Un moment de tranquillité - Ft Alexis McKinney

« Merci beaucoup Mayra, tout à l’air délicieux. », ses yeux parcouraient la table sur laquelle reposait à présent le petit déjeuner préparé avec soin par celle s’occupant des lieux. Il n’était pas venu depuis longtemps, et pourtant, lorsqu’il avait franchi les portes de la villa, tout était à sa place, rangé, propre. Cette femme, Enzo l’avait rencontrée lors de sa première venue sur l’île alors qu’il venait de faire l’acquisition de la plus grande maison présente sur cette terre. Il était le seul propriétaire étranger de ce petit bout de terre au large des côtes du Salvador, et si au début l’accueil n’avait pas été des plus chaleureux, les choses avaient changé. L’Italien ne s’était nullement offusqué de se faire verbalement bousculé par les locaux, et comme à son habitude, il s’était montré stoïque. Cependant, dès lors qu’il avait ouvert la bouche, offrant quelques mots dans un espagnol parfait, la conversation avait débloqué les aprioris à son encontre, le rendant plus sympathique que le précédent propriétaire qui ne venait que pour faire la fête et profiter de la gentillesse de ses voisins. Enzo, quant à lui, avait découvert une facette de sa personnalité qui s’était dissimulée depuis longtemps. Au contact de ces personnes ayant le cœur sur la main, il avait souri, véritablement, pour la première fois depuis beaucoup trop longtemps.

« Comment vont tes enfants ? Armando a arrêté de t’en faire voir de toutes les couleurs ? », la malheureuse la femme n’avait pas eu de chance, son mari était décédé quand le dernier de leurs six enfants n’avait que deux ans. La vie était difficile au Salvador, et pourtant, elle ne perdait jamais son sourire, « Si tu penses que je peux aider, j’irai lui parler. ». Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, Mayra faisait la manche au coin d’une rue du village d’à côté. Au début, Enzo ne l’avait pas remarqué, puis, le chenapan l’accompagnant avait tenté de lui chaparder sa montre. Au lieu de s’énerver, le mafieux lui avait laissé le bijou, de toute façon, il en avait suffisamment dans ses tiroirs à New York pour manquer de celle-ci, et avait offert à sa mère le poste de gouvernante pour sa nouvelle acquisition. Cette dernière ne lui avait jamais fait défaut, s’occupant de la demeure comme s’il s’agissait de la sienne, « Tu peux rentrer chez toi, je vais me débrouiller pour la suite. ». En disant sa phrase, il avait regardé par-dessus son épaule, observant un instant l’ouverture menant à l’étage, « On va rester quelques jours. Mon amie a besoin de repos et de tranquillité, alors ne fait pas trop de bruit quand tu viens t’occuper de tes tâches, d’accord ? ». C’était la première fois qu’il venait accompagner, et Mayra lui fit savoir sa joie de ne pas le voir seul dans cette grande bâtisse. Un tendre sourire se dessina sur les lèvres de l’Italien et il la remercia d’un simple hochement de tête avant d’emprunter la direction qu’il scrutait quelques secondes plus tôt.

Il était entré dans la chambre discrètement, s’arrêtant après fait uniquement quelques pas alors que ses prunelles se déposaient sur une Alexis assoupie. La veille, durant leur trajet les menant de l’aéroport à la villa, elle s’était endormie sur son épaule, trop épuisée par les événements des derniers jours pour résister à la curiosité, il l’avait donc porté jusqu’à sa chambre pour la déposer délicatement dans les draps. Après l’avoir observé quelques minutes en se maudissant intérieurement pour l’épreuve qu’elle venait de traverser, il s’était levé et était allé passer la nuit dans l’une des autres chambres. Il ne savait plus vraiment où ils en étaient, ni si, à son réveil, la belle aurait voulu le trouver à ses côtés, alors il avait préféré lui donner de l’espace. Sa nuit à lui avait été courte, ne faisant que se tourner et se retourner sans parvenir à trouver le sommeil, il était sorti pour s’aérer l’esprit sur la plage privée attenante à la propriété. Là-bas, il avait pu réfléchir, encore. Ses pérégrinations mentales s’étaient étirées jusqu’à l’aube, et il avait regardé le soleil se lever, son cerveau acceptant enfin de se mettre sur pause quelques minutes. La fatigue l’avait finalement submergée, et il était allé se reposer deux heures durant après avoir passé la tête par l’embrasure de cette même porte qu’il venait de franchir afin de s’assurer que la styliste ne rencontrait aucun problème. C’est après cette maigre nuit qu’il avait retrouvée Mayra, se retrouvant à nouveau dans cette chambre dans laquelle il n’osait pas bouger un orteil de peur de mal faire, de viser à côté et de blesser l’une des rares personnes comptant réellement pour lui. Cette impression lui bouffait le bide ; oui, avec Alexis, il merdait toujours.

Lorsqu’il aperçut les yeux de la jeune femme s’ouvrir, il cessa de respirer un laps de temps indéterminé, et alors qu’il s’apprêtait à lui murmurer un bonjour, son téléphone vibra dans sa poche, le faisant soupirer de frustration. Gardant ses lèvres serrées l’une contre l’autre, aucun mot ne sortit avant qu’il ne regarde l’appelant, « Je suis occupé. Il y a une urgence ou je peux te rappeler un peu plus tard ? ». C’était Daryl, il se devait de répondre, mais il l’avait prévenu la veille au soir, avant de prendre l’avion, qu’il devait s’absenter pour quelques jours alors il ne s’offusquerait pas de le savoir indisponible dans l’immédiat. La conversation avait été brève, sa capacité à bouger s’étant réveillée en même temps qu’Alexis, ses pas l’avaient mené jusqu’à l’immense paroi vitrée donnant une vue imprenable sur l’océan. Il pouvait sentir son cœur battre à tout rompre, mais son souffle coupé et sa soudaine impression de suffoquer n’avait rien à voir avec l’immensité qui se présentait face à lui. Enzo ne savait que dire, ni comment réagir.

« Tu as bien dormi ? », sa question était sans intérêt, pas après ce qu’elle venait de vivre… Il était désemparé, incapable de trouver la bonne attitude à adopter. Au moins, il s’était tourné pour la regarder, c’était déjà ça. Il avait l’impression que son regard laissait voir le tourment qui l’assaillait. Lui qui, habituellement, était plus que doué pour dissimuler ce qu’il pensait ou ressentait était totalement impuissant, désarmé devant la vague d’émotions qu’il avait réfréné ces dernières vingt-quatre heures et qui tentait de le submerger. C’était comme si le simple fait de se plonger dans les yeux d’Alexis lui faisait perdre ses moyens, engloutissait ce self-control qui lui collait à la peau et qu’il chérissait tant. Sa mâchoire était contractée à un point tel qu’elle en était douloureuse tandis qu’il se remémorait tout ce qu’il avait ressenti. Il ne parvenait pas à trouver un mot suffisamment puissant pour décrire l’effroi qu’il avait eu en recevant la photo envoyée par Aaron. La fureur qui avait suivi avait été rapidement balayée par toutes les idées qui le submergeaient afin de pister le message, de remonter jusqu’à la source et, ainsi, pouvoir les rejoindre.

Pour se ressaisir, il avait fermé les yeux, baissant la tête quelques secondes avant de refaire face au regard d’Alexis. Et s'il cessait de se poser des questions, et s'il laissait ses envies, ses besoins prendre le pas ? Juste trente secondes... Il pouvait relâcher la pression et arrêter de réfléchir, quel mal cela ferait ? Il n'en fut pas plus à Enzo pour stopper ses pensées et écouter simplement ses désirs. Sans réfléchir, il avança rapidement jusqu’à elle, déposant le plus délicatement du monde ses paumes sur ses joues, son front contre le sien en soufflant, « Tu es là... ». Il fut parcouru de frissons en prononçant ses mots, comme si les dire à voix haute rendait la réalité plus réelle. Elle était là, saine et sauve, avec lui, vivante.



« En espagnol dans le texte »

Les jours qui venaient de passer avaient été un véritable tumulte, un parcours chaotique et émotionnellement très lourd. Après leur conversation au bord de la patinoire qui l'avait quelques peu allégée bien qu'elle ait été plus que difficile, elle s'était retrouvée entre les mains du même type qui était venu provoquer Enzo sur la glace. Alexis ne savait rien de lui, de qui il était, de ce qu'il voulait mais elle avait vite compris à l'attitude de l'italien que ce n'était pas un ami. Des questions, elle s'en posait beaucoup. Beaucoup trop. Elle avait décidé de le laisser venir à elle, même si, par moments, elle le bousculait un peu, le poussant dans ses retranchements mais la situation n'était pas telle qu'elle pouvait l'espérer. Elle avait eu un regain d'espoir à la fin de leur conversation, quand il lui avait dit qu'il ferait en sorte d'arranger les choses, et puis, il y avait eu cet évènement. Elle avait été plongée au cœur d'un univers qu'elle ne connaissait et ne maitrisait pas. Son univers à lui. Un monde dans lequel elle ne se serait jamais imaginé mettre un pied. Elle ne connaissait pas les tenants et aboutissants, elle savait simplement qu'il appartenait à une famille influente...Et criminelle. En découvrant qu'il était ami avec Daryl à l'époque, elle s'était posé la question. Si les jumeaux avaient toujours tût leurs activités, la brune n'était pas née de la dernière pluie et avait vite compris qu'ils trainaient leur lot d'embrouilles. Si Matt semblait s'être rangé, Daryl avait fait l'inverse. Alexis avait du mal à croire que tout ce qu'il possédait était la simple résultante de bons investissements. Les Roja étaient débrouillards et malins, mais rien ne pouvait expliquer un tel changement hormis de l'argent sale. Cependant, connaissant le connard arrogant qu'était le meilleur ami d'Enzo, Alexis ne s'était pas inquiétée outre mesure. Elle était plus interrogative qu'autre chose, se demandant s'il trainait dans ses embrouilles et jusqu'à quel point il pouvait l'avoir embarqué dans ses conneries. Oui, il y avait un monde entre le business de Daryl et ce que faisaient les Forzalli, mais Lexie était bien trop inculte en ce domaine pour savoir le mesure.

