A normal working day or a day with friends ? - Feat Joachim Alavrez - 18+ TW érotique

# Sam 7 Jan 2023 - 20:02

A normal working day or a day with friends ?

Joachim Alvarez & Elena Flores

Les derniers jours avaient été stressants alors même que son infiltration au sein du cartel de Las Chiapas se déroulait à merveille. Elena, ou plutôt Manuela, avait passé le plus clair de son temps dans le laboratoire de l’organisation à préparer différentes drogues afin de fournir de la came de bonne qualité. Elle détestait cela, elle qui avait accepté cette mission pour détruire efficacement ce groupe en accumulant des indices, des preuves, en épiant les faits et gestes des uns et des autres pour les communiquer aux équipes des forces de l’ordre travaillant d’arrache-pied pour démanteler les trafics, elle se retrouvait à jouer un rôle important dans la prolifération de ce qu’elle combattait de toutes ses forces. Pourtant, dès qu’elle concoctait les mélanges, elle était apaisée, comme si le fait de jouer aux apprentis chimistes était l’unique chose réussissant à calmer ses nerfs. Dans ces moments-là, elle cessait de gamberger pour se concentrer sur sa tâche, oubliant presque que ce qu’elle était en train de faire provoquait des morts et détruisait des vies. C’était en quelque sorte son havre de paix dans cette existence alambiquée et tumultueuse qui était désormais la sienne. Son esprit était tourmenté. Non seulement il lui semblait que son objectif de faire tomber le groupuscule s’éloignait, mais il était également évident que sa fausse identité prenait de plus en plus de place sur sa véritable existence. Joachim était parti au Mexique pour une dizaine de jours, lui offrant ainsi une liberté plus importante et lui permettant de retrouver un semblant de vie normale auprès de Zac. Elle aurait pu profiter de cet éloignement pour se rapprocher de son fiancé, pour passer davantage de temps avec lui, pour le rassurer quant à l’année qui venait de s’écouler en partageant de longues soirées en amoureux sans qu’aucun imprévu de dernière minute ne vienne perturber leur tranquillité, mais rien ne s’était déroulé comme prévu. Les images de sa dernière nuit avec le Mexicain hantaient son esprit. Elle pouvait ressentir chaque sensation vécue, chaque baiser échangé, sa peau la brûlait là où les lèvres du brun s’étaient déposées rendant les caresses données plus réelles que jamais. Les soupirs poussés ce soir-là résonnaient encore à ses oreilles, le plaisir engendré par ces dernières lui tordant l’estomac alors que ses yeux parcouraient la grande silhouette du blond partageant sa vie depuis tant d’années. La culpabilité la rongeait, sans doute était-ce pour cela qu’elle s’était montrée distante, presque froide et qu’une belle dispute avait éclatée sans qu’elle ne parvienne à expliquer son comportement. À ce moment-là, Manuela avait ressurgi, comme si elle s’érigeait en protectrice, pour la convaincre que, non, elle n’avait rien fait de mal, qu’elle s’était simplement comportée comment une future épouse inquiète de voir son homme partir en tête-à-tête avec une autre femme alors qu’elle passerait elle-même cette semaine d’éloignement dans les bras d’un autre… Qui d’Elena ou de Manuela culpabilisait le plus ? La question restait encore à ce jour sans réponse tandis que, dans la tête de la laborantine, tout se bousculait. Ses sentiments s’enchevêtraient pour former un sac de nœuds impossible à démêler. Elles se perdaient dans les pensées l’une de l’autre sans parvenir à faire sortir l’une d’elles gagnante. Au final, la seule à remporter la bataille était la fatigue.

« Comment s’est passée la mission ? », la porte d’entrée de l’appartement venait de claquer, lui indiquant que Joachim était de retour à la maison. En réalité, il était rentré depuis plusieurs jours, mais elle n’avait pas eu la force de revenir dans ce cocon représentant leur vie commune alors elle avait trouvé des excuses plus ou moins crédibles pour retarder la confrontation. Ils ne s’étaient que très peu parlé depuis leur dernière rencontre, depuis qu’ils s’étaient rapprochés dans cette piscine pour continuer à tenir leurs rôles, à faire bonne figure devant un voyeur les épiant avant que leurs gestes ne dérapent plus que ce qu’ils n’auraient dû, et lors de leurs quelques échanges, ils n’avaient pas évoqué ce qui s’était passé. Dans l’immédiat, il était l’heure du debriefing professionnel, elle voulait tout savoir de ce qui s’était passé au Mexique, elle avait besoin des moindres détails afin de faire son rapport à ses supérieurs. Sa voix avait été sérieuse sur sa question, elle devait faire preuve de professionnalisme et ne pas montrer le tsunami qui prenait place au fond de son ventre. Mais lorsqu’elle se tourna, les pas dans son dos s’étant stoppés pour lui indiquer que le jeune homme avait terminé de traverser le salon, et que son regard percuta celui de Joachim, elle ne put s’empêcher de se sentir fébrile, légèrement gênée non seulement par la situation mais également parce qu’elle venait de l’accueillir sans un bonjour. « Bienvenue chez toi. Je suis contente de te voir rentrer en un seul morceau. », un sourire sincère se trouvait sur ses lippes tandis que son cœur tambourinait dans sa poitrine rendant sa voix et ses gestes plus fébriles qu’à la normale. Il ne lui avait pas menti, il était revenu abîmé de sa mission, et elle se retint de se rapprocher de lui pour inspecter les quelques blessures visibles. En temps normal, elle l’aurait fait sans hésitation en lui demandant une énième fois si tout allait bien, mais elle resta figea sur place alors que son visage se tordait à présent dans une moue désolé, « Tu as l’air en forme. Relativement en forme. ». Sortant de derrière l’îlot central en tenant une bouteille d’eau tout droit sortie du frigo et deux verres, elle se dirigeait vers le canapé afin de prendre place pour écouter les informations qu’il avait à lui donner, espérant silencieusement que le sujet de leur dernière soirée ne viendrait pas sur le tapis. Manuela, elle, essayait de faire une entrée fracassante dans la tête d’Elena qui faisait de son mieux pour la repousser, chose délicate dès lors que son faux fiancé se trouvait proche d’elles.

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ANAPHORE

# Dim 15 Jan 2023 - 11:32

A normal working day

◊ ◊ ◊

Il était parti dix jours en mission au Mexique avec Nayeli. Les choses avaient été étranges entre eux là-bas. En réalité, Joachim ne s'attendait pas à une révélation que la jeune femme lui avait faite. Au début, il avait simplement pensé que son amie lui jouait un tour à sa façon, après tout, combien de fois dans leurs vies s'étaient-ils amusés à se taquiner ? Tous petits, ils se jetaient des vers des terre ou glissaient des lézards dans le lit de l'autre, ensuite, ils s'étaient bagarrés lors d'entrainement et la brune avait plus d'un tour dans son sac pour réussir à le déstabiliser et à l'avoir par surprise, mais ça, il ne s'y attendait vraiment pas. La discussion avait été assez houleuse, il fallait avouer que Joachim n'avait pas été très délicat sur ce coup-là mais sur l'instant, il avait eu la désagréable sensation d'être considéré comme un objet sexuel, ou en tous cas, un mec qui aurait vraiment peu de moralité. Aux yeux de tous, il était fiancé, et depuis tout ce temps, Joachim s'était bien mis en tête qu'il devait faire attention, n'ayant que quelques relations bien courtes depuis le début de cette mise en scène. Et puis, le rapprochement avec Manuela avait changé les choses. Ils n'en avaient pas parlé, et peut-être qu'il n'y aurait rien de plus que ce dérapage d'une nuit, mais ça avait rendu tout cela un peu plus réel... Il s'était emprisonné dans ses mensonges et ceux-ci commençaient à devenir une réalité.

Si au début, avoir Manuela dans les pattes était loin de l'enchanter, il s'était rapidement habitué à sa présence, voyant en elle un soutien, une amie, une confidente. Et puis, les choses avaient évolué au fil des mois. Il n'avait, lui-même, pas vu venir l'attachement qu'il avait envers la jeune femme. Il ne savait plus trop comment réagir, il était perdu et puis, il y avait eu ces échanges de messages. Dans d'autres circonstances, il aurait ri, autant d'elle que de lui-même en se disant qu'ils jouaient un peu trop bien la comédie et que c'était niais au possible sauf qu'il n'avait plus cette distance qui aurait du perdurer. Il était en train de s'accrocher à quelqu'un qui n'était pas pour lui et qui finirait par l'abandonner à son tour. Mais pour l'heure, il ne pensait pas à ça.

