant se résoudre à dire le fond de sa pensée.

C’est à ce moment que Théa décide de se réveiller, demandant d’une voix endormie où elle se trouve pour que sa mère lui réponde calmement, lui annonçant qu’une surprise l’attend. Automatiquement, avec toute l’innocence de l’enfance, la petite semble totalement oublier ses frayeurs récentes, son visage s’illuminant d’impatience, « Une surprise, pour moi ? Où ? ».

Cette joie enfantine est agréable, et à son tour, Liam retrouve cette part d’insouciance qui lui colle à la peau, « Tu veux la voir ? ». Pour dire vrai, il n’attend pas la réponse avant de se diriger vers la chambre qu’il lui a préparée, et qu’il a dévoilé à Emma peu de temps auparavant, « Emma, tu viens avec nous ? ». Il a stoppé ses pas, tendant une main accueillante vers la jeune femme pour qu'elle les accompagne, c’est important pour lui de partager cet instant à trois, tous ensemble, comme la famille qu’ils sont.

Déposant Théa sur ses deux pieds, sa main se pose sur la poignée, « Tu es prête ? À la une, à la deux et… à la trois ! ». Elle trépigne, la porte n’est pas encore totalement ouverte qu’elle se précipite à l’intérieur de la pièce en s’extasiant, rendant son père plus heureux que jamais. Elle farfouille de partout, attrape Mistinguette – la peluche licorne – et soulève le coffre se trouvant devant le lit pour découvrir les jouets qu’il a soigneusement choisis pour elle.

Liam est resté dans l’embrasure de la porte pour la laisser s’approprier les lieux, son regard se tourne vers Emma avec un sourire énorme scotché aux lèvres, « Ça à l’air de lui plaire. ».

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Je vois bien les regards qui coulent vers nous dans la rue. Cela me met d’autant plus mal a l’aise que Liam manque de se retrouver en sous vêtement en pleine rue. Rougissante, je refais le nœud autour de la taille de Liam et arrive à rire légèrement quand il m’assure qu’il va lancer une nouvelle mode.

« Je n’arrive toujours pas à croire que tu es venu chez nous sans pantalon a notre secours. »

Cette fois, sa pudeur est sauve. Je suis soulagée seulement lorsque nous arrivons devant son appartement. Une fois de plus, il prouve la précipitation avec laquelle il a bondit à notre secours et je ne peux qu’être touchée en poussant la porte qu’il n’a même pas verrouillée.

« Je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier de tout ce que tu fais pour nous Liam. Tu es sûr que ça ne va pas t’embêter de faire cela avec moi demain ?»

Il n’a même pas réfléchi pour venir nous aider, nous accueillir toutes les deux chez lui et se proposer pour m’aider a nettoyer demain. Thea se réveille avec cette énergie donnée par la perspective d’une surprise. Si je reste un peu en retrait, vivant par anticipation le bonheur de notre fille, d’un simple geste, Liam me permet de partager ce moment qu’il aurait pu vouloir ne garder que pour lui. Ma main vient timidement trouver la sienne et je le suis, sur le seuil, alors qu’il ouvre la porte de la chambre de princesse. Malgré le cauchemar que nous venons de vivre, voir autant de ravissement sur le visage de Thea, en pleine découverte de ce que son père lui a préparer, m’oblige a sourire a mon tours. Sans m’en rendre compte je me serre contre Liam, passant mon bras autour de sa taille, sans quitter des yeux notre petite blonde.
« Je crois que cela fait plus que lui plaire. Merci pour elle… »

Thea ouvre tout, essaye tout, demandant muettement l’autorisation à Liam avant de continuer son exploration sous mon regard attendrie. Mistinguette a du succès, son papa ne s’est pas trompé dans ses choix et tout fait l’objet de cris joyeux a chaque nouveauté qui passe sous ses yeux. Et puis, soudain, elle s’arrête, semble inquiète, se tourne vers nous et demande avec une pointe de détresse :

« Je me cache ou si le croquemitaine vient ? Y’a pas de cachette ici ? »

Je me raidis avant de relâcher le plombier pour aller vers elle, un peu paniquée :

« Thea… tu n’as pas besoin de cachette ici. Ton papa te protège…
- Mais et toi ?
- Ca va aller…
- NON NON NON NON!! »

Elle s’accroche à moi, en sanglot, craignant surement que le moment de la séparation soit déjà là.