La rencontre avec cet Aaron n'avait rien eu d'agréable mais ce n'était rien en comparaison avec ce qu'elle avait vécu juste avant. La brute épaisse qui avait pénétré son appartement et s'était jouée d'elle l'avait terrorisée. Elle avait eu l'impression de faire partie d'un de ces films dramatiques où la jeune femme tombe sur un malade mental qui s'amuse à la terrifier, l'enfermer, la torturer pour finalement l'achever. Son imagination avait vagabondé et c'était bien souvent cela qui était le pire au final : ne pas savoir. Elle s'était fait tout un film où les fins heureuses se faisaient rares, mais par chance, ce fut le cas pour elle. Certes, elle avait été éprouvée autant physiquement que mentalement mais elle était en vie, entière, et auprès de lui. Ils étaient passés rapidement chez elle, prenant quelques affaires, laissant un message à l'un de ses amis pour lui demander de venir s'occuper de son chat et ils étaient partis. Sans réfléchir, sur un coup de tête. En réalité, Alexis était encore sonnée de ce qui lui était arrivé et c'était tel un automate qu'elle avait simplement répondu amen à tout ce qu'Enzo lui disait, sans réellement comprendre de quoi il retournait. Un passage à l'aéroport, la montée dans l'avion, tout cela, elle le fit machinalement, ne semblant plus apte à réfléchir. Elle ne réalisait pas vraiment ce qu'il lui arrivait et elle ne parvenait pas non plus à poser de questions. Elle aurait pu être hystérique, paniquée, mais elle ne ressentait rien de tout cela. Elle était surtout épuisée mais, à présent qu'Enzo était auprès d'elle, elle se sentait en sécurité et elle avait juste envie de pouvoir se reposer un peu, loin de tout ça. L'épuisement avait fini par réussir à l'emporter une fois arrivés sur place. Habituellement très curieuse et toujours avide de découvrir de nouveaux lieux et de nouvelles cultures, la brune se laissa, pour cette fois, prendre par le sommeil. Elle avait senti Enzo la soulever mais la fatigue était telle qu'elle avait à peine réagi, entourant simplement ses bras autour de son cou.

Il l'avait déposée dans un lit moelleux et si la brune fit sa nuit d'une traite, cela ne se fit pas dans un sommeil paisible. Les cauchemars vinrent s'inviter dans son esprit une bonne partie de la nuit, recréant les évènements récents, leur donnant une suite bien plus tragique. Il était dans l'embrasure de la porte lorsqu'elle s'éveilla, celui qui avait le plus marqué ces cauchemars, celui qu'elle voyait disparaitre sous ses yeux dans cette finalité alternative beaucoup moins réjouissante qu'elle ne l'était en réalité. Alexis eut un soupir de soulagement en le voyant là. Il avait l'air soucieux, certes, mais il était en vie. Il était près d'elle. Son esprit commença à remettre les pièces du puzzle à leur place, faisant s'éloigner ce rêve un peu trop intense et perturbant. Il s'était dirigé vers la baie vitrée qui donnait sur une vue exceptionnelle, une vue dans laquelle il semblât se perdre quelques instants avant de lui demander si elle avait bien dormi. Elle l'observait, se redressant doucement, son corps étant encore endolori des épreuves de ces derniers jours. Enzo n'était jamais très prolixe, et elle savait qu'il se fermait rapidement dès lors que quelque chose le touchait. La question n'en était pas réellement une, elle le savait bien, mais elle y répondit d'une voix basse :

J'aurais sans doute mieux dormi si tu avais été à mes côtés...

Lorsqu'il se retourna et se rapprocha d'elle, son cœur se mit à battre plus fort. La douceur ses doigts sur ses joues la firent frémir alors qu'elle fermait les yeux, comme pour savourer encore davantage ce contact. Son front se posa contre le sien et un souffle vint effleurer ses lèvres tandis que ces quelques mots résonnèrent à ses oreilles. Elle se redressa un peu plus, rapprochant son corps du sien pour l'enlacer. Elle avait besoin de ce contact, de sa chaleur. Elle avait besoin d'être sûre d'être réveillée et qu'elle n'était pas encore plongée dans l'un de ces terribles cauchemars. Son regard s'était embué de soulagement. Ils étaient ensemble, seuls, loin de tout danger et en vie. Elle ne pouvait rien demander de plus que cela. Elle avait enfoui son visage dans son cou, se serrant encore un peu plus contre lui. Elle commençait seulement à réaliser véritablement tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps.

J'ai eu tellement peur. Je ne veux plus jamais que tu t'éloignes de moi...

Elle avait eu beau être l'initiatrice de cet éloignement, cela lui avait été très difficile, et les évènements récents n'avaient fait que lui faire réaliser d'autant plus à quel point elle tenait à l'italien, à quel point il lui était difficile de rester loin lui, de vivre sans lui. C'était une torture, et elle n'avait pas envie de souffrir davantage.

J'aurais...Tellement de questions à te poser, sur qui était ce type, ce qu'il voulait mais... Ce n'est pas la priorité pour le moment. Je veux juste... Que tu me serres fort dans tes bras et qu'on arrive à avoir quelques moments de paix, tous les deux, sans avoir à se demander ce qu'il adviendra demain...

Oui, elle en avait terriblement envie mais surtout besoin. Oublier ses peurs, réussir à se retrouver, juste tous les deux, faire abstraction de ce qu'il s'était passé, ne pas penser à un avenir qui ne serait peut-être jamais. Vivre le moment présent, en cet endroit qui semblait éloigné de tout, où ils pourraient se sentir bien, en sécurité.

Depuis qu’Alexis et lui étaient sortis de cet entrepôt, son cerveau n’avait eu de cesse que de tourbillonner. Rien ne semblait avoir de sens. Tout s’emmêlait, s’entrechoquait sans qu’il ne parvienne à comprendre comment tout ceci s’était déroulé. Ce qui le turlupinait davantage, c’était de ne pas saisir le pourquoi. Quel intérêt sa famille avait-elle à s’en prendre de pleins fronts à Alexis ? Si c’était dans l’unique but de l’atteindre alors c’était totalement réussi, mais ce simple objectif était trop insignifiant pour qu’il soit le seul, Vittorio avait forcément une idée derrière la tête. D’autant qu’il avait clairement fait comprendre à son cousin que, de son côté, il ne s’en prendrait pas à sa femme, que cette dernière n’avait rien à faire au milieu de leurs histoires de famille et qu’il ne s’abaisserait pas à l’utiliser comme un pion. De toute évidence, ils avaient décidé de ne pas se battre à armes égales…

Il avait fallu à Enzo un bon bout de temps avant de parvenir à avoir une petite étincelle de génie, et à présent, il était convaincu d’une seule chose : ça ne s’arrêterait pas là. L’Italien était prêt à mettre sa main à couper que, à peine aurait-il remis les pieds sur le sol new-yorkais, il recevrait des nouvelles de sa famille l’informant de leur réel plan final. C’est en observant les vagues s’échouer sur la plage qu’il avait compris que cet événement allait sans doute tout changer. Le coup avait été trop gros, ils avaient frappé trop fort pour qu’il n’y ait pas une requête énorme faite à la suite de ce bordel. Vittorio avait voulu toucher directement en plein cœur, car il savait que c’était la faiblesse ultime de tout être humain et que, malgré les apparences, ses deux petits-fils n’étaient pas sans aucun sentiment. Il avait sauté sur l’occasion pour insuffler en lui un vent de panique, le patriarche connaissant parfaitement Enzo, il avait forcément conscience que, désormais, il ne serait plus serein quant à savoir que toute la mafia connaissait son lien avec Alexis McKinney. Évidemment, le jeune homme savait que le vieux savait. Il savait que tout ceci ne pouvait pas être un simple coup d’épée dans l’eau, qu’il y avait forcément une autre manigance sous-jacente, que rien n’avait pu être laissé au hasard. Cependant, assis dans le sable, sous les étoiles du Salvador, il ne s’imaginait pas encore que ce serait là l’argument utilisé pour le ramener de force sous la coupe des Forzalli.

Enzo n’avait jamais été très doué pour les rapports humains, il avait toujours eu des difficultés à appréhender les réactions des autres tant elles lui semblaient souvent en totale contradiction avec la logique. Parce que pour lui, c’était ça, tout devait être cartésien, il ne se laissait que rarement dicter sa conduite par ses émotions. On lui avait appris qu’il fallait toujours réfléchir, qu’il devait systématiquement avoir un plan, une raison et qu’il était dans son intérêt et dans celui de sa famille de penser à l’impact de ses décisions avant de les mettre à exécution. Son esprit méthodique avait traité cette information, il l’avait analysée, et la conclusion qu’il en avait tirée était que, effectivement, il était idiot de suivre son instinct ou ses envies primaires quand on peut utiliser chaque occasion qui se présente à soi pour avancer et faire trébucher l’adversaire. C’est triste, mais Enzo, il avait grandi ainsi. Chaque personne rencontrée en dehors de son cercle familial proche devait être considérée comme un ennemi. Ils étaient trop nombreux à vouloir les voir trébucher pour prendre le risque de baisser sa garde un millième de seconde. C’était éreintant de vivre constamment en regardant par-dessus son épaule depuis qu’on est môme… Alexis représentait une lueur d’espoir dans ses ténèbres. Avec elle, il pouvait sentir ses barrières s’effondrer petit à petit, il parvenait à s’exprimer – un peu -, à s’ouvrir – de temps en temps – et il sentait son cœur battre la chamade à chaque regard posé sur elle.