Comme à chaque fois qu'il revenait d'une mission périlleuse, son réflexe avait été de voir son fils. Dissimuler les entailles et hématomes sur son corps n'étaient pas très difficiles, et pour son visage, il avait toujours une bonne excuse. Après tout, ne disait-il pas au gamin qu'il était agent secret ? Quant à April...Elle devait le penser excessivement maladroit. Comment aurait-il pu lui avouer la vérité ? Elle aurait fui...Et il ne verrait jamais son fils. D'un sens, ce serait sans doute mieux. Si elle partait loin de tout ça, il n'aurait plus à s'inquiéter pour eux. Il y avait sans doute une part d'égoïsme dans toute cette histoire car, en ne lui donnant pas toutes les cartes, il préservait le peu de liens qu'il avait avec cet enfant, un lien qui serait sans doute détruit si elle avait connaissance de toute sa vie. Oui, il passait son temps à mentir...A ses amis, à sa famille, au cartel...A tout le monde. Tout le monde sauf Elle. Et c'était apaisant. Lorsqu'il était arrivé à l'appartement, il avait espéré recevoir un accueil un peu plus chaleureux mais la mexicaine avait instauré une distance, posant directement la question du déroulement de la mission. Le boulot, rien que le boulot. Il fut quelque peu désarçonné par cet accueil et resta silencieux alors qu'elle reprenait la parole, s'adoucissant quelque peu.

J'en ai connu d'autres...

En réalité, il avait eu pas mal de chance. Et le fait de se trouver avec Nayeli sur cette mission lui avait probablement évité un aller direct aux urgences, la brune ayant eu, sur le terrain, un réflexe qui lui avait certainement sauvé la vie, ou en tous cas, lui avait évité des douleurs bien plus profondes que ce qu'il ressentait là. Il l'avait suivie dans le canapé, l'atmosphère était étrange, tendue, elle était loin de ce dont il était habitué. Rien ne lui semblait naturel en cet instant.

Tu es si pressée de faire ton rapport ? Demanda t-il avec un petit sourire au coin des lèvres. Il n'avait pas oublié qu'elle était là pour le boulot à la base mais lui, il ne s'était pas limité à ça et il commençait seulement à en avoir conscience. Il s'était rapproché, posant sa main sur celle de la brune alors que son regard cherchait à accrocher le sien avant de reprendre la parole.

On a le temps, non ? Il s'interrompit quelques instants, s'avançant encore davantage alors que sa main libre allait se poser sur sa joue.

Tu m'as manqué... Souffla t-il tout en rapprochant lentement son visage du sien. Il sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine alors que ses yeux se posaient sur ces lèvres pleines qu'il avait le désir d'embrasser.

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A normal working day or a day with friends ?

Joachim Alvarez & Elena Flores

Joachim. Zac. Son infiltration, son travail. Sa vraie vie. Son devoir. Ses sentiments. Ses désirs. Ses envies. Sa raison. Tout se mélangeait. Qui représentait quoi ? Que ressentait-elle pour qui ? Qu’est-ce qui était la réalité et qu’est-ce qui n’était que mensonges ? Aucune de ses questions n’avait de réponses claires, nettes et précises. Doucement, Elena – Manuela – perdait pied. Plus le temps passait, et plus les choses devenaient complexes, rien ne semblait avoir de sens, comme si toute son existence n’était que désordre et illusion. Avec le premier, elle pensait au second, et lorsqu’elle se retrouvait avec le deuxième, elle songeait à l’autre. Pourtant, depuis quelque temps, il n’y avait qu’avec l’un d’entre eux qu’elle parvenait à réellement oublier qu’une autre existence était la sienne. Et lorsque, à tête reposée, quand elle était seule, elle se mettait à réfléchir, elle ne pouvait s’empêcher de se trouver horrible… Son imposture était trop grande pour elle. Comment pouvait-elle se sentir plus sereine en compagnie d’une chimère qu’au côté de celui qui accompagnait ses journées depuis des années ? C’était illogique. Son jeu gagnait du terrain, elle le sentait, et Elena avait peur. Petit à petit, son cœur se déchirait, rendant la moindre de ses pensées à la fois enivrantes et douloureuses. Elle ne pouvait pas, elle n’avait pas le droit de se laisser piéger dans cette fausse relation, mais, parfois, il arrive que la raison s’éclipse au profit du reste. Ce qu’elle ressentait, la jeune femme n’avait aucun pouvoir dessus, et voir le visage tuméfié de Joachim lui rappelait l’angoisse qui lui avait serré les entrailles durant toute son absence, sans qu’elle ne parvienne à savoir exactement si c’était pour son partenaire ou pour son amant qu’elle s’était le plus inquiétée.

Le souvenir de leur dernière rencontre hantant encore son esprit, la policière n’avait pas su comment agir pour ces retrouvailles et avait opté pour un accueil professionnel, se montrant plus froide que ce qu’elle ne l’aurait voulu. Elle s’était rapidement radoucie, sa voix se faisant légèrement hésitante en lui souhaitant la bienvenue, son myocarde s’accélérant lorsque le Mexicain lui indiqua en avoir connu d’autres. Il était né dans un univers difficile, dangereux, et elle ne doutait pas des épreuves par lesquelles il était déjà passé, mais l’entendre rester aussi vague et détaché lui faisait systématiquement bizarre. C’était comme si tout ceci lui passait au-dessus de la tête alors qu’elle, elle avait bien du mal à rester détachée. Se ressaisissant, elle s’était dirigée vers le canapé, déposant de l’eau fraîche et des verres sur la table basse en continuant de l’observer avant de fuir le regard du jeune homme lorsqu’il lui parla de son empressement à faire son rapport. « John attend avec impatience de savoir exactement comment l’opération s’est déroulée, si vous avez rencontré des difficultés et si tu as des informa... », tandis qu’elle avait repris une voix sérieuse et remplit les verres, sa phrase fut coupée par le geste de Joachim. Ses yeux s’étaient déposés sur la main du brun venue se déposer sur la sienne, ce contact la faisant frissonner plus qu’il ne l’aurait dû. Elle s’était redressée, abandonnant son idée de boire pour se redonner contenance mais restant focaliser sur la chaleur recouvrant son épiderme jusqu’à ce qu’elle ne sente une douce pression sur sa joue lui faisant tourner son visage.

Ils avaient le temps, oui. Elle aurait pu répondre ça, cependant les mots étaient restés bloqués au fond de sa gorge tandis qu’elle observait Joachim glisser sur le canapé pour se rapprocher d’elle. Le temps de quoi au juste ? Ses doigts tremblants avaient encerclé le poignet du brun alors qu’à présent, elle se perdait dans les prunelles marron qui lui faisaient face. Puis il y eut cet aveu. Elle lui avait manqué. Et elle sentit soudain le regard du Mexicain brûler ses lèvres, leurs visages se rapprochant, et ses yeux s’étaient fermés tandis que son souffle s’accélérait.

« Tu m’as manqué également... », cela n’avait été qu’un murmure. Peut-être n'aurait-elle pas dû avouer ce fait, mais elle ne voulait pas lui mentir, et dire le contraire aurait été un bobard énorme. Son front se déposa sur celui de Joachim, ses paupières toujours closes alors que sa peau était recouverte de chair de poule. Ce n’était pas le froid qui l’assaillait, bien au contraire, les tourments de ses pensées s’étaient comme envolés dès qu’elle avait pu sentir la pulpe des doigts du brun caresser doucement sa peau, et à son tour, délaissant la prise sur son poignet, elle déposa sa paume sur la joue de son vis-à-vis tout en rouvrant ses yeux, « Je me suis fait un sang d’encre. ». Sa voix était restée faible, à la fois parce qu’elle était hésitante, ne sachant pas réellement si elle devait se dévoiler de la sorte, et parce qu’elle ne souhaitait pas briser ce moment. Manuela hurlait intérieurement, lui ordonnant de combler l’espace les séparant encore pour goûter à nouveau à ses lèvres qui semblaient l’appeler. Elena se contenta de faire glisser délicatement ses doigts sur la mâchoire de Joachim pour descendre dans son cou en s’arrêtant à la lisière du col de son tee-shirt où les prémices d’un hématome étaient visibles, « Comment tu-vas ? Réellement. Ne me dis pas que tout roule si ce n’est pas le cas. ». Elle avait légèrement abaissé le tissu, ne mettant aucune force dans son geste avant que ses phalanges ne se positionnent à l’arrière de la nuque du jeune homme. Elle était tiraillée ; elle devrait s’éloigner, elle le savait, et pour autant, elle restait là, proche de lui à attendre qu’il parle, qu’il se confie, qu’il cesse de garder pour lui ses blessures. Elle était là pour cela aussi, pour le soutenir. En démarrant sa mission, elle avait rapidement compris à quel point il était seul, il ne pouvait être totalement lui-même avec personne et sans doute que, sans qu’elle ne l’assimile, c’était une des raisons qui l’avait fait s’accrocher autant à lui. Accrocher. Elle l’était. Au sens propre comme au figuré à cet instant. Son attachement dépassait le cadre des limites fixées par le lien qui les unissait ; ils n'étaient qu'un job l'un pour l'autre, un moyen d'obtenir des résultats efficacement. Pourtant, leurs agissements à l'heure actuelle n'avaient rien à voir avec leur rôle respectif, ils étaient seuls dans l'appartement leur servant de nid douillet, il n'y avait personne pour les observer, rien ne les forçant à s'enlacer, pas cette fois.