« Thea…
- JE VEUX RESTER FAIRE DODO AVEC TOI ET PAPA !! JE VEUX QU’IL TE PROTEGE AUSSI !!! PAAAAPAAAAA !!!»

Je lance un regard impuissant et charger d’excuses a Liam. J’espère qu’il comprendra que la chambre n’est pas le problème. En attendant j’essaye de calmer comme je peux la crise de larmes.

« Théa s’il te plait, pas de caprice. Maman va dormir sur le canapé juste là, papa va te montrer sa chambre, tu verras, ca n’est pas loin de nous deux.
- On a qu’a se mettre ici tous les trois alors ?»

Son petit menton se relève avec cet air buté qu’elle tient de moi, tout en montrant son petit lit où je ne suis pas sur que nous tiendrons juste a deux.

Comme un ouragan

Emma Lockwood et Liam Keller

“Savoir sourire : quelle force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement !” - Guy de Larigaudie

« Heureusement que je ne fais pas mes siestes nu comme un ver, ça aurait été gênant dans la rue... », un petit sourire en coin vient fleurir sur ses lèvres alors qu’il observe Emma nouer à nouveau le drap à ses hanches. C’est plus fort que lui, il adore la voir rougir et il s’amuse beaucoup à l’idée que ses joues ne s’empourprent encore davantage.

Portant Théa dans ses bras, il demande à Emma d’ouvrir la porte de son appartement qu’il n’a pas fermé à clé en partant, et à peine a-t-il mis un pied à l’intérieur qu’il se retourne vers la jeune femme, « Tu n’as pas à me remercier, comme tu le dis souvent, on est une équipe. Et puis, remettre ton appart’ en état n’est rien à côté de tout ce que tu as fait pour moi. Ne t’en fais pas, je vais appeler la caserne pour les prévenir de mon absence et je serai ton fidèle ouvrier toute la journée ! ».

La surprise semble faire oublier à la petite tête blonde toute l’angoisse accumulée durant cette journée, et l’ensemble de la famille se rend sur le seuil de la chambre préparée pour elle. Les doigts de Liam se resserrent sur ceux d’Emma alors qu’il observe avec des yeux remplis d’amour sa fille découvrir l’univers qu’il lui a créé, puis sa paume se dépose instinctivement sur sa hanche lorsqu’elle vient l’enlacer. Ils sont tous les deux focalisés sur Théa et son émerveillement, et c’est dans un geste tendre qu’il embrasse le sommet du crâne de la brune avant de lui répondre, « Je suis content qu’elle se sente bien ici. Je veux que vous vous sentiez toutes les deux comme chez vous, d’accord ? ».

Cet emménagement soudain n’était pas prévu, mais Liam a bien l’intention de faire en sorte que le cauchemar de ce cambriolage s’efface un peu en les accueillant comme il se doit !

L’instant est un hors du temps, ils ressemblent à une véritable famille s’installant dans un nouveau cocon, mais Théa lui rappelle que rien n’est jamais aussi simple dans la vie, qu’il y a des noirceurs, des peurs viscérales qui viennent systématiquement gâcher les bonheurs.

C’est la seconde fois que l’enfant mentionne le croque-mitaine, et cette histoire commence à inquiéter Liam. Pourquoi est-ce que ce monstre hante tant sa fille ? Il n’est pas habitué à vivre les peurs de Théa. Les moments que père et fille partagent sont toujours heureux, insouciants. Il n’est pas suffisamment présent dans son quotidien pour avoir à gérer les angoisses liées à l’enfance, et il se retrouve paralysé contre le chambranle de la porte quand il la voit s’inquiéter également pour sa mère.

Il faut que les pleurs redoublent et que la petite voix inquiète se transforme en cri pour que Liam retrouve sa capacité à bouger, comme s’il reprenait vie sous la détresse de sa fille. Il franchit les quelques mètres qui le séparaient d’elles et s’agenouille face à la blondinette, « Mon ange, il ne peut rien vous arriver ici. Ni à toi, ni à ta maman, je ne laisserais jamais personne vous faire du mal, et je botterai les fesses de ce croque-mitaine s’il ose s’approcher de vous. ». Il essaie de prendre une voix rassurante, mais il faut avouer qu’il n’est pas des plus à l’aise devant cette crise de larmes énorme.