« Je... », l’exercice n’était pas encore des plus aisés, « J’ai pensé que tu voudrais un peu de tranquillité. ». Enzo avait surtout longuement hésité avant de sortir de cette chambre après avoir délicatement déposé Alexis dans les draps. Il avait voulu rester auprès d’elle, s’allonger à ses côtés, la prendre dans ses bras et passer la nuit à sentir la chaleur de son corps contre le sien puis il avait réalisé qu’après ce qu’elle venait de traverser, il serait peut-être l’une des dernières personnes qu’elle souhaiterait voir à son réveil. Tout le mal qui venait de lui arriver était de sa faute. C’était à cause de qui il était, d’où il venait, de ce qu’il avait pu faire. Alors il avait franchi la porte et s’était éloigné.

Une fois encore, il s’était planté. C’était à croire que dès qu’il était question d’Alexis, il faisait fausse route. Mais qu’importe, ce qui comptait, c’était qu’elle venait de lui faire comprendre qu’il pouvait se rapprocher. Il en crevait d’envie, et il ne se fit pas prier pour s’exécuter, parcourant les quelques mètres qui les séparaient rapidement, déposant ses paumes sur les joues de la jeune femme comme pour s’assurer que, oui, elle était bel et bien là.

Il avait pris place sur le bord du lit, ses muscles se décontractant à l’instant où la styliste l’enlaça et qu’il put sentir son souffle chaud contre la peau de sa nuque. Ses paumes se déposèrent dans son dos, glissant jusqu’à ses reins tandis qu’il resserrait l’étreinte comme s’il craignait qu’elle ne lui échappe. Les derniers jours avaient été horribles. Entre les révélations bouleversantes de chacun, l’éloignement demandé par Alexis et l’angoisse suivant le message reçu de la part d’Aaron, Enzo avait l’impression d’avoir couru 6 marathons d’affilés. Néanmoins, les mots refusant de s’extirper de sa bouche n’étaient pas liés à un quelconque point de côté. Ses lèvres s’étaient entrouvertes pour répondre qu’il ne la laisserait plus jamais, qu’il serait toujours là, mais la réalité l’avait soudainement frappé et il était finalement resté muet, son myocarde s’emballant tandis que les paroles d’Alexis résonnaient en lui. S’il lui faisait une telle promesse, il avait peur qu'elle transforme en mensonge. Or, l’Italien avait souvent contourné les discussions, atténué ses propos, mais jamais, non jamais il n'avait menti à la jeune femme. Soudainement, il commença à douter qu’il puisse rester près d’elle à l’avenir. Ses craintes venaient de prendre vie et elle avait été plongée dans son horreur, elle avait subi son nom de famille… Être avec elle, c’était la mettre en danger. Il ne supportait pas ce fait. Il allait devoir agir en conséquence, faire en sorte qu’elle soit en sécurité, et pour cela, il n’y avait pas trente-six solutions. Vittorio, ses sbires et tous ceux prêts à s’en prendre à Alexis dans le but de l’atteindre devraient trépasser.

Son regard était accroché sur le mur qui lui faisait face tandis qu’il écoutait la brune lui dire ce qu’elle désirait. Comme elle venait de le lui demander, ses bras s’étaient resserrés, l’une de ses mains se déposant sur le sommet de son crâne pour approfondir leurs retrouvailles et glisser délicatement dans sa chevelure jusqu’à ce qu’il lui murmure, « On fera tout ce que tu veux. ». Se redressant légèrement, il éloigna leurs visages afin de la contempler, ses yeux se plantant finalement sur la mâchoire à présent marquée d’un F fait de traits approximatifs. Il lui fallut quelques secondes avant de chasser la colère qui l'envahissait et de partir à la recherche des prunelles d’Alexis pour lui offrir l'un des sourire timide dont il avait le secret, « Tu dois mourir de faim. Il y a un petit déjeuner qui nous attend en bas. Une fois que nos estomacs seront remplis, je pourrais te faire une visite des lieux ou on pourra aller découvrir les alentours. Je te laisse choisir le programme. ». Elle ne voulait pas parler de ce qu’il s’était passé la veille, elle souhaitait juste qu’ils passent de bons moments ensemble, il ferait tout pour exaucer son vœu.

« Avant de descendre, j’aimerais que tu ouvres le paquet qui se trouve sur la commode. », son index avait pointé le meuble en question. Malgré les circonstances qui les avaient menés ici, il avait pensé à prendre avec lui quelques surprises. Il s’était dit qu’Alexis aurait besoin de maintenir son esprit occupé – lui aussi – et il lui avait fait quelques promesses depuis leur rencontre. La première avait été de retrouver une robe identique à celle abîmée suite à l’assaut d’une tasse de café, il lui avait fallu du temps et de l’acharnement, mais cela faisait maintenant plusieurs jours que le colis était arrivé chez lui. C’était le moment parfait pour raviver quelques souvenirs !



« En espagnol dans le texte »

Elle avait besoin de tout relâcher. De se détendre. Mais surtout, elle avait besoin de lui, de sa présence, de sa douceur. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre étant donné son apparence froide et imbue de lui même, Enzo était quelqu'un de véritablement tendre et attentionné. Il avait fallu du temps, il avait fallu gratter cette surface qui était plus épaisse que celle d'une carapace de tortue centenaire pour parvenir à voir ce qu'il dissimulait aux yeux du monde : Ce qu'il était réellement au fond de lui. Si leurs piques et provocations des débuts l'avaient agacée autant qu'amusée - car il fallait bien avouer qu'elle ne donnait pas sa part au chien non plus - ce qu'elle avait découvert au fil des mois avait fini par l'attendrir. L'attraction qu'elle ressentait à son contact dans les débuts, car il fallait bien avouer que ce petit côté connard arrogant l'émoustillait, avait fait place à quelque chose de plus profond. Ce qu'elle pensait n'être qu'une attirance et, potentiellement, une passade, n'avait plus rien de superficiel.

Ces dernières semaines avaient été éprouvantes émotionnellement. Il y avait eu plus de bas que de hauts. Elle avait cru être enceinte et avait pris peur, s'éloignant de lui. Ils avaient eu une conversation difficile où des révélations avaient été faites de part et d'autre. Et puis, il y avait eu ce type qui était entré chez elle et l'avait terrifiée, la coursant dans les étages avant qu'elle ne se retrouve dans une espèce d'entrepôt avec un petit crétin qui lui avait tailladé la joue. Alors, lorsqu'Enzo était arrivé, le soulagement avait été plus que palpable. Sa proposition de s'éloigner de tout fut plus que bienvenue et même si la brune ne savait pas réellement à quoi s'attendre avec ce départ impromptu, cela ne pourrait que leur faire du bien, du moins, c'était ce qu'elle croyait en cet instant. Elle se détendait doucement, ses muscles se relâchaient alors qu'elle sentait les bras de l'italien qui l'enserraient. Ça l'apaisait. Il était la source d'une grande partie de ses tourments, mais également celui qui lui faisait le plus de bien en cette période troublée. En cet instant, elle profitait simplement de ses bras, de son contact, de sa chaleur. Elle avait fermé les yeux et elle se sentait bien, à l'abri de tout. C'est lorsqu'il évoqua le petit-déjeuner mais surtout le fait qu'elle définisse le programme qu'elle se recula légèrement, ce mot l'avait fait réagir. Si Alexis et Enzo avaient certains points communs à vouloir toujours organiser et orchestrer les choses au millimètre quand il était question de boulot, dans sa vie personnelle, la brune était moins réfléchie, elle ne calculait que rarement et préférait laisser place à la spontanéité même si, au vu de l'endroit, elle avait quelques petites idées. Elle avait relevé les yeux vers lui et lui répondit sur un petit ton taquin :

Pas de programmation, monsieur le control freak. Garde ça pour New-York.

Elle voulait profiter de cette parenthèse même si elle ne pouvait s'empêcher de se dire que cela serait éphémère et qu'elle ignorait comment les choses tourneraient par la suite. Elle avait fait le chemin qui séparait les lèvres d'Enzo des siennes afin de lui offrir un tendre baiser qui s'accentua quelque peu au fil des secondes qui s'égrainaient tandis que ses doigts se glissaient dans les cheveux de l'italien. Lorsqu'elle se recula finalement, elle reprit la parole à mi-voix :

J'ai un cruel dilemme là, je dois faire un choix très difficile...

Elle laissa sa phrase en suspend quelques instants avant de reprendre la parole avec un petit sourire :

Je meurs de faim mais je n'ai pas du tout envie de bouger, je suis trop bien là !
Elle s'était resserrée contre lui alors qu'il lui parlait du paquet qui se trouvait sur la commode. Il attisait sa curiosité et elle avait bien envie de savoir ce que dissimulait cet emballage. Quoi qu'elle serait bien allée vérifier une fois de plus ce que dissimulait sa chemise également, mais elle chassa rapidement cette pensée. Son ventre se mit à gargouiller et l'excuse fut toute trouvée pour assouvir cette curiosité qu'elle n'assumerait pas !