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ANAPHORE

# Dim 19 Mar 2023 - 18:36

A normal working day

◊ ◊ ◊

Ils n'avaient pas parlé de ce qu'il s'était passé avant son départ, ils avaient échangé quelques mots que ce soit par appel téléphonique ou par sms et la brune était restée vague. Joachim lui avait pourtant tendu quelques perches mais il ignorait si c'était le fait d'être à l'écrit ou si c'était la situation dans sa globalité qui gênait la mexicaine car ses réponses, bien qu'elles démontraient une certaine inquiétude pour lui, n'allaient pas vraiment plus loin. Etait-il une fois de plus en train de s'emballer pour une fille qui n'était pas pour lui ? C'était bien possible. Pourtant, en cet instant, alors qu'ils étaient seuls et que rien ne les forçait à tenir un rôle quelconque, le naturel semblait faire en sorte qu'ils se rapprochaient doucement. Le premier abord froid de la jeune femme l'avait fait douter, est-ce qu'elle regrettait cette nuit qu'ils avaient passée ou craignait-elle sa réaction après ces dix jours éloignés ? Peut-être ne savait-elle pas, elle non plus, sur quel pied danser après tout. Ils avaient tous deux le même problème : ils étaient en train de donner une autre dimension à une relation qui aurait du être purement professionnelle. Si pour lui, le problème de s'attacher à elle pouvait lui faire prendre de plus grand risque dans ses missions, la concernant, c'était différent. Il ignorait encore que la jeune femme était déjà liée sentimentalement à un autre et qu'un mariage avait même été prévu. Un vrai mariage. Pas comme le leur qui avait été monté de toutes pièces à la fois pour noyer le poisson et pour protéger Manuela en lui donnant le nom des Alvarez et un statut qui la rendrait intouchable, en tous cas, au sein même du cartel. Joachim lui avait dit qu'ils avaient bien le temps pour un rapport détaillé de sa mission, en réalité, même s'il avait pu dormir un peu, il était épuisé. Il s'était sorti de cette aventure de justesse et il ne pouvait que remercier le ciel d'avoir emmené Nayeli avec lui. Dans le cas contraire, il n'était pas dit qu'il serait là, face à cette jeune femme, à tenter de lui faire croire qu'il ne s'était rien passé d'extraordinaire. Mais le pire, c'était que pour lui, c'était le cas. Ce genre de choses étaient une routine dès lors que l'on mettait le pied sur le territoire mexicain. Il s'était rapproché, posant sa main sur celle de la brune, ce qui la fit s'arrêter dans son élan.

Je vais la faire courte alors : On n'a pas réussi à récupérer la cargaison. Notre filature a foiré, ils nous avaient repérés et nous ont entrainé dans une embuscade. On a cependant réussi à s'en sortir en vie et entiers tous les deux. Fin du rapport, je ne suis pas sûr que ça l'intéresse réellement de savoir tout ce qu'il y a pu se passer et les problèmes que l'on a avec le cartel du Golfe.

Il avait esquissé un sourire, il se doutait bien qu'elle ne se contenterait pas de si peu, mais pour l'heure, Joachim n'avait pas envie de s'étendre là-dessus. Il avait reçu quelques sales coups, il avait été blessé et il était épuisé tant physiquement que moralement après tout cela, alors, c'était bien la dernière chose dont il avait envie. En réalité, il avait cru rentrer dans un appartement vide, qu'il avalerait un bol de céréales et irait s'étaler sur son lit sans même prendre le temps de passer dans la salle de bain tant il était épuisé. Ses doigts étaient allés effleurer la joue de la mexicaine et elle s'était lentement rapprochée de lui jusqu'à ce que leurs fronts se rejoignent. Fermant les yeux quelques instants, il eut un fin sourire lorsqu'elle lui annonça qu'il lui avait manqué, faisant s'accélérer quelque peu son rythme cardiaque.

Je ne pensais pas que tu serais là ce soir...

Lorsqu'il rouvrit les yeux, elle lui avoua s'être fait un sang d'encre et le brun fut touché d'une telle révélation. Il crut pendant un instant qu'elle allait parcourir les quelques centimètres qui les séparaient pour l'embrasser mais au lieu de cela, ce sont ses doigts fins et graciles qu'il sentit effleurer sa mâchoire, glissant lentement dans sa nuque jusqu'au col de son tee-shirt, générant un frisson dans leur sillage. Elle ne manqua alors pas de remarquer les traces laissées sur sa peau, à peine recouvertes par son tee-shirt.

Un petit accident de voiture, la ceinture de sécurité a laissé quelques traces, ce n'est rien de plus.

Un petit accident de voiture... En réalité, le véhicule avait quitté la route suite à une explosion et, il fallait bien l'avouer, il avait eu du mal à se sortir de là mais ils n'avaient pas eu le temps de réfléchir et de s'apitoyer sur les douleurs qui irradiaient de leurs corps, ils avaient dû reprendre rapidement leurs esprits afin de sortir du véhicule et fuir les hommes qui en avaient après eux. Il avait eu une blessure à la tête dans cet accident, la ceinture lui avait laissé de jolis hématomes et sa jambe droite avait violemment cogné dans le tableau de bord, ce qui l'avait pas mal handicapé dans sa fuite mais dans ces moments là, on ne pense pas réellement à la douleur. On pense à sa survie. A son coéquipier qui doit rentrer entier lui aussi. Une fois de plus, il avait eu de la chance, il le savait, et surtout, il était accompagné d'une des meilleures quand il s'agissait de pointer un flingue et de viser juste. Une chance pour lui.

J'ai mal un peu partout, je suis épuisé et je boite encore après avoir réussi à me ramasser, tout seul comme un grand en plein milieu de la jungle alors qu'on se faisait canarder. Je dois le fait d'être là à Nayeli qui a eu un très bon réflexe et qui sait viser mieux que personne. Mais je doute que John veuille réellement connaitre tous les détails de mes blessures, n'est-ce-pas ? Finit-il par glisser un ton plus bas, se rapprochant encore un peu plus d'elle jusqu'à poser ses lèvres sur les siennes. Ce baiser était quelque peu timide, il ignorait si elle allait le lui rendre ou si elle allait le gifler pour lui remettre les idées en place. Après tout, il ne savait pas où ils en étaient, et sans doute qu'une conversation devrait s'imposer. Détachant lentement ses lèvres des siennes, il finit par ajouter :

Tu sais quoi ? J'aimerais que pour une fois, on se fasse une sortie sympa, loin de tout ça et qu'on laisse le cartel derrière nous. Juste une journée. Demain, si tu le veux bien...Partons juste sans objectif précis et laissons nous porter, comme si tout cela n'avait aucune importance.

Il avait beau sourire, il avait du mal à cacher son épuisement. La fatigue psychologique était visible depuis déjà quelques temps à quiconque prenait la peine de chercher un peu, mais après cette énième épreuve, le corps ne suivait plus non plus. Il avait besoin d'un peu de repos, de se changer les idées, d'oublier l'espace d'une journée qui il était. Qui ils étaient.

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# Jeu 23 Mar 2023 - 20:13

A normal working day or a day with friends ?

Joachim Alvarez & Elena Flores

Assise sur ce canapé, dans ce salon qui lui semblait à la fois familier et totalement étranger, Elena ne savait pas qu’elles devaient être ses réactions. Elle n’avait aucune foutue idée de la démarche à suivre, et, en réalité, elle ne parvenait même pas à savoir ce qu’elle voulait. Avant le départ de Joachim pour le Mexique, ils s’étaient rapprochés. Beaucoup. Trop. Ils avaient franchi une limite qu’aucun membre infiltré ne devait franchir avec son coéquipier. Si cette règle établie était de rigueur, ce n’était pas pour rien, car tout se compliquait dès lors qu’une relation plus que professionnelle s’établissait entre deux personnes devant travailler ensemble. Mais dans son cas, c’était doublement délicat. Il y avait sa mission, et il y avait Zac. Petite précision, c’était triplement délicat. Il y avait également ses sentiments. Pour l’heure, il lui était difficile de parvenir à les comprendre, sans doute essayait-elle également de tuer dans l’œuf ce qu’elle sentait poindre. Elle aurait voulu réussir à faire taire ce sentiment grandissant, celui faisant battre son cœur si vite qu'elle en avait le souffle coupé. Elle aurait dû parvenir à faire le tri, à se convaincre que l’égarement ayant eu lieu dans la piscine de El Jefe n’était que cela. Mais les faits étaient là, et en dix jours de temps, elle n’était pas parvenue à faire le point sur ce qui s’était passé. Ses pensées s’embrouillaient dès lors qu’elles se tournaient vers cette soirée, comme si les images qui défilaient dans son crâne n’étaient présentes uniquement pour lui rappeler à quel point Joachim parvenait à la bouleverser. Avant que leurs corps ne s’unissent ce soir-là, elle n’avait pas pris conscience de l’attachement qu’elle avait pour lui. Et désormais, elle était incapable de ne plus y songer. L’ambiance désastreuse qui avait régné dans son propre appartement durant l’absence du Mexicain ne l’avait pas aidé, la tenant éloignée de son véritable futur époux sans qu’elle ne parvienne à se dire qu’elle était en train de faire une belle connerie. Les disputes s’étaient enchaînées, à un point tel qu’elle était même venue se réfugier entre ces murs à plusieurs reprises. Ses disparitions étaient allées jusqu’à inquiéter Zac qui avait déposé des dizaines de messages sur son répondeur tandis que, un soir, elle n’était pas rentrée. La fatigue de leurs engueulades à répétition et de ses questionnements intérieurs avait remporté la bataille, et elle s’était assoupie dans le lit de la chambre d’amis. Elle était l’unique responsable de ses tourments, elle le savait. À aucun moment la jeune femme n’avait envisagé que son nouveau travail puisse venir empiéter autant sur sa vie, sur son cœur, sur son âme.