Liam regarde, impuissant, Emma tenter d’apaiser la peur de la petite en lui indiquant qu’ils seront tous les uns à côté des autres durant leur sommeil, mais Théa surenchérit, expliquant qu’ils n’ont qu’à dormir à trois dans son lit. Il peine à ne pas rire en voyant l’air totalement buté de la blonde, et un sourire prend place à la commissure de ses lèvres le temps de quelques secondes avant qu’il ne retrouve son sérieux, « Tu sais ce qu’on va faire ? Ici, on va être un peu à l’étroit alors pour la première nuit, on va dormir tous ensemble dans le lit de papa. Tu peux prendre toutes les peluches que tu veux. Je te montre où les mettre ? ».

Il se remet debout en prenant la main de Théa dans la sienne et en attrapant Mistinguette qui s’était retrouvée allongée au sol, « Tu vas avoir toute la soirée pour leur créer un royaume magique pendant qu’on termine d’installer vos affaires et qu’on prépare le repas. ». Il avait guidé Théa jusqu’à sa chambre avec un sourire et une énergie qui dénotait totalement des pleurs qui venaient de remplir son appartement, mais il prit le parti de faire comme si de rien n’était et de passer à autre chose afin d’apaiser la crise. En surface en tout cas, car au fond, il n’oublie pas ce qu’il vient de se passer.

Le pompier avait observé sa fille faire des allers et retours entre les deux pièces, emportant tout un tas de peluches et même quelques jouets pour faire un environnement qui lui plaisait.

« J’espère que tu n’as rien contre cette solution. », en revenant près d’Emma, il se rend compte qu’il ne lui a pas demandé son avis. Peut-être qu’elle préférait retrouver un peu de tranquillité et de solitude après l’épreuve qu’elle venait de traverser, « Si tu préfères, je peux installer un fauteuil dans ma chambre, comme ça, je vous laisse le lit mais je reste avec vous. ». Il la regarde un instant, se frotte la nuque et ajoute, « Tu peux également mettre tes affaires dans ma chambre, il y a de la place dans les tiroirs et tu auras tout sous la main… Je n’avais pas l’intention de te laisser dormir dans le salon. ». Ce serait sa place pour le temps de cette cohabitation. Hors de question qu’elle se réveille avec un mal de dos en plus de ses soucis actuels !

(c) princessecapricieuse

# Sam 2 Sep 2023 - 10:22

Je me sens bien contre Liam, me blottissant un peu plus contre lui quand il passe sa main sur ma hanche sans détacher mes yeux de Thea. L’espace de quelques instants, j’en oublie ce qui nous a conduit ici, seul compte le bonheur sur le petit visage poupin de notre fille et la chaleur de l’homme a mes côtés. La magie de Liam, il ne lui aura pas fallu plus d’une heure pour remettre de la lumière dans nos vies et c’est d’autant plus touchant que je ne pensais plus y avoir droit. Je me raidis légèrement a sa remarque et c’est d’une petite voix inquiète de tout gâcher que je lui demande :

« Je… je pensais que tu étais fâché après moi parce que j’étais une crétine et que… enfin… tu vois ? »

Je relève fugacement mon visage pour le scruter rapidement avec toutes les angoisses accumulées depuis que je l’avais encore déçue. Tout cela avait eu un tel gout de déjà vu avec la crainte affreuse d’avoir déplus au point qu’il ne disparaisse de nos vies à Thea et moi. Des nuits de larmes pleines de regrets et de peur que ma bêtise fasse perdre son père a notre fille. Rapidement je reporte mon attention vers les explorations de notre fille. Apres un instant de surprise, j’arrive à me détendre en sentant les lèvres de Liam se poser sur le sommet de mon crane. Un petit geste de tendresse qui me donne tellement d’espoir après ses heures de détresse. Je suis touchée qu’il pense quand même a m’inclure dans cette famille que j’ai cru avoir cassée :

« Je ne vois pas comment ou pourrait ne pas être bien quand on est tous ensemble… »

Je n’ai pas le temps de m’excuser encore pour l’autre jour que Théa commence à paniquer sans que je ne sache calmer la crise de larmes qui suit. En fait je palis et malgré mes tentatives d’être rassurante, j’ai les mains qui tremblent et je ressens le poids insidieux de la peur sur ma nuque. Difficile de ne pas imaginer un lien avec mon passé ou la disparition de Juliette. Dans le premier cas, cela pourrait vouloir dire que j’ai encore moins de temps que je le pensais. La simple idée de ne pas pouvoir passer un dernier Noel avec ma famille me donne encore plus envie de pleurer.