Je crois que mon estomac va finir par gagner quand même...
Et son envie de déballer ce colis, aussi. Elle s'éloigna doucement de l'italien, sortant enfin du lit pour prendre le paquet. Elle fut assez intriguée en voyant la texture du tissu et la couleur qui lui rappelait étrangement la robe qu'elle avait détruite le jour de leur rencontre. Elle attrapa le haut du tissu, dépliant le vêtement qu'elle regarda pendant quelques instants, médusée.

Tu... Tu l'as retrouvée ?? Ils n'en avaient fait qu'une dizaine ! Il n'en fallut pas davantage pour faire ressortir l'adolescente qui se dissimulait en elle. Elle se mit à sautiller tout en tournant sur elle même jusqu'à lui faire face et lui sauter dessus sans lâcher pour autant cette précieuse trouvaille. Elle se retrouva affalée sur lui, le surplombant.

Comment t'as fait ?? Elle se redressa légèrement et prit un faux air menaçant et autoritaire : Interdiction de t'approcher avec ton café de celle-ci !! Comment ça c'était son propre café à elle qu'elle avait renversé alors qu'elle ne regardait pas où elle allait ?? Elle continuerait de nier ce fait jusqu'à sa mort ! Son sourire revint rapidement alors qu'elle plongeait vers ses lèvres pour l'embrasser à nouveau, se laissant ensuite basculer sur le lit. Il la surprenait sans cesse, et quand c'était dans ce sens là, elle ne pouvait que s'en réjouir. Elle finit par se redresser, repliant la robe avec soin, il était hors de question qu'il y ait un faux pli, avant de prendre la main de l'italien dans la sienne pour descendre et prendre, enfin, leur petit-déjeuner.

Je vais avoir besoin d'un grand café ! Comme si elle n'était pas assez excitée comme ça ! Le réveil avait été compliqué mais à présent, elle semblait montée sur ressorts. Une fois le petit déjeuner englouti, elle irait prendre une douche, en espérant être accompagnée, puis ils iraient découvrir cet endroit dont elle ignorait tout. Elle alla s'asseoir à la table où tout était déjà prêt et lui demanda :

Je ne sais même pas où on est exactement, qu'est-ce qu'il y a à voir par ici ? Tout en posant la question, elle regardait par la baie vitrée, tentant de distinguer quelque chose alors qu'elle portait une tartine à sa bouche. Elle était véritablement affamée et il n'y avait rien de mieux que la nourriture pour faire oublier les mauvaises journées qu'elle venait de vivre !

Il avait imaginé plusieurs scénarios possibles pour le réveil de sa belle, et celui qui se jouait était de loin son préféré. Elle était là, souriante et heureuse de le voir alors que l’inverse n’aurait absolument rien eu d’étonnant. Alexis aurait pu avoir envie de garder ses distances et de le fuir après les événements récents, mais non. Elle continuait à vouloir de lui. Enzo avait été légèrement surpris. Sans doute qu’il avait toujours tendance à envisager le pire. Rares étaient les fois où l’italien était réellement optimiste, mais il fallait bien avouer que la vie lui avait prouvé à maintes reprises à quel point elle pouvait être difficile, crue, revancharde, injuste et malhonnête. Cependant, il était plus que ravi de cette finalité, il ne se fit nullement prier pour rejoindre la brune afin de la prendre dans ses bras.

Là, le visage enfoui dans le cou d’Alexis, il se sentait bien. Il se sentait à sa place. Elle était devenue son essentiel, et il venait de passer à un cheveu de la perdre. Évidemment, il n’était pas assez crédule pour penser que, si les membres de sa famille avaient voulu éliminer miss McKinney, ils avaient pu simplement échouer à cause de son intervention. Non, Enzo n’était pas aussi idiot. Les circonstances leur avaient donné une longueur d’avance, mais ils n’avaient pas agi. Ils s’étaient contentés de la marquer. Pourquoi ? Quel plan était en préparation ? Il avait ressassé ces questions une bonne partie de la nuit, sans parvenir à trouver une réponse satisfaisante.

L’heure n’était pas à la réflexion. Poser son cerveau lui ferait du bien. Et puis, s’il avait amené Alexis dans ce havre de paix que représentait cette maison à ses yeux, c’était bel et bien pour lui offrir un moment de tranquillité. Ses éternelles interrogations n’avaient donc pas leur place ici.

« Tu veux qu’on se laisse porter sans rien prévoir ? », le regard plongé dans celui de la styliste, elle devait très certainement voir au fond de ses prunelles une pointe d’inquiétude. Enzo ne laissait jamais rien au hasard. Il n’était pas un homme de surprise, la spontanéité n’avait pas de véritable place dans son existence, cela ne faisait pas partie de ses habitudes ou de son caractère, mais pour elle, il était prêt à s’y essayer, « Tu vas devoir m’apprendre à lâcher prise. ».

Un petit sourire mutin était venu fleurir sur ses lèvres avant qu’il ne réponde au tendre baiser qu’elle déposa sur ses lips. L’étreinte s’était quelque peu intensifiée, et il avait poussé un soupir de frustration quand elle s’était reculée.

Elle lui parlait de choix cornélien, et si en temps normal cela l’aurait inquiété, présentement, ce ne fut qu’un léger rire qui accompagnait sa réponse, « Si on avait un programme avec un timing précis, tu saurais quoi faire... ». Il la taquinait gentiment, resserrant une nouvelle fois son étreinte après qu’elle se soit blottie contre lui, « Madame la Professeur, il va falloir choisir : vous sustenter ou abuser de moi ? ». Sa voix s’était faite plus chaude alors qu’il mordillait délicatement la peau de sa nuque, ses doigts glissant le long de la colonne vertébrale de la jeune femme jusqu’à aller se déposer sur sa hanche.

Le son caractéristique d’un estomac grondant face à la faim lui fit immédiatement comprendre quelle était la priorité du moment, et il initia le mouvement en s’éloignant, rangeant le désir qui venait de l’assaillir au placard. Elle n’avait rien avalé depuis la veille, et elle devait se nourrir ! Avant cela, il voulait lui faire part d’un présent, et il pointa du doigt le paquet qu’il avait posé sur la commode se trouvant non loin.

Silencieusement, il l’observait se saisir du cadeau pour le déballer. Elle était restée stoïque. Avait-il fait une erreur ? Pourtant, il jurerait que c’était la bonne robe, identique à celle qu’elle avait saccagée le jour de leur rencontre. Il n’avait pas pu se planter à ce point, si ?

Un relevé de sourcil un tantinet snobe et hautain plus tard, et Enzo répondait à la remarque d’Alexis, « Je sais, quatorze pour être exact. ». Le souci du détail l’obligeait à être précis. « Tu as l’air surprise, tu doutais que je puisse mener cette mission à bien ? », il s’offusquerait presque ! Ou pas… Mais il aimait beaucoup trop la taquiner pour ne pas s’engouffrer dans cette brèche qu’elle venait de lui dessiner.

N’anticipant pas la réaction de la brune, il se retrouva allongé sur le lit avec une demoiselle surexcitée le surplombant. Naturellement, il déposa ses paumes sur les cuisses d’Alexis, un air plus que satisfait collé au visage, « Un magicien ne révèle jamais ses tours ! ». L’injonction qui avait suivi lui avait fait papillonner les paupières, puis une de ses paumes s’autorisa à donner une petite claque sur l’épiderme de la brune, « Mon café ?! C’est la meilleure de l’année celle-là. », délicatement, il massa la zone ayant reçu un châtiment bien mérité en ajoutant, « Tu ne le savais pas encore, mais tu étais déjà sous mon charme, il te fallait trouver un moyen de m’accoster. ».

Ce petit jeu, celui concernant leur rencontre, était devenu comme une vieille tradition. Il avait raison. Elle avait raison. Il n’avait rien fait. Elle n’avait rien fait. C’était leur truc à eux. Et ce qui, pour certains, passerait pour de la niaiserie d’un couple amoureux, rendait Enzo heureux.

Cependant, rien ne le mettait plus en joie que de sentir la jeune femme se rapprocher pour happer ses lèvres une nouvelle fois. Mais là encore, ce fut trop court à son goût. Pour autant, il ne broncha pas d’un millimètre quand elle s’installa à côté de lui, préférant la laisser mener la danse. Il ne voulait rien brusquer, pas après ce qu’elle venait de vivre. Car même s’ils semblaient être à des années-lumière des odieuses péripéties traversées, les derniers jours avaient été particulièrement turbulents, et ça, Enzo ne l’oubliait pas. Lui, il en avait l’habitude. Mais elle… À un moment, tout reviendrait comme un boomerang, alors autant profiter de ces instants d’accalmie.

Il l’avait sagement suivi jusqu’à la table sur laquelle trônait le petit-déjeuner, tirant une chaise en arrière pour qu’elle prenne place, « C’est noté, je te prépare ça. ». Le café, c’était son point fort ! En parlant de ça, il allait un peu moins le corser qu’à l’accoutumer. Il déposa du sucre ainsi que du lait près d’Alexis en déposant deux tasses de cet or noir qu’il appréciait tant. Le sien état serré, comme à chaque fois. Plus noir qu’une nuit sans lune et il n’ajouta aucun artifice avant de s’asseoir et d’en boire une gorgée.