Bien que la tâche lui semblait impossible tant elle avait essayé en vain, elle devait se ressaisir, et rien de mieux pour cela que de se concentrer sur la mission. Elle questionna donc Joachim sur l’opération menée au Mexique, prétextant que son superviseur voulait avoir le plus de détails possible alors même qu’il ne désirait que les points pertinents. Le brun lui fit remarquer qu’il s’étonnait du besoin impérieux de son supérieur de connaître les tenants et les aboutissants de la guerre entre Las Chiapas et Le Golf. Elena martyrisa alors sa lèvre inférieure, persuadée qu’il avait saisi sa tentative de noyer le poisson. Que craignait-elle au juste ? Qu’ils évoquent ce qui s’était passé avant le départ du jeune homme ? Ce n’était pas le moment d’en parler, pas alors qu’elle était à fleur de peau, cette dernière se recouvrant de chair de poule en sentant celle du brun entrer en contact avec la sienne. Ses paupières s’étaient fermées comme pour savourer l’instant, et c’est avec les yeux toujours clos qu’elle se rapprocha, son front se déposant sur celui de son voisin tandis qu’elle lui révélait une douce vérité, faisant écho au propre aveu du jeune homme quelques secondes plus tôt. Il lui avait manqué.

Sa respiration s’était accélérée lorsqu’il lui dit tout bas qu’il n’avait pas envisagé qu’elle serait là en passant la porte. Sur le coup, elle ne put s’empêcher de penser qu’elle s’imposait peut-être et qu’il devait avoir besoin de tranquillité après ses terribles aventures, puis elle avait rouvert les yeux pour se perdre dans les siens, « Je voulais simplement m’assurer que tu étais bien rentré. ». Dans un murmure, elle lui confia s’être particulièrement inquiétée pour lui. Elle avait eu que très peu de ses nouvelles durant son absence, et son angoisse avait grimpé en flèche, ne descendent nullement en voyant les hématomes recouvrant son épiderme.

En entendant le mot accident, elle crut vaciller, sa mâchoire tressautant légèrement. Ce n’était pas juste, rien de ce qu’il devait traverser et endurer ne l’était. Elle aurait voulu trouver des paroles réconfortantes à lui dire, mais il continua son récit, comme si c’était à lui de la rassurer. L’entendre lui expliquer comment il s’était sorti de ce cauchemar était étrangement réconfortant. En fait, c’était peut-être le simple fait d’être bercé par sa voix qui l’était. Il lui indiqua que sa survit ne tenait qu'à l’intervention de son amie, Nayeli. Sous ses paroles, la demoiselle s’était maudit intérieurement de l’altercation non prévue avec cette dernière ayant eu lieu l’après-midi même, puis un petit rire nerveux s’échappa de sa gorge à la question de Joachim. La réponse était pourtant évidente, « Lui non. Mais moi j’ai besoin de savoir que tu vas bien. ». Plus rien ne semblait exister en cet instant. Il n’y avait que lui. Il n’y avait qu’elle. Et quand il déposa doucement ses lèvres sur les siennes, il n’y avait plus qu’eux. Ses doigts s’étaient crispés sur le col du tee-shirt qu’ils maintenaient encore, ses ongles éraflant sans qu’elle ne s’en rende compte la peau déjà abîmée du brun avant que son poing ne se desserre pour s’apposer délicatement sur son torse. Ce fut un baiser de surface, sans doute aurait-elle dû le stopper, mettre un terme à ce si délicieux rapprochement, mais elle n’en fit rien. Elena ne bougea pas d’un pouce, se refusant à briser ce moment alors même qu’une petite voix lui hurlait de se lever, d’avoir cette conversation nécessaire et obligatoire qui mettrait fin à ce qui n’avait même pas encore réellement débuté entre eux. Elle en était incapable, comme si elle était pétrifiée rien qu’à cette idée.

Lorsque Joachim reprit la parole, un sourire vint fleurir sur son visage. La proposition qu’il lui faisait était alléchante. Tout laisser derrière eux, remettre à plus tard leurs obligations et leurs devoirs pour s’autoriser à vivre sans ce poids qui les ensevelissait. Il semblait exténué, ça crevait les yeux. Ce n’était pas nouveau, Elena avait remarqué cette fatigue depuis bien longtemps sans jamais aborder le sujet. Elle ne se pensait pas légitime, néanmoins, elle n’avait pas été dupe de la lassitude qu’elle voyait chez lui. Ses mains s’étaient jointes à l’arrière de sa nuque avant de sourire tendrement, « Une journée rien qu’à nous. Pas de cartel, pas de boulot. On fera ce que deux personnes de notre âge font quand ils décident de s’octroyer un peu de temps. C’est d’accord. ». Vingt-quatre heures de sérénité, ils pouvaient se les accorder. Joachim en avait besoin, c’était évident. « Avant ça, tu dois te reposer. Je vais te faire couler un bain chaud et ensuite je te propose de t’endormir pour une longue nuit d’au moins douze heures de sommeil. De toute façon, je ne te laisse pas le choix, tu obéis, un point c’est tout. », son index s’amusait avec une boucle brune avant qu’elle ne se lève pour se diriger vers la salle de bain. Elle allait s’assurer qu’il mange un bout avant de se prélasser tranquillement, et une fois qu’il se serait endormi, elle rejoindrait son chez elle. Ça, c’était la théorie, parce que dans les faits, la jeune femme avait rejoint les bras de Morphée dans la chambre qu’elle occupait lorsqu’elle devait rester dans cet appartement, et ce, avant même que Joachim ait rejoint son propre lit.

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A normal working day

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Joachim était revenu épuisé de cette "escapade" au Mexique. Cette fois, il avait véritablement eu peur. Il avait bien cru qu'il ne reviendrait pas sur le territoire américain en vie. Il avait eu une chance insolente lorsque les choses avaient commencé à déraper. Une explosion, un accident de voiture, une Nayeli à moitié dans les vapes. Malgré la douleur, il avait réagi vite, les sortant de là et lorsque la brune avait recouvré ses esprits, c'était elle qui leur avait sauvé la mise. Elle n'était pas un des meilleurs bras armés du cartel sans raisons, mais à deux contre presque dix hommes, il fallait bien avouer que les choses avaient été difficiles et c'était de justesse qu'ils s'en étaient sortis. Plus le temps passait et plus il prenait de responsabilités au sein du cartel, et plus tout cela le révulsait.

Être élevé dans cet univers avait laissé des traces, quand bien même il fasse tout pour être cette personne qu'il espérait devenir un jour. Il restait sanguin, méfiant, hyper-vigilant et il pouvait aisément déraper dans une certaine forme de violence. Il luttait contre cette part de lui, cette noirceur qu'il détestait. Lui, il voulait une vie simple, en paix. Combien de fois avait-il rêvé s'envoler pour disparaitre à l'autre bout du monde et avoir une vie paisible ? Une vie où Joachim Alvarez n'existait plus, où le cartel ne faisait pas partie de son quotidien, et où il vivait une vie normale, tout simplement. Il y avait tant de belles choses à voir en ce monde, tant de choses à vivre mais il passait à côté. Son premier réflexe en rentrant avait été d'aller chez April afin de voir son fils. Les rencontres avec la rouquine étaient de plus en plus tendues. Elle lui reprochait son manque d'investissement auprès de son fils, et lorsqu'il débarquait ainsi, salement amoché même s'il en dissimulait un maximum, elle ne pouvait que l'interroger. Il donnait des excuses bidons, encore et toujours, et il voyait bien qu'elle ne le croyait plus. Mais que pouvait-il lui dire ? La vérité ? Pour sûr qu'elle aurait fui à l'autre bout du pays en lui interdisant d'approcher son fils, et en ce cas, comment réagirait-il ? Le mieux, pour Jarod, serait sans doute qu'il accepte la décision de sa mère, qu'il s'éloigne une fois pour toutes, mais en réalité, il s'était déjà demandé plus d'une fois quelle aurait été a réaction, et à chaque fois qu'il l'imaginait, il ne parvenait pas à voir une issue favorable.