Avec douceur j’essaye de la calmer mais c’est l’intervention salvatrice de Liam qui réussit a la rassurer. Il a ce don incroyable de trouver les mots avec elle, en peu de temps, son petit minois retrouve une risette amusée. Une fois de plus, j’ai peur de tout gâcher avec mes yeux qui virent au rouge et des sanglots que j’ai du mal a étouffer, aussi, je prends sur moi pour les laisser. Je me force pour avoir un air enjoué pour expliquer :

« Je m’occupe du repas pendant que vous préparez le royaume magique. »

Sans attendre je pars dans la cuisine et prends en mains la préparation du diner avec ce que je déniche dans les placard et frigo de Liam. J’ai du mal à calmer les tremblements de mes mains alors que je me lance dans un plat simple : une bolognaise maison et des pates. Vue l’heure et mon niveau de fatigue, je peux difficilement faire mieux. Les larmes coulent tout en finalisant ma sauce et je sursaute, me retournant avec toute la terreur d’un animal pris au piège quand Liam arrive sans que je ne l’entende. Je soupire, soulagée que cela soit lui et pas une des ombres de mes cauchemars d’enfants. Je reste un peu sur la défensive quand il me parle, craignant d’encore faire quelque chose qui pourrait le décevoir.

« Tu as bien fait, elle est vraiment bouleversée. C’est juste que... Tu es sûr que ça ne te dérange pas si on envahi ta chambre ? enfin, je veux dire elle et moi ? Dès qu’elle sera endormie, j’irais me mettre dans son lit si tu veux… »

Je ne suis plus a une nuit blanche prêt au regard de les cernes, même si cette fois, ca ne sera pas pour pleurer sur mon nombril. J’aurais envie de retrouver un peu de la chaleur de ses bras mais je me l’interdis. A la place c’est presque resigné que je me tourne vers les casseroles pour annoncer d’une voix fatiguée :

« Tu as plus besoin que quiconque d’être en forme pour ton travail et de dormir dans un lit. Tu nous sauves déjà en nous accueillant et en ne me laissant pas là-bas. Je pourrais essayer de me coller avec elle dans son lit pour te laisser tranquille si je n’ai pas trouvé de solution d’ici demain pour moi ? »

Un maigre sourire revient sur mes lèvres quand il me propose des tiroirs. Malgré tout le mal qu’il pense de moi, il arrive encore a être si gentil. Comment une nunuche comme moi ne peut pas s’imaginer des choses avec autant d’attentions ? La douche n’en a été que plus froide de cette conversation de SMS et sa crainte que je rencontre l’homme qu’il aime. Même si je comprends qu’il puisse avoir honte de moi et peur que je gâche tout, j’espérais peut-être avoir l’air meilleure que je suis au moins a ses yeux.

« Je ne veux pas t’envahir plus qu’on ne le fait déjà, en plus… je ne suis pas certaine d’avoir sauvé assez d’affaire pour remplir un tiroir.»

Je tente de faire de l’humour mais ma voix se casse alors que j’étouffe un sanglot. J’ai du mal a le réprimer et espère que Liam n’aura rien vu pendant que je m’efforce de lui tourner le dos comme si fixer la bolognaise était le plus important. En fait, rien que l’idée de manger me donne la nausée et j’ai peur que Liam trouve mon plat aussi décevant que ne l’a été la cuisinière.