« On est au Salvador. Sur une petite île qui fait face à un parc naturel, le Bosque Conchagua. Il y a un petit village à quelques minutes. Les habitants sont très sympathiques, si tu le souhaites, on pourra aller y faire un tour. Je suis sûr qu’ils seront ravis de te montrer un peu de leur art local ou de te faire découvrir certaines de leur coutume. », il avait attrapé une papaye déjà découpée en deux et s’attela à la préparer pour en garnir une assiette, « Sinon, il y a une plage au pied du jardin. Si tu n’as pas peur de quelques marches d’escalier… Je te conseille plutôt de garder ça pour le coucher du soleil, c’est magnifique avec la lumière de fin de journée. ».

Il avait également préparé un peu d’ananas et du melon avant de déposer l’assiette devant Alexis, « Mange un peu, tu as besoin de prendre des forces et le café ce n’est pas nourrissant. ».



« En espagnol dans le texte »

Les dernières heures qu'elle avait vécues étaient éprouvantes. La brune avait tout fait pour garder la tête haute, même quand ce malade s'était amusé à lui graver un F sur la joue. Elle refusait de lui faire le plaisir de croire qu'elle avait peur, et pourtant, au fond d'elle, elle n'en menait pas large. Alexis n'avait pas pour habitude de se faire kidnapper, ni même menacer d'une quelconque façon. Ce type qui était entré chez elle, alors qu'elle pensait qu'il s'agissait d'Enzo, lui avait flanqué la trouille de sa vie. Mais ce qui arrivât après fut moindre, car la brune commençait doucement à comprendre le pourquoi du comment. C'était ça, qui était le plus effrayant : ne pas comprendre, ne pas savoir, se demander ce qu'il va se passer. Avec Aaron, elle avait l'impression qu'il cherchait un moyen de pression sur Enzo, éventuellement des informations, mais elle n'avait pas grand chose à lui raconter et s'il voulait menacer l'italien, il devrait la garder en vie, du moins, c'était ce qu'elle avait pensé et qui lui avait permis de ne pas paniquer. Et puis, Enzo était arrivé et la fin de la journée était un peu embrouillée. Il l'avait emmenée à l'aéroport, elle s'était à moitié endormie sur son épaule le long du vol, ne réalisant même pas vraiment où ils avaient atterri.

Elle s'était réveillée dans un lieu inconnu avec un Enzo aussi peu prolixe qu'à l'accoutumée et qui, pour ne pas changer, avait cru faire au mieux en faisant tout à l'envers ! Cette constatation l'avait fait sourire. En réalité, ça la touchait qu'il soit si précautionneux et qu'il doute autant de lui-même alors qu'elle faisait tout, de son côté, pour le rassurer. Oui, elle aurait aimé qu'il soit auprès d'elle à son réveil, et non, elle ne voulait pas qu'il s'éloigne. Pas du tout. Elle était totalement accrochée à lui, au sens propre comme au figuré, et elle s'étonnait encore qu'il ne l'ait pas compris. Leur relation n'avait rien de simple, mais elle en était dingue. Elle avait hoché la tête,un léger sourire étirant ses lèvres lorsqu'il lui demanda si elle souhaitait se laisser porter. Il lui arrivait de se moquer un tantinet de son côté control freak, un trait de caractère qu'elle avait vite remarqué chez lui, et elle sentait bien qu'il n'était pas à l'aise avec l'idée de ne rien programmer !

Tu vas y être obligé, répliqua t-elle dans un murmure quant à la question de son lâcher prise avant de déposer ses lèvres sur les siennes.

Je n'aime pas que tout soit chronométré, moi, monsieur ! Il se moquait ? Elle pouvait le faire aussi ! Il était clair qu'Alexis était beaucoup plus spontanée que lui, elle vivait davantage dans l'instant même s'il lui arrivait de se questionner quant à l'avenir. Et cela lui arrivait en réalité de plus en plus fréquemment depuis qu'ils étaient ensemble. La brune hésitait...Quitter son lit et les bras d'Enzo pour suivre ce que son estomac lui dictait ou rester là, où elle se sentait bien. Pendant une seconde, elle se remémora cette conversation qu'elle avait eue avec Nate, où il lui demandait s'il lui arrivait d'être heureuse. En cet instant, elle l'était, mais est-ce que cela suffisait étant donné l'épreuve qu'elle venait de vivre et celle qui les attendaient encore ? Un léger sourire amusé était venu se poser sur ses lèvres alors qu'il lui demandait si elle préférait se sustenter ou abuser de lui. La proposition était tentante...Très tentante. D'autant plus qu'il vint lui mordiller la nuque. Mais son estomac la rappela à l'ordre et le fait qu'il lui avait dit avoir un cadeau pour elle l'avait titillée. La brune alla donc voir cela, intriguée. Elle était restée quelques secondes sans dire un mot en découvrant l'étoffe bois de rose parfaitement satinée. Évidemment qu'elle était surprise ! Cette robe existait dans un nombre très limité et elle en avait un exemplaire sous les yeux.

Vu le temps que tu as mis à la trouver, j'avais de quoi douter, non ? Répliqua t-elle avec malice lorsqu'il s'offusqua des doutes qu'elle avait pu avoir avant de se jeter sur lui sans grande délicatesse. La brune se redressa, riant aux éclats, avant de reprendre un air plus sérieux, presque menaçant, lui disant que lui et son café avaient interdiction formelle de s'approcher. Lorsqu'il répliqua sur ce point, la brune fit un sourire angélique, presque innocent...Et bien peu crédible. Il lui avait donné une légère tape sur les fesses et elle avait bien senti sa main qui s'attardait un peu alors qu'il lui disait qu'elle avait craqué dès le premier coup d’œil, ce qui lui fit relever un sourcil.

Tu veux que je sois honnête ? Quand je t'ai vu passer, toutes les filles de la cafétéria étaient tournées vers toi à commenter et ça m'a exaspérée. Cependant...J'avoue avoir reluqué tes fesses... Juste une seconde ! Et puis on s'est croisés, enfin, tu m'as rentré dedans, tu as été imbuvable et je me suis dit que tu serais le prochain nom sur ma liste noire.  

Mauvaise foi ? Oui. L'incident n'était pas la faute de l'un ou l'autre, elle venait des deux ! Mais il était vrai qu'à l'époque, il l'avait particulièrement agacée. Maintenant, elle s'en amusait et elle ne manqua pas de ponctuer la fin de sa phrase par un baiser. La brune avait fini par se redresser, déposant la robe avec soin dans son carton avant d'entrainer Enzo vers le salon où les attendait le petit-déjeuner. Elle était affamée. Elle n'avait rien avalé la veille, se contentant de dormir suite à toutes ces péripéties qui l'avaient épuisée plus mentalement que physiquement. Enzo avait tout préparé à la perfection, comme d'habitude. Et comme d'habitude, elle s'amusa à le titiller en voyant le café, le lait, le sucre et...Ne manquait-il pas un petit quelque chose ?

Où est mon caramel ? Demanda t-elle en tentant de rester sérieuse plus de trois secondes. Elle se mordilla la lèvre, tentant de retenir son amusement. Le latte macchiato caramel était une boisson qu'elle adorait, mais qu'elle prenait avec parcimonie, préférant se limiter à un café classique le matin, voire avec un peu de lait selon l'envie du moment. Elle se doutait qu'après cette demande, il allait sans doute chercher à lui en trouver mais la brune lui attrapa le poignet avant qu'il n'ait le temps de réagir. Elle savait bien qu'il tentait de se faire pardonner pour une chose qu'il ne contrôlait pas et que même dans d'autres circonstances, il serait surement allé lui en trouver, rien que pour lui faire plaisir. Elle lui demanda alors où ils avaient atterri, ses doigts glissant doucement sur les siens avant d'attraper sa tasse. Il évoqua alors les lieux, la populations, leur culture et Alexis avait déjà hâte de visiter ce village qui semblait si passionnant. Elle ne put cependant s'empêcher de sourire lorsqu'il évoqua le jardin et le coucher de soleil.

Tu recommences à planifier... Glissa t-elle, un tantinet moqueuse tout en prenant un morceau de melon.

Je ne connais pas du tout cette région, j'ai hâte de la découvrir...Avec toi. Mais pour l'heure, elle allait dévorer son petit-déjeuner. En cet instant, les choses paraissaient presque normales. Elle était en face de l'homme qu'elle aimait, la discussion était légère, et rien n'aurait pu gâcher cet instant si ce n'était le picotement lié à la plaie qu'elle avait sur la joue et les pensées intrusives qui tentaient de revenir en force. Elle les chassait, autant qu'elle le pouvait. Elle voulait vivre dans l'instant présent, elle voulait lâcher prise et garde cette bonne humeur liée autant aux rayons du soleil qui pénétraient dans cette pièce qu'à la présence de celui qui faisait battre son cœur. Ne pas penser à hier, ni à demain au risque de retomber dans ses angoisses. Ils étaient dans un endroit magnifique, seuls, à l'abri. Que demander de plus ?

Le contrôle. C’est là un mot particulièrement chantant aux oreilles d’Enzo Forzalli. Et pour cause, sa vie entière a toujours été organisée au millimètre près. Plus qu’une manie pouvait être agaçante pour son entourage, c’est une obligation inhérente à son quotidien et à l’univers dans lequel il évolue. Sans cette propension à l’anticipation, personne ne faisait de vieux os dans une organisation mafieuse, encore moins quand on devient dissident. Car si, d’une certaine façon, son nom le protège, il est également le ciment même de ses ennuis depuis sa naissance. Tout ce qui découle de ce patronyme n’a fait que rendre le laisser-aller ou l’imprévu trop dangereux, trop angoissant et trop déconcertant pour leur laisser ne serait-ce qu’une place infime. Alors non, ce n’est pas la première fois qu’on le charrie sur ce trait de sa personnalité, mais, par contre, c’est bel et bien la première fois qu’il a réellement l’intention d’essayer de lutter contre sa nature profonde.