La colère qu'il avait en lui ne cessait de grandir. Une colère contre cet univers, ce cartel, contre son père mais également contre lui-même car après tout, ce double-jeu, ce merdier dans lequel il se trouvait, la distance instaurée avec son fils, tout cela, il l'avait décidé. La frustration, la peur...Tout cela n'aidait en rien à l'apaiser et chaque moment un peu plus calme, un peu plus doux était bon à prendre. Le besoin de se libérer de ce monde se faisait de plus en plus présent, mais lui semblait également plus lointain que jamais. En cette soirée, la lassitude prenait le dessus. Après une énième prise de tête avec la mère de son fils, il avait juste besoin de repos, et surtout de cesser de penser, chose fort peu aisée pour lui. Il savait qu'une fois dans son lit, il passerait son temps à se retourner, à ressasser tout ça, jusqu'à ce que l'épuisement prenne le dessus.

C'est avec une surprise non feinte qu'il avait remarqué la mexicaine en rentrant chez lui. L'accueil ne fut cependant pas fort chaleureux et pour être honnête, Joachim n'avait pas envie de se prendre la tête et de se battre une fois de plus. Il s'était assis, restant particulièrement concis mais il ne résista pas longtemps à l'envie de caresser sa peau, lui murmurant qu'elle lui avait manqué. Il lui avait donné peu de nouvelles pendant cette mission, parfois par manque de temps, mais aussi pour ne pas se déconcentrer. Ils avaient un objectif et penser à Manuela ne l'aurait guère aidé à l'atteindre. Dans tous les cas, cette mission était foirée, mais au moins ils étaient en vie. La brune s'était quelque peu détendue, répondant que la réciproque était là et il avait surenchéri sur le fait que son patron ne devait pas faire grand cas de son état de santé. Il n'avait pu s'empêcher de sourire bêtement à la réplique de la brune, se rapprochant encore un peu plus d'elle jusqu'à ce que leurs lèvres se trouvent. Le baiser était léger, presque chaste, comme s'il craignait de commettre un impair. Il avait envie, non, besoin d'un moment plus léger, loin de tout ça. Il évoqua alors l'idée de s'enfuir pour 24 ou 48h, de tout laisser derrière eux pour juste...Vivre. La brune sembla trouver la proposition tentante, ce qui accentua son sourire. Rien n'était prévu, et il ignorait tout de ce qu'ils feraient mais cela n'avait aucune importance.

Alors sois prête à 9 h et...On verra où le vent nous mène.

Il aurait le reste de la soirée pour penser aux différentes éventualités, mais pour l'heure il avait surtout envie de se remplir l'estomac et de s'allonger mais la brune reprit la parole. Il la regarda alors d'un petit air malicieux, son sourire se faisant plus amusé, plus coquin.

C'est qu'on est autoritaire...Ce n'est pas pour me déplaire. Cependant...Puis-je émettre une requête ? Car je n'obtempèrerai sagement qu'à cette condition.
Il resta silencieux quelques instants avant de reprendre, un ton plus bas tout en rapprochant ses lèvres de son oreille : Ce bain...Tu vas m'y rejoindre j'espère.

Il la regardait s'éloigner vers la salle de bain, il savait qu'il ne devait pas faire ce genre de choses, qu'il était préférable, pour lui comme pour elle, de garder une relation purement professionnelle, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Les choses avaient changé, il ne la voyait plus comme une collègue, ou la complice d'un coup monté. Et à présent, tout cela allait rendre la situation encore plus compliquée...

Lendemain matin, 9 h tapante.

Manuela était encore dans la salle de bain à se pomponner quand lui, il était déjà prêt à filer. Il s'était endormi rapidement, d'un sommeil profond. Ce voyage l'avait mis réellement KO, et il n'avait pas fallu le pousser bien longtemps pour qu'il rejoigne son lit. Il s'était glissé derrière elle alors qu'elle terminait de s'apprêter et il posa ses mains sur sa taille, les descendant lentement vers son ventre alors qu'il la regardait à travers le reflet du miroir. Son nez vint effleurer le crâne de la jeune femme alors qu'il lui posait LA question de la journée :

Tu as réfléchi à ce que tu voulais faire ? On a plusieurs options. Ma voiture reste trop souvent au garage alors c'est possible si tu veux quitter New-York et t'engouffrer dans la campagne environnante. Sinon, on a dans le port un petit yacht qui n'attend que nous.

(c) oxymort

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A normal working day or a day with friends ?

Joachim Alvarez & Elena Flores

Se tenir éloignée. Garder ses distances. Voilà ce qu’elle aurait dû faire. Mais non, bien entendu, elle s’était approchée pour prendre place sur le canapé, s’asseyant juste à côté de Joachim. Il avait été loin d’elle trop longtemps pour qu’elle n’apprécie pas son retour. Elle s’était inquiétée pour lui, et le lui dit. Elle avoua également qu’il lui avait manqué, le sourire du brun s’agrandissant sous cette déclaration lui faisant étirer ses lips dans une mimique similaire.

Si Manuela avait été réelle, si ce personnage n’était pas monté de toutes pièces, la scène qui se jouait actuellement aurait été adorable. Ce tableau ressemblait aux prémices d’une jolie histoire pourtant tout était beaucoup plus compliqué. Il y avait du vrai, dire le contraire serait un beau mensonge au vu de ce qu’elle ressentait tandis qu’il venait délicatement caresser sa peau. Cependant, il y avait également d’énormes omissions qui faisaient de ses émotions un méli-mélo insoluble et fatigant. Il arrivait à la Mexicaine de ne plus savoir qui elle était. Pire encore, elle ne savait plus qui elle voulait être et avec qui elle voulait être. Ses pensées étaient constamment embrouillées, son cerveau tournant en boucle à chaque seconde alors qu’aucune parcelle de sa vie n’était protégée de ses tumultes intérieurs.

Sans doute est-ce pour cela qu’il ne lui fallut pas longtemps pour accepter la proposition de Joachim. Ils méritaient tous les deux de s’octroyer une parenthèse loin de leurs obligations, et ainsi, peut-être qu’elle parviendrait enfin à comprendre ce qu’elle désirait vraiment. Ou pas… Ne devrait-elle pas plutôt tenter de recoller véritablement les morceaux dans sa vie d’Elena plutôt que dans celle de Manuela ? Si. Elle devrait. Mais, finalement, l’envie de partager un moment tranquille et serein avec Joachim était présente, et elle n’avait pas le coeur de se le refuser.

Elle s’était contentée d’opiner du chef pour valider l’heure de départ proposée pour le lendemain matin, puis elle enchaîna rapidement sur le programme des heures à venir. Son faux fiancé avait besoin de se prélasser, de se détendre, de ne s’occuper de rien pour se remettre de l’épreuve qu’avait été son voyage au Mexique, alors elle lui expliqua ce qu’il allait faire. Ses mots sonnaient comme un ordre, et d’ailleurs, elle était prête à le forcer à prendre soin de lui s’il le fallait. Seulement… Elle ne s’attendait pas à ce qu’il réplique. En tout cas, pas comme il s’apprêtait à le faire.

Ses joues commencèrent à chauffer légèrement tandis qu’il lui fit savoir que son autorité soudaine lui plaisait, « Je t’écoute, quelle est cette condition ? ». Mais avant qu’il n’ai le temps de répondre, elle leva son index tout en souriant malicieusement, « Si ta demande est démesurée, je n’aurais aucun scrupule à user de la force. ». Sa petite mise en garde était ridicule, Elena était un véritable poids plume et elle ne ferait jamais la différence avec un jeune homme aussi entraîné que lui…

Lorsqu’elle sentit le souffle de Joachim s’échouer sur sa nuque tandis qu’il lui murmurait son souhait pour ce bain qu’elle allait lui préparer, elle se figea. Ses muscles se tendirent, ses yeux s’agrandirent et sa bouche s’ouvrit pour se refermer plusieurs fois de suite sans qu’aucun son n’en sorte. Les images de leur dernière conversation lui revinrent en mémoire, et elle aurait mis ses deux mains à couper que son épiderme était bouillant malgré les frissons qui le recouvraient à présent.

« Pour le savoir, il va falloir te soumettre à ma proposition sans rechigner... », chassant ses souvenirs de son esprit, ce fut naturellement que la réponse lui vint. Elle se leva sans rien dire de plus, se dirigeant simplement en direction de la salle de bain pour faire couler l’eau. En arrivant dans la pièce, elle prit une grande inspiration avant de fuir l’endroit après avoir rempli sa mission afin de s’atteler à la suivante : préparer un repas rapide et consistant pour l’estomac du brun.

Elle avait abandonné sa tâche à plusieurs reprises, se positionnant face à la porte de la salle d’eau en déposant sa main sur la poignée. Hésitante, elle avait même abaissé la clenche à une ou deux reprises avant de s’éloigner tout en continuant à fixer la porte jusqu’à ce qu’elle ne décide de terminer de dresser l’assiette qu’elle installa à table avant d’aller s’endormir dans la chambre qui lui était allouée alors que, normalement, elle ne devait qu’y récupérer ses affaires pour rentrer chez elle.