« Je crois que c’est prêt, tu veux bien aller chercher Théa s’il te plait ? Je.. je vais mettre la table…»

# Ven 22 Sep 2023 - 20:03

Comme un ouragan

Emma Lockwood et Liam Keller

“Savoir sourire : quelle force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement !” - Guy de Larigaudie

Lui, fâché ? Non, pas du tout. Dire que la réaction d’Emma suite à leur dernière soirée tous les deux l’avait enchanté serait faux, mais Liam n’est pas en colère. Déçu, étonné, un peu perdu et totalement déconfit, oui, mais certainement pas fâché. Il peut également se décrire comme agacé. Agacé par lui-même, par les idées qu’il s’est faites suite à tous ces baisers échangés alors que, sur l’instant, déjà, il avait eu conscience de l’état d’ébriété de la brune. Ce soir-là, il s’est autorisé à franchir une frontière qui aurait dû rester infranchissable, et il en payait le prix à présent. L’infirmière ne voulait même pas en parler, elle s’était montrée très claire dans les échanges de sms du lendemain ; elle préférait faire comme si de rien n’était. Pourtant… Le rapprochement a bel et bien eu lieu, et il laisse un goût amer à notre pompier. Il s’en veut d’avoir pu la mettre mal à l’aise, il aurait dû mettre le holà bien plus vite pour ne pas qu’elle se sente comme une, je site, "crétine". Mais il n’en a rien fait. Il a profité de la situation, trop heureux de penser que, peut-être, ce n’était pas la bouteille de rosé qui rendait Emma si téméraire, si tactile, si adorable et totalement irrésistible. Au moins, il peut se féliciter de ne pas avoir flanché jusqu’à bousiller tout ce qu’ils ont durement construit depuis qu’ils se sont retrouvés dans cette supérette !

Comme l’imbécile qu’il est, il n’a rien répondu, reportant son attention sur Théa déballant toutes ses surprises. Pour dire la vérité, il ne sait pas quoi dire. Évidemment, il lui suffirait d’expliquer exactement ce qu’il pense, ce qu’il ressent pour que tout rentre dans l’ordre, pour que l’un et l’autre comprennent le malentendu et qu’ils puissent, enfin, être heureux ensemble, tous les trois. Mais non, au lieu de ça, il se contente de déposer ses lèvres sur le haut du crâne d’Emma dans un geste tendre qu’il espère à la fois parlant et réconfortant. Finalement, la seule chose qui arrive à sortir de sa bouche est limpide : il veut que cette cohabitation imprévue se déroule au mieux pour tout le monde et que chacun se sente à sa place.

« On l’est toujours. », ses prunelles s’attardent quelques secondes sur le visage de la jeune femme alors qu’il se montre des plus sincères. Ils sont toujours parfaitement heureux lorsqu’ils sont tous les trois, en famille, et cette simple constatation lui flanque le sourire. Puis, comme si le sort s’acharnait à vouloir l’extirper de son bonheur, une crise de larmes fait irruption, chassant la gaieté de Théa pour ne laisser plus que de la peur.

Il a fallu un petit peu de temps à Liam avant de réagir, avant de savoir comment réagir. L’angoisse de sa fille est si grande qu’il en reste paralysé jusqu’à ce que ses pleurs, beaucoup trop intenses pour son cœur, ne le sortent de sa léthargie et qu’il ne parvienne à trouver les bons mots, la bonne méthode ainsi qu’un plan rassurant pour les heures à venir.

Quand Emma s’éloigne, indiquant qu’elle s’occupe du repas pendant qu’eux se chargent de la chambre à coucher, Liam entend les trémolos dans sa voix, mais il se focalise sur la petite, pensant simplement que toutes les émotions négatives et trop vives de la journée commencent à avoir raison des nerfs de tout le monde.

De retour dans la cuisine, son épaule prend appui contre un meuble alors qu’il percute avoir pris une décision d’autorité quant au déroulement de la nuit. La dernière fois qu’Emma et lui ont partagé son lit, elle s’est sauvée comme une voleuse en refusant catégoriquement de revenir sur le sujet… Et voilà qu’il lui force la main à remettre le couvert !

ABRUTI. Sans doute devrait-il se faire tatouer ce mot sur le front afin de prévenir les personnes de son entourage de ne pas s’offusquer à chacune de ses boulettes.

« Ne dis pas de bêtise, si ça m’avait posé le moindre souci, je ne l’aurais pas proposé. », il secoue doucement la tête de gauche à droite, un sourire sécurisant ornant le coin de ses lèvres avant que sa risette ne se ternisse alors qu’il prend conscience d’une chose, « Peut-être que ça te dérange qu’on soit ensemble pour… pour cette nuit. Je… Je suis désolé, j’ai proposé ça à Théa sans réfléchir. Je... J'aurai dû te demander avant, et... Excuse-moi. ». Et maintenant, il repense à la fuite d’Emma et aux messages échangés ensuite qui datent d’à peine une semaine auparavant. Il se sent crétin. ABRUTI, comme tout à l’heure.