Faire preuve de spontanéité et s’autoriser à vivre sans planification aucune… Ça ne doit pas être sorcier. La simple présence du couple en ce lieu prouve qu’il en est capable ! Dans une moindre mesure, évidemment. N’a-t-il pas fait qu’extrapoler sur le déroulement du séjour depuis son arrivée ? Peut-être. Ok, il l’avoue, il a passé une grande partie de la nuit à réfléchir à toutes les réactions possibles d’Alexis en découvrant qu’il l’avait emmenée dans un coin paumé du globe, qu’elle allait être éloignée de tout et de tout le monde durant plusieurs jours et qu’elle serait seule avec lui. Ses pérégrinations mentales enlèvent sans doute un peu du charme de cette escapade qui lui a semblé être plus que nécessaire, mais ce qui se déroule dans sa tête a le droit d’être légèrement différent des faits, non ?

Il va essayer de se détendre. Après tout, mettre son cerveau sur pause ne lui fera pas de mal.

« Miss Mckinney… Votre non-confiance en moi me déçoit beaucoup. », sa tête se penche sur le côté alors qu’il détaille la robe qu’elle tient entre ses mains avant de reprendre sur un ton sérieux, « Sache une chose Alexis, quand je te dis que quelque chose sera fait, peu importe le temps que cela prendra, ce sera fait. ». Une risette mi-attendrie, mi-amusée, mi-assurée naît sur ses lèvres quand il ajoute, « Pour toi, je suis prêt à soulever des montagnes, alors trouver un morceau de tissu, c’est largement dans mes cordes. ». En réalité, il a vraiment galéré à mettre la main sur cette pièce de créateur, et il lui a fallu verser une somme extravagante pour que l’ancienne propriétaire accepte de la lui céder. Mais il l'a eut.

Lorsque la styliste lui interdit de s’approcher d’elle à l’avenir, quand elle portera cette fameuse robe, il ne peut s’empêcher de surenchérir en souriant, « Je pourrais difficilement faire deux exploits, alors je te préviens, à la moindre tache de café, je vais devoir me mettre à la couture la prochaine fois ! ». Il connaît sa maladresse… Les voilà partis dans cette ritournelle habituelle qu’est le jour de leur rencontre, aucun d’eux ne voulant lâcher l’affaire. Enzo finit par clamer haut et fort qu’il sait parfaitement pourquoi elle a manigancé cette bousculade, et la réponse de la brune lui fait arquer un sourcil, « Juste une seconde, vraiment ? ». Sur l’instant, il a cet air arrogant qu’il revêt régulièrement, puis il glisse une main dans la nuque d’Alexis pour l’attirer un peu plus à lui, gardant simplement son sourire en coin, « J’espère qu’il n’y a pas d’autres noms sur cette liste, sinon je vais devoir me montrer encore plus désagréable pour rester en numéro un ! Je n’ai pas l’intention de céder ma place facilement, j’apprécie beaucoup trop d’être tombé de ce côté de la balance. ». Leurs bouches se rejoignent comme pour sceller ses mots, puis ils abandonnent la chambre pour le salon, suivant les gargouillements du ventre de la belle.

La table du petit déjeuner a été préparée par Mayra, mais pour ce qui est du café, l’Italien lui avait dit qu’il s’en occuperait en temps voulu. Et c’est exactement ce qu’il fait. Cependant, quand rien n’est prévu, tout cafouille ! C’est inévitable. Un oubli, une erreur arrive si facilement sans liste, sans organisation, sans prévoyance.

« Je… Je croyais que le matin, tu buvais ton café sans rien, ou alors juste avec un peu de lait. Je… Il y en a dans la cuisine, je reviens ! », Enzo bafouille, être pris au dépourvu, il n’en a pas l’habitude et ça ne fait pas partie des choses qu’il apprécie. Encore moins quand il espère que tout soit parfait pour faire oublier ses mésaventures à Alexis. Évidemment, lors du trajet jusqu’à l’aéroport de New York, il avait envoyé une liste de courses à Mayra afin de s’assurer qu’il y aurait tout le nécessaire à leur arrivée, alors il y a forcément de quoi faire du caramel dans un tiroir. Un voile de panique traverse ses prunelles quand il sent son poignet se faire délicatement saisir, « Il manque autre chose ? ». Finalement, quand il prévoit la moindre seconde, tout fonctionne bien mieux ! Sans compter que cette histoire de laisser aller le fait devenir totalement transparent, comme s’il avait abandonné son masque en même temps que ses plans…

Elle lui en demande plus sur les lieux, sur là où ils sont, et Enzo soupir légèrement, rassuré de ne pas avoir fait une autre omission. Pourtant, il lui faut quelques secondes avant de s’asseoir pour commencer son explication. Doit-il aller faire du caramel ou non ? Il décide que non, il n’a pas pu se planter autant et oublier qu’Alexis en prend au petit déjeuner ! Alors il entame de lui raconter les environs, les activités possibles, le tout en lui donnant des conseils sur le timing à respecter.

« Ce n’est pas de la planification, juste de l’organisation. », il boit une gorgée de café en lui rendant son sourire. Il sait qu’elle a raison. Et il sait qu’elle sait qu’il sait qu’elle a raison. « Il va me falloir un peu de temps pour m’habituer à cette nouvelle façon de faire. », et pour décompresser aussi. Si tant est qu’il puisse y parvenir.

« Je suis content que tu sois là. », il repose la pomme qu’il vient de commencer à éplucher tout en fermant les yeux, son nez se fronçant sous la bêtise qui est sortie de sa bouche, « Loin de moi l’idée de dire que les circonstances me font plaisir, mais je suis heureux de te faire découvrir ce coin de paradis. ». Il aurait dû lui proposer ce voyage depuis des lustres, il y avait déjà pensé des dizaines de fois sans jamais prendre le temps de s’accorder un peu de répit loin de New York. Cette maison, cette île et toute l’atmosphère qui règne aux alentours sont diamétralement opposées à tout ce qui, habituellement, permet à l’Italien de se détendre, « Ici, tout est calme, apaisant. C’est reposant de s’éloigner un peu de la ville et de trouver plus authenticité en se plongeant dans une culture différente de ce qu’on connaît. Les Salvadoriens sont également très festifs ! Je suis déjà en train de t’imaginer dans une tenue locale à danser sur une musique entraînante. On peut aller au village en fin d’après-midi, apparemment ils organisent une petite veillée et on regardera le coucher du soleil depuis la plage demain. ». C’est Mayra qui lui a parlé de cet événement festif, sans doute qu’elle espérait le voir sortir de sa maison pour retourner à la rencontre des habitants, comme il le faisait régulièrement avant d’espacer de plus en plus ses visites au Salvador depuis de nombreux mois. Croquant dans un quartier de sa pomme, il lève finalement les yeux au ciel en se désespérant lui-même, « Tu vas prendre toutes les décisions durant ce séjour, comme ça, je ne serais pas tenté de faire le moindre planning.».



« En espagnol dans le texte »

Alexis avait un problème, un gros problème... Elle était partagée entre ses émotions, les faits, et ce qu'on pouvait bien lui dire d'un point de vue extérieur. Nate avait accentué ses doutes sur le fait qu'Enzo soit parfaitement honnête avec elle, et puis, il y avait eu cet incident avec ce "Aaron". Si elle n'avait pas tout saisi, cela semblait cependant aller dans le sens de ce que lui avait dit Enzo lorsque, enfin, il avait réussi à se confier un peu. Alors, si ce qu'il avait dit était vrai, c'était à double tranchant. Il y avait, d'un côté, le fait qu'il était réellement honnête avec elle, et ça, ça l'avait rassurée, mais en même temps, cela voulait dire qu'elle avançait dans un terrain miné, en attestait son enlèvement qui, heureusement, ne lui laisserait pas de lourdes séquelles physiques. Psychologiquement, ce serait sans doute autre chose cela dit... Si ce gamin qui voulait tant faire réagir Enzo ne l'avait pas impressionnée outre mesure, le gorille qu'il avait embauché pour s'introduire chez elle, c'était autre chose. Lorsqu'elle fermait les yeux et avait des flashs de cette journée, c'était davantage la sensation ressentie lorsque cet homme avait posé ses mains sur sa taille, et que, pendant un instant elle s'était sentie bien, pensant que c'était Enzo qui lui faisait une surprise. Et puis, une seconde après, ça avait été la panique. Elle avait fuit, elle avait couru, et elle l'avait entendu la suivre. Son cœur battait à tout rompre tant elle avait peur, et puis d'un coup, un choc, et ce fut le noir complet.