Le lendemain matin

Elle avait dormi d’un sommeil lourd et profond durant les premières heures, emportée par la fatigue, son corps avait sombré sans demander son reste. Puis, elle s’était tournée et re retournée dans les draps de six à huit heures du matin. Extrapolant sur la journée qui allait se dérouler, elle avait imaginé mille et un scénarios possibles avant que son cerveau lui rappelle l’oubli qu’elle avait fait la veille au soir. Enfin, elle s’était levée, attrapant son téléphone en se souvenant qu’un joli blond avait dû s’inquiéter pour elle. Elle avait pianoté un long message d’excuse, prétextant un boulot monstrueux et une sieste s’étant éternisée – comme beaucoup ces derniers temps – dans son laboratoire. Encore une fois, tout n’était pas faux, et tout n’était pas vrai. Ce n’était là qu’un assemblage de réalités tournicoté avec un peu de roman-fiction. Son texte avait été écrit et effacé plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle éteigne le mobile et qu’elle le mette dans le sac qui la suivrait pour cette journée. Le mettre en sourdine était comme une métaphore : laisse cette vie de côté le temps de profiter de celle que tu vis actuellement. C’est ce qu’elle fit, se glissant tranquillement dans la peau d’une autre, ou dans la peau de celle qu’elle était réellement. Allez savoir qui de Manuela ou d’Elena était la plus réelle finalement…

De retour dans la salle de bain, elle avait observé la baignoire quelques secondes, son esprit vagabondant sur ce qui se serait passé si elle avait franchi cette porte la veille, avant de se positionner face au miroir pour se maquiller. Aujourd’hui, elle ferait léger ! C’était un air de vacances qui flânait autour d’elle, sa robe légère en était la preuve et elle n’allait pas passer des heures à se préparer. Elle voulait profiter le plus rapidement possible de ce temps qu’ils s’offraient.

Elena avait une nouvelle fois suspendu ses gestes en sentant le Mexicain derrière elle. Le reflet que lui renvoyait le miroir lui permis de voir les mains du jeune homme glisser sur elle, ce rapprochement la faisant frissonner. Comme si son corps ne pouvait pas s’empêcher de réagir à son contact… Pour se ressaisir et ne pas penser à cette promiscuité qui l’enivrait un peu trop, elle prit le temps de terminer d’appliquer correctement son mascara avant de se retourner pour faire face au jeune homme, un sourire aux lèvres.

« Je vote pour le bateau. On sera vraiment tranquille au milieu de l’océan et en plus je viens de mettre du waterproof, c’est un signe ! », là-bas, ils étaient sûrs de ne pas avoir à craindre que des oreilles trop curieuses ne les écoutent, ils pourraient parler de ce que bons leur semblent. Ils pourront être eux-mêmes, véritablement. L’un comme l’autre avaient grand besoin de s’éloigner de cette réalité.

Vraiment ? Pourrait-elle être elle-même ? Pour cela, encore faudrait-il qu’elle se livre entièrement. Une conversation s’imposait, elle devait impérativement dire à Joachim ce qu’il en était de son autre vie, de sa vie en tant qu’Elena. Cette duplicité la bouffait. La jeune femme s’était fait prendre dans le piège de la double identité sans même s’en rendre compte… Son coeur balançait entre ses deux existences, sa raison lui hurlant une chose, ses sens le contraire tandis que sa tête tentait vainement de faire le tri.

« Je dois avoir un maillot de bain qui traîne dans un placard. Tu t’occupes de prendre la crème solaire ? Il faut qu’on se prépare des sandwichs pour ce midi, et une bonne playlist pour le trajet. », elle le regardait droit dans les yeux en faisant la liste de tout ce qu’il leur restait à prendre et à faire avant de pouvoir partir, son enthousiasme quant à cette journée débordant pour chasser les questions intérieures qui la tourmentaient. C’est comme si, finalement, rien n’était important en dehors de ce magnifique regard ébène qui se posait sur elle, la chamboulant plus qu’il ne le devrait.

Lorsqu’elle se rendit compte du flot de paroles et de consignes cachées qu’elle débitait, elle pinça ses lèvres l’une contre l’autre avant de déposer sa paume sur le torse de Joachim en l’observant d’un air contrit, « Je ne t’ai même pas demandé… Tu as bien dormi ? ». Ils ne s’étaient pas croisés depuis la veille, et elle doutait fortement qu’il puisse s’être remis de ses aventures aussi vite, « On fera une petite halte sur le chemin pour acheter une huile de massage, ça dénouera tes muscles et tu reviendras de notre escapade requinqué. ».

Elle pourrait se dire que Manuela avait pris le contrôle de son hôte, et qu’elle, elle ne s’inquiétait pas plus que cela de mettre le boxon dans la vie d’Elena, qu’elle, elle ne tenait qu’à Joachim, Zac ne comptant pas du tout à ses yeux. Elle avait été créée pour ça après tout, pour ce rôle sur mesure de la fiancée parfaite de l’héritier du cartel de Las Chiapas, et elle avait bien l’intention de le tenir à merveille. Mais ce serait se leurrer que de se laisser croire une telle chose, car au fond, c’était bel et bien Elena qui prononçait ces mots, c’était elle qui se rapprochait du brun jusqu’à déposer ses lèvres sur sa joue, juste à la commissure de sa bouche. Tendrement, comme si elle craignait de se faire rejeter alors qu’aucun voyeur ne les épiait. Puis elle se recula, son regard se faisant quelque peu fuyant sous l’hésitation qui l’assaillait à chaque fois, avant de se saisir de la main de Joachim pour annoncer joyeusement, « Ne traînons pas plus, la journée nous attend ! ».

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Fate is chasing me

ANAPHORE

A NORMAL WORKING DAY OR A DAY WITH FRIENDS ?

feat. @Elena Flores

Manuela… Dire qu’au début il avait cru que les flics qui lui avaient envoyé lui faisaient une vaste blague. Au final, la petite brune avait réussi à s’imposer, elle avait un petit caractère piquant et il fallait bien avouer que ça l’avait amusé. Quand il l’avait vue, sa première pensée avait été de se dire qu’elle ne tiendrait pas trois jours, qu’elle pleurerait pour s’être cassé un ongle, que cet univers la ferait fuir dès qu’elle en apercevrait un centième. Et pourtant, elle était toujours là, plus d’un an après. Elle l’avait étonné, elle avait bien plus de force de caractère que son apparence ne le laissait présager. Comme quoi, il ne fallait vraiment pas s’y fier… Et puis, peu à peu, il avait fini par lui faire confiance, il lui avait avoué certaines choses qu’il n’avait jamais dites à quiconque. Ses faits d’arme auprès du cartel, l’équipe qui la suivait les connaissait. Ils avaient conscience de ce dont il était capable : le pire. Et sans doute avaient-ils une vision bien précise de lui : Il n’était qu’un criminel qui avait commis des actes immondes et qui méritait d’aller en taule pour ses crimes. Il avait négocié une réduction de peine contre des informations mais cela ne changeait rien à ce qu’il était, à leurs yeux. Avec elle, c’était différent. Elle voyait son attitude quand il était plongé dans le cartel, celui qu’il devenait par la force des choses, mais elle avait également vu celui qu’il était en privé, avec ses amis. Un mec comme les autres au final… Quoi qu’il ait pu faire dans sa vie, quelles que soient les décisions prises, il n’était pas dénué d’âme, il ne prenait pas plaisir dans ces guerres, il espérait autre chose de la vie. Il aspirait à un peu de normalité. La normalité c’était un mot qui voulait tout et rien dire, pour lui c’était surtout fuir son univers et la violence.

Cette normalité, il arrivait à la trouver un peu auprès d'elle, mais surtout, il n'avait pas besoin de se cacher, de faire semblant et ça c'était reposant. La petite poupée avait les épaules plus solides qu'il ne l'aurait cru et il lui arrivait de s'y reposer. Après ce voyage au Mexique où il avait bien failli se faire tuer une fois de plus, et qui avait amené à une nouvelle dispute avec la mère de son fils, il ressentait un besoin irrépressible de se couper du monde. Et surtout de son monde. L'idée d'une journée loin de tout était lancée, s'aérer, se vider la tête...Un seul jour ne serait pas suffisant pour véritablement déconnecter mais pouvait-il se permettre davantage ? Probablement pas. Il prendrait donc ce qu'il pouvait et il ne manqua pas de réclamer la présence de la jeune mexicaine auprès de lui si elle tenait tant que ça à ce qu'il aille prendre un bain. Sa petite rébellion l'avait fait sourire, ça l'amusait assez qu'elle lui tienne tête de la sorte, et cela ne faisait qu'accentuer l'attirance qu'il ressentait pour elle.