Pour désamorcer la situation – et rattraper sa bêtise – c’est naturellement qu’il propose une solution alternative consistant à apporter un fauteuil du salon à la chambre. Comme ça, plus de malaise !

« Tu plaisantes ? », il se détache du mur, fait un pas vers elle et stoppe son mouvement en la voyant se retourner pour lui faire dos, « Que ce soit ce soir, demain ou dans trois semaines, tu n’iras pas dormir dans un lit pour enfant. ». Il est sérieux, et c’est assez rare de le voir ainsi pour le remarquer ! Chassez le naturel, il revient au triple galop, et un fin sourire amusé reprend sa place sur son visage, « Je me fiche pas mal de tes contestations, je ne te laisse pas le choix. De gré ou de force, tu resteras dans ma chambre. Et si vous devez rester ici un moment, alors on trouvera une solution pour… Pour ne pas… Enfin… Pour ne pas se gêner. Il y a suffisamment de place pour tout le monde, ça ne me dérange pas de partager. Pas avec toi. ». Il s’embrouille dans ses idées à force d’essayer de ne pas la mettre mal à l’aise ou pour qu’elle n’ait pas l’impression qu’il profite, encore une fois, de la situation pour obtenir quelque chose qu’elle ne souhaite pas réellement. Au fond, il veut juste l’aider, et si pour cela ils doivent rester ensemble longtemps, il n’a absolument rien contre.

Partager n’a jamais été un problème pour lui, il est de nature très altruiste et il est rare de le voir rechigner à tendre la main, même à des inconnus, alors à la mère de sa fille, comment pourrait-il la laisser se dépatouiller seule ? Ce n’est purement et simplement pas envisageable.

« Tu peux m’envahir autant que tu le veux Emma... », il a parfaitement entendu sa voix se casser, et c’est plus fort que lui, il se rapproche, dépose une paume de chaque côté du corps de la jeune femme sur le plan de travail tandis que son menton se faufile au-dessus de son épaule pour lui souffler cette vérité. Il reste là, les yeux plongés dans la casserole de bolognaise végétarienne, son torse ne faisant qu'effleurer le dos de la brune tandis que ses doigts se crispent légèrement sur le rebord du plateau alors qu’il se maudit intérieurement de ne pas être fichu de résister, « Théa et toi, vous êtes les bienvenues, et si les tiroirs ne sont pas assez remplis, on ira régler ce petit problème ce week-end, d’accord ? Je ne veux pas que tu te fasses de souci pour ça. ».

Il ne bouge pas, ferme les paupières un instant et reprend sur un ton moins solennel, « Ça sent divinement bon. ». Parle-t-il de la sauce qui est en train de mijoter ou du parfum de la belle qui se trouve faussement prisonnière entre le meuble et son buste ? Allez savoir !

Il se recule enfin, reprenant une distance de sécurité quand elle lui demande d’aller chercher Théa, mais avant de sortir de la pièce, il se tourne vers elle, « J’espère que mon régime alimentaire ne sera pas trop problématique pour vous. Si tu veux cuisiner de la viande ou du poisson ou que sais-je, n’hésite pas. Tu fais comme chez toi, je m’adapterais. ». Conciliant et arrangeant, Liam comprend parfaitement que tout le monde n’adhère pas à sa façon de manger, et ça ne lui pose aucun souci. « Je meurs de faim, je file chercher le petit monstre ! », c’est presque en sautillant qu’il se dirige vers sa chambre avant de revenir avec un sourire tout aussi énorme que celui de Théa quand ils annoncent en chœur, « A taaaaaable. ».

Il noue une serviette autour du cou de sa fille avant de servir chaque assiette et de porter la première fourchette à sa bouche.

« Bon sang Emma… C’était délicieux ! Il ne va pas falloir me faire ça à chaque repas, je vais y prendre goût et refuser que vous repartiez. », sa main vient tapoter son ventre, ce dernier ayant légèrement gonflé sous les trois fois où Liam s’est resservi.

(c) princessecapricieuse