Oui, c'était surtout ce moment-là qui l'avait traumatisée, et elle savait que, si ce qu'il avait dit était vrai, cela risquait de se reproduire...Mais en cet instant, seuls tous les deux, loin de tout, elle tenait absolument à chasser ses craintes et ces pensées intrusives. Elle ne voulait pas revenir là-dessus, pas maintenant. Elle voulait oublier, ne serait-ce qu'un instant, le regard glacial de cet homme, ses mains sur elle...Elle en avait des frissons rien qu'à y repenser. Alors, cette conversation, qui paraissait étrangement légère et naturelle au vu des circonstances, elle lui faisait du bien. Le petit sourire espiègle d'Alexis était revenu lorsqu'elle avait découvert la robe de soie rose, argumentant sur sa rareté alors qu'Enzo s'offusquait de son manque de foi en lui. Elle avait lâché un petit rire avant qu'il ne reprenne la parole plus sérieusement, ses mots la troublèrent quelque peu. Elle était peut-être idiote et aveugle, c'était possible, mais en cet instant, il n'avait pas besoin d'en faire davantage pour la faire fondre. Ses mots résonnèrent en elle et lui en rappelèrent d'autres qui avaient sonné comme une promesse pour un avenir meilleur. Pouvait-elle réellement le croire les yeux fermés et se jeter dans cette histoire à corps perdu ou devait-elle garder une retenue ? En tous cas, sur l'instant, elle n'en eut guère beaucoup car elle lui sauta dessus pour aller l'embrasser !

Elle lui interdit alors de réitérer ce titre exploit qui fut celui de tâcher sa robe, cependant, retrouver une robe identique ne serait plus envisageable, alors mieux valait y faire attention. Sa réplique quant à la couture la fit rire et elle répliqua :

Oh, en ce cas tu as de la chance, tu auras une professeure particulière pour te l'apprendre ! Répliqua t-elle avec un sourire amusé, et un tantinet coquin alors qu'elle continuait sur sa lancée, finissant par avouer l'avoir reluqué...Juste une seconde. Chose qu'il ne semblait pas croire un seul instant. Son petit air arrogant si agaçant la fit doucement sourire alors qu'elle le regardait d'un air de dire qu'il pouvait bien jouer les prétentieux, elle n'avouerait pas davantage !

Oh, ma black list ? Si tu savais, elle fait trois kilomètres... Il y a d'ailleurs ta meilleure amie dedans, cette chère Samantha. Quant à toi...Je me demande encore à quel moment tu es passé de l'autre côté de la barrière !

Un baiser finit par sceller cette conversation. En réalité, Alexis n'aurait pas su vraiment dire quand les choses avaient changé, si tant est qu'elles aient changé car après tout, en dehors de cette prise de bec à cause de ce café renversé, chacun de leurs échanges l'avaient beaucoup amusée. Certes, ça l'agaçait également beaucoup, mais cette répartie lui donnait sans cesse envie de répliquer pour avoir le dernier mot, et ça l'électrisait. Kevin s'était moqué d'elle dès le premier jour, ayant parfaitement capté le petit jeu qui s'instaurait entre eux quand elle, elle était encore dans cet état d'esprit à dire que c'était un crétin mal embouché. En réalité, il y avait eu plusieurs moments où ses émotions avaient été chamboulées... Pendant cette pause à l'extérieur alors qu'il fumait sa clope et qu'ils avaient brièvement échangé de façon civilisée, dans cette salle des archives lorsqu'il s'était rapproché d'elle, lui susurrant quelques mots qui avaient eu pour effet que son cœur fasse un bond, ou ce moment où elle avait dû prendre les choses en main pendant ce shooting alors qu'elle se retrouvait perchée au-dessus de lui, les yeux dans les yeux. Des moments comme ceux-là, il y en avait eu plus d'un, et à chaque fois son cœur tambourinait un peu plus fort.

Ils avaient abandonné la chambre pour aller se sustenter et Alexis étant d'humeur taquine, elle lui demanda le caramel pour son café, caramel inexistant sur la table malgré tout ce que l'on pouvait y trouver. C'était fou le contraste qu'il pouvait y avoir quand il "oubliait" de prévoir quelque chose. La situation non contrôlée le stressait plus que de raison et le voir bafouiller l'amusait autant que ça l'attendrissait. Elle avait attrapé son poignet avant qu'il ne commence à chercher ce fameux caramel.

Je le prends noir, oui. Je voulais juste te taquiner un peu, toi qui prévois toujours tout au millimètre...

Il ne faudrait tout de même pas qu'il nous fasse une crise d'angoisse l'italien ! En réalité, le voir ainsi désarmé le rendait très mignon et Alexis aimait beaucoup voir cette facette lui, chose rare vu sa propension à tout préparer. Elle se mit à doucement secouer la tête lorsqu'il réfuta le fait que c'était de la planification. Tête de mule ! Il devait toujours avoir le dernier mot aussi, et dans ce genre de situation, il fallait bien avouer que ça avait un côté amusant. Il finit par lui parler de l'ile, des habitants, de ce qui était prévu...Dans le village en tous cas, puisqu'il finit par se corriger en lui lançant qu'elle déciderait de tout pour cette escapade. La brune se mit doucement à rire en voyant sa tête, finissant par s'esclaffer réellement.

Tu es en train de me dire que je vais avoir le contrôle total sur ce séjour ? Sur nos sorties, ce que l'on va aller voir ou manger ? Et sur toi ?... Son petit sourire se fit un peu plus malicieux en prononçant ces derniers mots alors qu'elle se mordillait doucement la lèvre inférieure. Son esprit commençait à vagabonder.

J'ai hâte de commencer, et au final, c'est peut-être toi qui te trémoussera en tenue traditionnelle...

Tu as agi sur un coup de tête. Toi, Enzo Forzalli, perpétuel organisateur, tu n’as pas vraiment réfléchi avant d’embarquer la jeune femme pour cette échappatoire de quelques jours. Sur le moment en tout cas, tu n’as pas réfléchi. Parce qu'ensuite, durant le trajet ou lors de la nuit suivant votre arrivée, là, ton cerveau à tourné. Tellement que, si ta vie était une bande dessinée, de la fumée serait sortie de tes oreilles. Comme un vieux train à vapeur, les engrenages se sont mis en route dans un fracas alourdissant et il t’a été impossible d’arrêter le mécanisme. Tu t’es demandé comme le séjour allait se passer, quelle serait la réaction d’Alexis. Voulait-elle seulement être seule avec toi ? Après tout, tu lui as fait des révélations étourdissantes il n’y a pas si longtemps, et depuis, tu attends un retour. Et puis, il y a eu ça. Le tragique événement qui t’a poussé à agir ainsi. À agir en totale contradiction avec ton toi intérieur. Tu… Jamais tu ne fais ça, Enzo. Toi, tu penses, tu prévois. Au millimètre. Même elle, le sait. Elle te le dit, elle s’en étonne d’ailleurs.

Non, ce qui l’étonne, ce n’est pas tant votre voyage, ou cela elle ne t’en parle pas, mais plus le fait que tu puisses oublier comment elle boit son café le matin. L’idée d’avoir fait une omission t’inquiète. Ce… Ce n’est pas possible. Effectivement, ce n’est pas possible, « Ce n’est pas très joli de te moquer de moi... ». Pourtant, malgré tes paroles, tu souris. Simplement parce que tu es heureux de la voir ici. De la voir te taquiner. De la voir ne plus penser à la veille.

Tout semble si simple dans cette maison. Tu as soudainement l’impression que tout va bien se passer. Comme si ta vie était différente. Comme si ton existence n’était pas jalonnée de tristesses, de déconvenues et de morts depuis que tu es gamin. Ici, avec Alexis, tu as sincèrement l’impression que tout est possible. Mieux que ça ; tu entrevois presque un avenir radieux à ses côtés. Aucune ombre. Rien que vous deux et votre bonheur. Son rire. Ses fossettes adorables. Votre incapacité réciproque à ne pas avoir le dernier mot. Votre capacité mutuelle à vous montrer butés. Mais surtout, tu aperçois au loin votre amour infatigable. Tu vous vois vieillir l’un à côté de l’autre. Tu te vois être en mesure de lui offrir tout ce qu’elle n’a fait qu’évoquer lors de votre réelle dernière conversation. La maison, les enfants, les joies. Tu veux pouvoir lui tendre tout cela sur un plateau. Tu veux que cet avenir soit le vôtre. Tu… Bon dieu, tu ne lui as rien répondu lorsqu’elle te l’a soufflé, mais cette fille, tu l’aimes. Tu l’aimes au point que, pour elle, tu serais prêt à tout. Tu en es convaincu, Enzo. Tu pourrais tout plaquer si elle te le demandait. Tu prendrais un boulot emmerdant, tu quitterais l’univers sombre et dangereux dans lequel tu gravites depuis tout petit. Mais ça, ce ne serait pas un véritable renoncement. Après tout, tu l’as déjà envisagé - rêver est le mot plus juste - à de nombreuses reprises. Non, pour elle, pour Alexis, tu serais prêt à abandonner toute envie, tout besoin de vengeance. Tu pourrais mettre ton poing dans ta poche. Ravaler les couleuvres qu’on t’a fait gober. Abandonner ta haine et ton dégoût. Cesser de penser à la mort de Vittorio. Cessez de t’imaginer tenant l’arme qui lui fera pousser son dernier souffle.

Il y a tout cela qui virevolte sous ton crâne tandis que tu lui expliques ce qu’il y a faire sur cette île. Alexis a l’art de te faire devenir quelqu’un d’autre, elle t’apaise et fait s’émietter ton masque de froideur, mais ta pudeur reste là. Tu ne lui montres rien de tes pensées les plus profondes. Jamais tu n’évoques avec elle tes noirceurs, jamais tu ne les laisses s’échapper en sa présence. Tes angoisses et tes peurs, tu les gardes pour toi. Tes blessures, tes fêlures, ou tes démons lui échappent. Tu veux la préserver. De ton environnement, mais de toi également. Parce que tu te connais, et puisque tu as cette capacité à ne rien dévoiler de tes plus sombres secrets, tu en profites. Tu lui donnes ce qu’elle souhaite et ce qu’elle mérite : un Enzo sans tourments et un Enzo qui essaie de lâcher prise.