Je suis quelqu'un de très raisonnable, je ne demande jamais rien de démesuré, répliqua t-il, amusé par le fait qu'elle pense réussir à user de la force avec lui avant de lui murmurer à l'oreille qu'il souhaitait qu'elle le rejoigne. La brune avait répliqué qu'il se devrait d'obtempérer, et c'est ce qu'il fit, mais une fois dans la salle de bain, il ne la vit jamais arriver. Ils n'avaient pas eu de conversation après leur dérapage dans la piscine de son paternel, partant en mission aussitôt et s'il avait conscience des complications que cela pouvait engendrer étant donné l'aspect professionnel de leur relation, il était loin de s'imaginer qu'il y avait autre chose qui pouvait la perturber. Il avait vu la poignée de la porte s'abaisser mais elle n'entrait pas. Au bout d'un moment, lorsqu'il fut sorti, il vit une assiette sur la table mais la brune avait filé. Elle l'évitait ? Il ne savait pas quoi en penser. Il avait avalé son repas rapidement et avait jeté un oeil dans la chambre d'amis, la voyant endormie. Il poussa un soupir avant d'aller rejoindre sa propre chambre et tenter de rattraper un peu du sommeil qui lui manquait.

Le lendemain.

L'épuisement avait gagné sur les questionnements. Il s'était rapidement endormi et, le lendemain, il était paré à fuir le bruit et la pollution de la grande pomme. Certes, ils n'iraient pas excessivement loin, mais ça ne pourrait être que profitable. Arrivant dans la salle de bain alors que Manuela mettait la touche finale à son maquillage, il s'était rapproché, posant ses mains sur sa taille. Elle s'était tournée vers lui mais alors qu'elle parlait, il ne faisait pas réellement attention à ce qu'elle disait, son regard s'étant baissé sur ses lèvres alors que l'envie d'y goûter le reprenait. C'était davantage son intonation qui l'avait fait sortir de sa rêverie et un léger sourire avait étiré ses lèvres. Va pour le yacht. Son père le lui avait mis à disposition tant qu'il rechargeait en carburant. L'appareil n'était pas très grand mais bien suffisant pour le genre de sorties qu'ils comptaient faire. Lorsqu'elle évoqua le maillot de bain, il se mit à penser aux blessures qui parsemaient son corps et ne pourraient plus être dissimulées. Cela étant, personne en dehors d'elle ne devrait les voir et ne poserait donc de questions.

A vos ordres, cheffe. Répliqua t-il à sa demande pour la crème solaire qu'il alla récupérer rapidement dans l'un des tiroirs de la salle de bain. Leurs regards s'étaient à nouveau accrochés et la brune lui demanda alors s'il avait bien dormi avant de lui proposer une halte pour une...Huile de massage ? Le brun avait relevé un sourcil, ce genre de choses pouvait rapidement prendre une tournure bien différente et l'idée ne lui avait pas échappé. C'était d'ailleurs surement très visible à sa tête ! La brune s'était redressée légèrement, venant déposer un baiser trop chaste à son goût à la commissure de ses lèvres. Il ne savait pas trop sur quel pied danser, mais ils finiraient bien par en parler et débloquer la situation. Elle avait pris sa main et ils avaient attrapé leurs affaires. Ils s'éclipsèrent alors de l'appartement, prenant au passage un sac isotherme, pour faire les quelques courses qui leur permettraient de faire des sandwichs. Les avantages de la ville étaient non négligeables dans ce genre de cas, il lui suffisait de faire quelques mètres pour pouvoir acheter tout ce qu'il lui fallait. Une fois fait et le tout mis dans le sac pour maintenir les aliments au frais, ils purent monter dans sa voiture en direction du port.

Il fallut environ trois quart d'heure pour arriver au port et pouvoir se garer sur une des places réservées à ceux possédant un navire à quai. Joachim avait appris à démarrer le navire et le sortir du port serait finalement le plus long, ensuite, il le mettrait en mode automatique, le laissant naviguer seul pour s'éloigner de la cote. Il était alors descendu dans la cabine pour rejoindre la mexicaine et aller se changer.

La machine est en route, on n'a plus qu'à se laisser porter. Tu peux aller t'installer. Et n'oublie pas ta crème. Finit-il par ajouter tout en piquant un truc à grignoter dans le sac qu'ils avaient apporté. Il était à peine onze heures qu'il piochait déjà dans leurs vivres. Il avait beau ne pas être épais, il avait bon appétit ! Lorsqu'il eut terminé de piquer dans le sac, il alla se changer à son tour, laissant ainsi apparaitre le pansement encore présent autour de sa cuisse ainsi que plusieurs hématomes dont celui lié à la ceinture de sécurité qui lui avait probablement sauvé la vie. Avec ses tatouages, cela se mélangeait partiellement mais restait néanmoins visible pour qui y prêtait un peu attention. Il était remonté sur le pont, rejoignant la brune après avoir attrapé ses lunettes de soleil.

On pourrait presque comparer ça à une ile déserte, à la différence que Robinson Crusoe aurait sans doute apprécié ce confort. Lança t-il avec un petit sourire amusé.

Alors, qu'as-tu fait pendant ces quinze derniers jours ?

Ne pas parler boulot, ce n'était pas ce qu'ils avaient dit ? Chassez le naturel... Mais elle pouvait bien lui parler d'autres choses, elle n'avait tout de même pas fait que travailler ?

KoalaVolant

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A normal working day or a day with friends ?

Joachim Alvarez & Elena Flores

Cette salle de bain lui semblait soudainement assez petite… Il faut bien avouer que de sentir les mains de Joachim venir se déposer sur ses hanches l’avait perturbé, comme le fait de plonger ses yeux dans ceux du brun alors qu’ils discutaient de la journée à venir. Ils étaient trop proches, cela l’empêchait de garder l’esprit clair. Cela dit… L’avait-elle dès lors qu’il était à portée de vue ? Pas vraiment. Il avait cet étrange pouvoir sur elle, celui de lui faire oublier que leur relation n’était que du vent, qu’ils n’étaient qu’un boulot l’un pour l’autre. Leur histoire n’existait pas, elle n’était qu’une mascarade et que sa vraie vie l’attendait en dehors. Zac l’attendait. Il patientait depuis des mois de voir sa fiancée redevenir celle qu’il connaissait depuis l’adolescence. Mais quand elle était avec le blond, ses pensées se tournaient inlassablement vers le Mexicain. Et inversement, comme si rien ne pouvait être dans le bon ordre au bon moment. Cependant, plus le temps passait, et moins ces instants de flottement durait longtemps, Manuela prenait de plus en plus de place, effaçant Elena, ses émotions, ses sentiments. La pale copie effaçait-elle réellement l’originale ? Rien n’est moins sûr, sûrement ne faisaient-elles que fusionner pour ne former plus qu’une seule et même personne se perdant dans les méandres d’un cœur fondant comme neige au soleil sous le regard ébène qui lui faisait face…

Son cœur lui jouait des tours, elle l’avait compris durant l’absence de Joachim. L’éloignement qui avait suivi leur rapprochement lui avait permis de se poser, de réfléchir à tête reposée, et elle avait même pris du temps pour elle, seule. Elle avait sorti un énième mensonge à Zac pour le tenir à l’écart après qu’un soir il soit venu se lover contre elle. Elena avait bloqué. Et ce fut à ce moment-là qu’elle avait décidé qu’elle se devait de se retrouver.

Évidemment, ses réflexions n’avaient rien donné. Tout ce qui était sorti de son introspection était qu’elle ne pouvait pas flanquer toute sa vie par terre pour de stupides papillons s’envolant pour un malfrat. Un malfrat… Joachim n’était pas si facilement qualifiable en réalité. Il n’était pas l’homme sans foi ni loi que ses supérieurs lui avaient décrit et qu’il lui arrivait d’être au sein du cartel, il n’était pas quelqu’un de foncièrement mauvais. Ça non. Il pouvait se montrer doux, vulnérable, inquiet, tendre et soucieux des autres. Laquelle de ces deux facettes était la vrai ? Et voilà, elle se reposait des dizaines et des dizaines de questions, les prémices de sa décision avaient foutu le camp avec ces interrogations et elle avait finalement opté pour faire l’autruche et se voiler la face jusqu’au retour du brun.

À présent, elle avait totalement occulté Elena pour se faufiler dans la peau de Manuela. Dans la cabine du bateau, elle s’était changée, enfilant un bikini blanc aux coutures argentées,. Elle avait agrémenté le maillot de bain d’un paréo coloré noué à sa taille tandis qu’elle refusait d’abandonner ses chaussures à talons. Elle avait tout de même troqué ses escarpins pour des compensées afin de gagner en stabilité.

« Hey ! Laisses-en un peu pour midi. », riant, elle venait de donner une petite tape sur le dessus de la main de Joachim qui piquait des denrées dans le sac de provisions alors qu’elle l’avait ouvert pour remplir le frigo du bateau. Avec tout ça, ils allaient pouvoir se faire un super pique-nique à dévorer sur le pont supérieur ! Mais il restait encore un peu de temps avant de passer au repas.

Elle avait regardé le jeune homme s’éloigner pour attraper son maillot et n’avait pas traîné à se détourner pour lui laisser son intimité, se saisissant de son cabas en paille contenant leurs serviettes, la crème solaire ainsi que l’huile de massage qu’ils avaient achetée, puis elle était remontée à l’étage, « Je vais m’installer, à tout de suite. ».

