Qui a dit que le mercenariat était une affaire d'homme ?

Je t'explique, voilà son numéro de téléphone. Tu lui envoies une photo de la cible et où le trouver. Pas de nom, pas de détails, il s'en fout. Il te donnera son tarif, 50% avant de commencer le boulot, le reste quand c'est fait. On l'appelle Rafael, personne ne sait vraiment qui il est ni à quoi il ressemble. Il pose pas de questions, et c'est le meilleur de la profession, dans l'hémisphère nord en tous cas. Mais fais gaffe, si t'es pas réglo, c'est ta vie qu'il prendra. L'homme avait pris les informations et s'était rapidement occupé d'envoyer sa demande à ce "Rafael".

A quelques dizaines de kilomètres de là...

Les écouteurs dans les oreilles, la brune avance en rythme avec la musique rock qu'elle écoute, traversant les rues de Washington. La nuit commence à tomber, les rues sont éclairées artificiellement et Rafaele déambule sans prêter attention aux gens qui l'entourent. Dans cette rue animée, les vitrines sont alléchantes, les produits sont hors de prix au point qu'elle ne s'en paierait jamais à moins de dilapider bêtement l'argent de ses primes. Seulement, sous ses airs de nana je m'en foutiste, Rafy c'est aussi une femme qui aime être à son avantage et l'une des boutiques attire son regard. De la lingerie fine, de la soie, de la dentelle, le genre de trucs qui coute trop cher pour une utilisation bien trop éphémère étant donné la façon dont la plupart finissent. Elle entre, regarde dans les rayons et choisit trois modèles qu'elle va essayer dans une cabine. Le rouge...Sa couleur préféré. C'est terriblement sexy. La brune s'observe dans le miroir, simplement vêtue de cette dentelle qui enveloppe ses courbes. Elle apprécie ce reflet mais alors qu'elle allait essayer le second, elle remarque la lumière de son téléphone. Elle le prend et lit rapidement le message, poussant un petit soupir. Elle envoie un message en guise de réponse, un tarif, un numéro de compte et quelques secondes plus tard, alors qu'elle a à peine le temps de reposer l'objet pour poursuivre son shopping, il sonne à nouveau. L'argent a été viré, la mission est urgente et promet d'être amusante alors la brune a un choix à faire. Laisser tomber son shopping et partir tout de suite ou trainer encore un peu. L'excitation à l'idée de s'amuser un peu se fait trop forte mais faire des choix n'est pas sa spécialité. Le petit ensemble qu'elle porte lui plait bien. Rafaele ne prend pas le temps de remettre les dessous qu'elle avait en arrivant, les laissant dans la cabine. Elle attrape un aimant dans son sac et le passe sur l'antivol pour pouvoir l'enlever. Elle garde ceux qu'elle vient d'essayer et se rhabille, quittant les lieux comme si de rien n'était. Elle est comme ça Rafy. Elle voit, elle veut, elle prend.

Elle rejoint sa voiture et allume son vieil autoradio qui est toujours réglé sur la même station. Le son pulse dans l'habitacle et la brune se met en route pour Philadelphie. Deux heures et demi de route pour une mission facile. Elle se moque de qui est la cible, de la raison pour laquelle sa mort est souhaitée, s'il a une famille. Elle ne fait pas d'états d'âme quand elle prend un contrat, c'est un boulot comme un autre pour elle. Son téléphone sonne, les informations indispensables arrivent peu à peu. La cible vit dans un appartement au 47ème étage d'un building. L'adresse exacte est envoyée. Quand elle arrive près de la ville, elle lance son GPS et, une fois sur place, elle commence à étudier les alentours. Deux options. Soit elle tente de trouver un endroit où se percher avec une vue sur ses fenêtres pour le tirer comme un lapin à distance, soit elle entre et prend plus de risques en partant à la rencontre de sa victime. L'option 2 est choisie. Sortir le fusil de son père pour abattre un type, ça rapporte mais ce n'est pas fun, et puis, de ce qu'elle voit, elle n'aura pas un bon angle de tir.

Elle prend un peu de temps pour analyser les lieux, vérifier les portes de sortie, comprendre son environnement. Une fois lancée, elle devra agir vite et il est hors de question qu'elle se retrouve piégée dans ce bâtiment. Elle embarque un révolver avec un silencieux, elle garde toujours près d'elle son poignard, juste au cas où. Mieux vaut prévenir que guérir. Et là voilà à pénétrer dans le bâtiment, profitant qu'un type en sort et lui tienne la porte en la reluquant. Comme si t'avais une chance, connard... Mais elle se contente de le penser et de sourire. L'ascenseur possède sans doute des caméras alors elle a prévu le coup. Une écharpe sert à recouvrir ses cheveux et malgré une faible luminosité, des lunettes de soleil sont posées sur son nez. Elle a l'air d'une de ces pin-up des années cinquante totalement maniérées, mais son but, c'est pas de jouer les mannequins d'un autre temps. Moins on voit les traits de son visage, mieux c'est. Quarante sept étages. Bordel c'est long. Elle a des fourmis dans les jambes. Elle est hyperactive, elle n'y peut rien, et puis elle espère bien qu'elle pourra s'amuser un peu avec ce type même si la mission ne s'y prête pas forcément.

Non, le plus fun, c'est quand le client lui demande de récupérer le colis, de l'emmener à l'écart de la ville, de le malmener un peu... Le préparer pour son arrivée afin qu'il puisse obtenir ce qu'il veut. Pendant ce temps là, elle s'éclipse et ne revient que si on lui demande de finir le boulot. La plupart des gens ciblés croient que parce qu'elle est une femme, ils pourront l'avoir par les sentiments ou parce qu'elle est trop faible. Ça la fait bien rire. Elle s'est assez entrainée et elle a assez appris pour pouvoir mettre un homme à terre mais quand on la voit, on la sous-estime sans cesse. C'est aussi pour ça qu'elle n'a jamais pris la peine de démentir le fait que ses clients pensent qu'elle est un homme. Ceux qui l'ont su au début avaient ri, pensant à une plaisanterie. Elle leur avait prouvé à quel point ils avaient tort. Et puis, avec le temps, ça n'avait plus eu d'importance.

Cette mission, c'est une parmi d'autres, un type dont elle se fout. Elle toque chez lui comme si de rien n'était, comme s'ils se connaissaient et avaient un rendez-vous. Personne ne se méfie d'une femme, jamais.

Jack ! Comment tu vas depuis le temps ?! Et la voilà qui entre dans l'appartement sous le regard médusé du type qui tente de la stopper. Mais une fois la porte ouverte, la brune ne la laissera se refermer qu'une fois qu'elle l'aura passée. Elle force le passage et c'est à l'abri des regards que se déroule la suite des évènements. Le type n'est pas joueur, il vocifère, c'est bien dommage. Ce sera beaucoup moins drôle que ce qu'elle s'était imaginé. Elle n'a plus d'autre choix que de le faire taire, définitivement. Le coup est tiré, le corps tombe au sol, inerte. La brune, de ses mains gantées, fait le tour de l'appartement en quête d'argent, de bijoux, ou quelques objets de valeurs mais ce pauvre type n'avait vraiment pas grand chose d'intéressant à lui offrir. Finalement, cette mission a été beaucoup moins drôle qu'elle ne l'avait imaginée, mais elle est terminée alors elle retrouve le chemin de la sortie et son Impala garée à quelques rues de là en espérant que la prochaine sera plus palpitante.