Tu n’aurais peut-être pas dû lui dire qu’elle aurait toutes les cartes en main pendant l’intégralité de votre passage ici… Son petit sourire ainsi que ses mots sont la preuve que tu prends un risque énorme. Alors qu’elle te fait la liste des choses sur lesquelles elle aura le contrôle, ta tête se penche légèrement sur le côté et un de tes sourcils se lèves d’amusant tandis qu’elle demande si, ce fameux contrôle que tu affectionnes tant habituellement, elle l’aura également sur toi. Tu n’es pas apte à baisser entièrement ta garde, ni à te laisser totalement aller, c’est pourquoi il n’y a pas véritablement de rire qui sort de ta gorge à la suite de ses propos, mais plus un sourire réservé et de circonstance, « Tu serais étonnée de voir à quel point il me sied. ». Croquant dans un autre quartier de la pomme que tu viens de préparer, tu fixes la jolie brune sans essayer de camoufler la lueur de malice qui se faufile dans tes prunelles. Peut-être as-tu déjà passé un costume de ce pays, qui sait…

Le petit-déjeuner étant terminé, tu regroupes la vaisselle avant de te lever de table. Te rapprochant de la jeune femme, tu tires doucement sur le dossier de sa chaise puis tu te penches vers elle. Une de tes mains attrape la sienne pour la faire se lever, alors que ta seconde paume se pose sur sa joue, « Je vais m’occuper de débarrasser. Tu n’as qu’à te préparer et ensuite... ». Tes yeux louchent un court instant sur ses lèvres avant de revenir à ses prunelles. Tu allais encore déblatérer un programme ! Il va vraiment falloir que tu apprennes à te taire et à te laisser porter. Une risette en coin prend place à la commissure de ta bouche alors que tu te rends compte de la difficulté que c’est pour toi que de ne pas contrôler chaque seconde qui passe, « Ensuite, tu n’auras qu’à me dire ce que tu veux faire. ». Tu le promets, vous ferrez tout ce qu’elle dira !



« En espagnol dans le texte »

Ce n'est peut-être pas joli, mais c'est très amusant, répliqua t-elle. Elle était tellement habituée à le voir tout contrôler, elle avait vite remarqué cette manie, et parfois c'était un peu agaçant, il fallait bien l'avouer. Si elle même prenait le temps de réfléchir aux différentes possibilités selon les situations, elle restait cependant quelqu'un de spontané, elle ne calculait son attitude que lorsqu'elle était auprès de sa famille et des gens qui entouraient son père finalement. Elle savait très bien porter un masque face à eux et elle avait longtemps revêtu celui de la petite peste pourrie gâtée, sans doute plus pour se protéger qu'autre chose. Parce qu'il fallait donner le change, parce qu'il ne fallait pas montrer ses faiblesses. Alors, tout ça, elle le comprenait mieux que quiconque même si l'univers dans lequel gravitait Enzo était bien différent du sien. En tous cas, c'est ce que l'un et l'autre devait penser, car en réalité, ils étaient sans doute plus proches qu'ils ne l'imaginaient. Que ce soit pour son père ou l'un de ses meilleurs amis, les Forzalli n'étaient jamais loin des hommes de pouvoir ou ayant l'ambition et la capacité d'en avoir. Si ce qu'Enzo lui avait dit était vrai, son ami Nate était en train de s'acoquiner avec des gens qui ne lui apporteraient rien de bon et c'était quelque chose qui la travaillait, mais ce n'était pas le moment d'en parler à l'italien, ils auraient tout le temps une fois rentrés à New-York.

Elle chassa cette pensée intrusive alors qu'ils échangeaient sur le programme de la journée. Oui, le terme était bien choisi car Enzo aimait tout programmer et l'entendre dire qu'il lui laissait la main avait quelque chose d’irréel. Alexis tentait de faire abstraction des évènements de la veille, bien qu'ils viennent polluer son esprit de temps à autre, et si d'aucun aurait pensé qu'Enzo était la cause de cette frayeur, elle, elle préférait croire qu'il n'y était pour rien. Elle le connaissait assez pour se douter qu'il tournait tout ça en boucle dans sa tête, qu'il se disait probablement que c'était de sa faute mais en réalité, elle n'était que le dommage collatéral d'une famille trop ambitieuse qui voulait avoir la main mise totale sur chacun de ses membres. Elle avait eu de la chance que cela n'aille pas trop loin et elle serait bonne pour faire changer ses serrures et les codes et vérifier trois fois qu'elle a bien verrouillé son appartement à chaque fois qu'elle rentrerait chez elle.

Se concentrer sur lui et sur l'instant lui permettait d'échapper un peu à ce qu'il s'était passé. Elle tentait de se projeter sur la journée à venir et lui avait lancé qu'elle aimerait beaucoup le voir en tenue traditionnelle en train de danser. Sa réplique lui mit le doute, d'autant qu'elle ne savait pas véritablement quelle était la tenue que les danseurs pouvaient porter en ces lieux mais elle l'imaginait avec quelque chose de très coloré. La vision avait quelque chose d'étrange et amusant, en décalage total avec le style de l'italien. Voilà qu'il reprenait la parole et elle sentait qu'il était à deux doigts de redonner des instructions, bon sang, ce type aurait dû être commandant dans l'armée ! Il avait pris sa main, poussant son siège pour l'aider à se relever et la brune fit volte-face pour se retrouver près de lui.

Premièrement, si tu commençais par m'embrasser ? Demanda t-elle avec un petit air malicieux alors qu'elle laissait ses mains glisser sur le haut de son torse pour aller se retrouver à l'arrière de sa nuque. Elle finit par poursuivre, dans un murmure un tantinet provocateur : Et ensuite, la journée la plus difficile de ta vie pourra commencer.

Elle s'éloigna, un petit sourire amusé sur les lèvres afin de faire un saut dans la salle de bain. Ils étaient passés prendre quelques affaires avant de s'envoler pour cette destination qui lui était inconnue à ce moment-là, et en sortant de la douche, Alexis se demanda si elle n'allait pas mettre cette robe de soie rose. A la réflexion, elle la garderait pour la soirée si tant est qu'ils repassent par là. S'ils étaient amenés à visiter et à marcher longtemps, voire à aller sur la plage, mieux valait avoir une tenue confortable et oublier les escarpins au passage. Elle opta alors pour un débardeur et un short mais ce n'était pas parce que c'était simple qu'Alexis McKinney ne serait pas maquillée et n'aurait pas pris les accessoires correspondants ! D'autant qu'elle avait eu besoin d'une bonne couche de fond de teint et de blush pour dissimuler les traces de sa mésaventure. Son sourire s'était estompé en voyant la marque dans le miroir, fort heureusement, cela restait superficiel et elle espérait bien qu'elle n'en garderait pas une trace indélébile. Elle s'était appliquée pour faire en sorte que ce soit le moins visible possible comme si le fait de la camoufler leur ferait oublier qu'elle existait et pourquoi elle était là.

Munie de son petit sac banane doré, des lunettes de soleil dans les cheveux, elle revint dans la cuisine où l'attendait l'italien.

Tu es prêt ? Demanda t-elle sans vraiment lui laisser le temps de répondre, attrapant sa main pour l'entrainer vers l'extérieur. La vue depuis la terrasse était à couper le souffle et Alexis resta immobile pendant quelques instants, appréciant la vue et la pureté de l'air marin. Elle inspira profondément, semblant un peu ailleurs avant de reporter son attention sur l'italien.

Hum...Par contre... Je vais quand même avoir besoin que tu guides un minimum, je ne connais pas du tout les lieux, finit-elle par dire en se mordillant légèrement la lèvre. Par où fallait-il partir ? Le village est dans quelle direction ? Elle entrelaça ses doigts aux siens alors qu'ils se mettaient en route. Il était rare de les voir ainsi, comme un vrai couple, l'italien ayant toujours une certaine retenue, une pudeur qu'elle avait du mal à saisir.

Tu sembles bien connaitre les lieux, tu viens ici depuis longtemps ? Lui demanda t-elle alors qu'elle commençait à percevoir un peu de monde au bout de la rue, la musique se faisant peu à peu entendre. Lorsqu'ils arrivèrent, une dame vint à sa rencontre et lui offrit une fleur d'hibiscus qu'Alexis coinça dans ses cheveux tout en la remerciant.

Elle aurait dû t'en offrir une aussi, ça t'irait très bien, lança t-elle avec un petit sourire amusé. Le soleil rayonnait déjà, la météo était bien plus clémente qu'à New-York. La rue était emplie de petite boutiques et d'habitations typiques. Les gens allaient à la rencontre les uns des autres et Alexis avait l'impression d'être dans un autre monde. A New-York, ou même à Paris ou Milan, c'était bien différent, les gens connaissaient à peine leurs voisins. Ils se croisaient sans se voir, sans se parler, là, c'était très différent.

Par contre, tu vas devoir jouer les interprètes, mon espagnol est très limité. Finit-elle par ajouter alors qu'elle observait les différents étals. Elle espérait réellement que le fait d'être dans un autre environnement pourrait l'aider à découvrir un peu plus Enzo, que, pour une fois, en étant loin de tout, il se lâcherait peut-être un peu. Elle, elle n'avait plus de secrets pour lui, ou du moins rien de très important. Mais lui, il restait très mystérieux sur de nombreux points et il lui était parfois compliqué de comprendre ses réactions.