Elena avait tangué jusqu’en haut des marches d’escalier avant de se déchausser. Finalement, pieds nus, ce serait nettement plus simple pour se déplacer ! Abandonnant ses chaussures, elle avait également déposé son paréo sur la banquette du salon d’extérieur avant d’aller étendre les serviettes côte à côte sur le bain de soleil après avoir synchronisé le téléphone de Manuela à l’enceinte portative qu’elle avait pensé à prendre avec elle. La musique était basse, ce n’était qu’un fond sonore qu’elle désirait afin de pouvoir profiter de la mélodie des vagues s’écrasant contre la coque. Une fois l’ambiance musicale choisie, elle avait fait un chignon plus fouillis qu’à l’accoutumer avec ses cheveux et était allée s’allonger.

« Le confort, c’est certain, et la compagnie aussi. Tu vas être plus loquace qu’un ballon de rugby percé j’espère ?! », elle l’avait rejoint dans son rire après avoir été surprise de l’entendre sans s’être aperçu qu’il était remonté de la cabine. En appuie sur ses coudes pour se redresser, sa tête avait pivoté en direction du brun, et elle avait abaissé ses lunettes de soleil pour le regarder, un sourire discret mais appréciateur venant fleurir sur ses lèvres, « J’ai installé tes affaires, tu ne vas pas rester planté debout ? ».

Elena s’était légèrement raidie quand il lui avait demandé comment elle avait occupé les deux dernières semaines. Non seulement elle ne se voyait pas vraiment lui expliquer qu’elle avait à la fois paniqué et préféré tout occulté de ses problèmes, mais elle ne voulait pas non plus parler du laboratoire ou du cartel de façon générale. Ils avaient décidé de profiter de cette journée, ce n’était pas pour discuter boulot au milieu de l’océan. Elle avait remis en place ses lunettes pour masquer son petit malaise, mais son regard n’avait pas quitté Joachim, « Ton père ne m’a pas beaucoup sollicité, alors j’ai pris un peu de temps pour moi. ». C’était vague, mais c’était vrai. Sans doute allait-il s’imaginer qu’elle s’était prélassée dans un spa, à profiter de massages, de soins du corps, de manucures ou autres, alors qu’elle n’avait fait que se poser à des terrasses de cafés pour réfléchir et se perdre dans ses pensées.

« Tu as mal ? », d’un léger mouvement du menton, elle avait pointé le bandage à la cuisse du jeune homme avant que ses doigts ne se déposent délicatement sur la clavicule marquée. Au milieu des tatouages, le bleu pourrait passer inaperçu, mais elle, elle le voyait. « On a dit qu’on ne parlait pas travail aujourd’hui, alors je vais faire comme si je ne m’inquiétais pas des raisons de tes blessures, mais avant, je veux que tu saches que c’est le cas, et que je me suis faite du souci pour toi durant ces deux dernières semaines. », elle se mordait l’intérieur de la joue, ses yeux passant de cette trace de ceinture de sécurité à la nuque du Mexicain jusqu’à remonter à ses yeux, ses doigts empruntant le même chemin pour s’arrêter à sa mâchoire.

Chassant son air inquiet, elle venait de glisser un sourire sur ses lèvres tandis qu’elle se penchait vers son sac pour en sortir l’huile de massage, « Du coup, je pense que tes petits bobos viennent d’un match de basket un peu trop virulent, les adversaires n’y sont pas allés de main morte et je me suis dit qu’un massage délasserait tes muscles endoloris par tout ce sport. Qu'est-ce que tu penses de cette histoire ? ». Entrer dans une nouvelle réalité n’était pas la chose la plus difficile pour elle, après tout, c’était son lot quotidien depuis plus d’un an, et elle devait avouer que celle inventé à l’instant était plus simple à apprivoiser que celle qui lui avait été demandé de créer avec Joachim, « Pour que ta pom-pom girl attitrée s’occupe de toi, il faut que tu t’allonges. ».

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Fate is chasing me

ANAPHORE

# Dim 10 Sep 2023 - 11:13

A NORMAL WORKING DAY OR A DAY WITH FRIENDS ?

feat. @Elena Flores

On the boat

Ils étaient à peine arrivés que Joachim piquait déjà dans le sac à provision. La main de la mexicaine vint taper sur la sienne, lui "ordonnant" de lâcher cela pour le garder pour plus tard. Joachim prit un faux air penaud, et si son fils avait été là, on aurait pu croire que c'était le gamin qui venait d'être pris en flagrant délit en train de faire une bêtise ! Même si Joachim était trop peu présent pour son fils, ils se ressemblaient beaucoup et il leur arrivait d'avoir les mêmes mimiques.

Mais j'ai faim...

Tant de cruauté envers ce pauvre Joachim qui était si fragile et qui ne pouvait pas se défendre ! Comment ça on est pas dans le bon script ? Reprenons. Il était allé se changer tandis que la miss installait leurs affaires à l'étage. Une fois de retour, il évoqua le fait qu'ils seraient seuls au monde en ce lieu, et il n'y avait rien de tel pour se vider la tête et être tranquilles....Enfin...Si tant est qu'il soit capable, un tant soit peu, de décrocher. Le cerveau de Joachim avait tendance à ressasser, et à réfléchir. Beaucoup. Beaucoup trop même. Il imaginait toujours mille et un scénarios, il refaisait l'histoire, il angoissait sur l'avenir, il était rare qu'il soit simplement dans le moment présent, à vivre l'instant. Le lâcher prise lui était presque inconnu et c'était ce qu'il tentait de faire en cette journée.

Tu t'es déjà ennuyée avec moi ? Répliqua t-il avec un petit sourire à sa remarque quant à la loquacité du ballon percé. On pourra disserter sur l'intérêt de ce film pendant des heures si tu veux... En réalité, si Joachim comprenait aisément le sens de ce film, cela ne l'avait pas empêcher de le trouver foncièrement ennuyeux. Lui, il préférait l'action, le bon gros blockbuster américain qui en faisait des caisses. Ça le distrayait. Si parfois, il avait pu être amené à voir des choses assez impressionnantes dans sa vie, l'exagération qu'il pouvait voir dans ces films le faisait rire. Certains scénaristes étaient plus posés et donnaient une version plus réaliste, il avait d'ailleurs pu voir quelques films sur les cartels qui n'étaient pas si loin de la vérité, mais ce genre de films, il les évitait. C'était déjà trop présent dans sa vie pour qu'il en rajoute dans un moment qui se veut être un loisir. Le brun s'était installé lorsque la mexicaine avait repris la parole, lui demandant ce qu'elle avait fait pendant ces quinze jours. Elle s'était, apparemment, éloignée du cartel et il était bien placé pour le comprendre. Elle avait fini par lui poser une question pour laquelle il donna une réponse de normand.

Ce ne sera bientôt qu'une cicatrice de plus.

Bien sûr qu'il morflait ! Mais s'il commençait à dire à chaque fois qu'il avait mal, il n'aurait pas fini. Il sortait rarement indemne d'une mission au Mexique et pour le coup, il avait même eu de la chance d'en revenir. Nayeli n'allait pas beaucoup mieux que lui et c'était en tentant de s'échapper d'un traquenard qu'il s'était pris une balle dans la jambe. La plaie était refermée mais la douleur était toujours présente et il risquait de boiter pendant quelques temps encore. Joachim eut un léger sursaut en sentant les doigts de la brune glisser sur l'hématome qui lui barrait la poitrine. Il avait tourné le visage vers elle alors qu'elle reprenait la parole, lui faisant avoir un léger sourire. Il se rappelait leurs échanges quand il était sur place et les hésitations qui avaient été les siennes, sa façon de lui dire de faire attention. Se faisait-il des idées et n'était-ce que purement professionnel ? Il n'en avait pas l'impression.

Hum...De rugby, je dirais. Le basket est beaucoup moins brutal, on n'est pas censés se toucher. J'aurais pu aller à un tournoi d'arts martiaux et me prendre pour Jet Li aussi, j'ai quelques notions, Finit-il par ajouter avec un petit sourire.

Quand il était adolescent, il avait adoré cette partie de son apprentissage. Avec le temps et le fait qu'il réalisait enfin de quoi il retournait, il avait fini par presque arrêter tous ces sports de combat en dehors du Krav Maga qui avait une certaine spiritualité et était davantage défensif. La brune évoqua alors le massage et sa façon d'amener ça le fit sourire.

J'ai une pompom girl attitrée ? Demanda t-il avec un petit sourire amusé. Et jusqu'où est-elle prête à aller pour me... Soigner ? Sa voix trahissait une pointe de lubricité alors qu'il obtempérait, s'allongeant sur le transat. Comment aurait-il pu refuser une telle demande ? Joachim ne savait pas trop sur quel pied danser depuis son retour. Lui, il avait eu certains gestes, certaines paroles qui laissaient penser qu'il souhaitait poursuivre ce qu'ils avaient amorcé juste avant son départ mais la mexicaine était plus...Ambiguë ? Oui, c'était sans doute le meilleur terme pour qualifier cela. Elle semblait hésiter tandis que lui, il l'imaginait déjà venir s'installer à califourchon au dessus de lui avec un massage qui pourrait rapidement déraper, après tout, si elle voulait le détendre, il n'y avait pas plus simple !

KoalaVolant

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