'Cause no one's hurt me more than you | Max & Laura

# Mar 23 Jan 2024 - 14:14

'Cause no one's hurt me more than you.

Feat : MAX & LAURA

Elle n'aurait jamais cru avoir un jour aussi peur de simplement lui écrire et pourtant elle tremblait, l'estomac noué, sur ce canapé, dans ce faux abri que représentaient ces quatre murs. Faux, car ce nid qu'elle avait pensé être un refuge avait récemment accueilli celui qu'elle avait fuit. Ce frère qui n'était pas décidé à la laisser en paix, accompagné de cette fille, cette collègue d'une nuit, qu'elle voyait comme une potentielle amie. La blonde n'avait pas su supporter ce nouveau choc, si le revoir en était déjà un, apprendre qu'il avait pour colocataire un membre de son nouvel entourage en était un autre. Définitivement prise au piège, elle avait eu la sensation de manquer d'air. Ça avait été plus fort qu'elle, son sang n'avait fait qu'un tour avant que sa voix n'atteignent des octaves qui la fit frôler le cassage des cordes vocales. Rendue cinglée par sa frayeur grandissante, perdant toute raison. Sa seule envie : Qu'ils disparaissent, tous les deux. Que tout ceci ne soit qu'un cauchemar qui se dissipe, elle aurait voulu pouvoir se pincer afin de se prouver que c'était irréel. Mais ça l'était, réel, il l'avait bel et bien retrouvée, se plaçant là où ça faisait mal pour lui faire comprendre le message. Il serait toujours là, jusqu'au bout.

Elle en eut des vertiges suite à leur départ, victime d'une hyperventilation qu'elle mit plusieurs minutes à calmer, au sol comme un corps en fin de vie, comme si cette simple visite avait aspirée toute l'énergie qui lui restait. Mais le calme retrouvé n'avait été que de courte durée, une fois ses larmes versées jusqu'à s'en épuiser elle prit conscience de cette énième faute commise qu'avait été celle d'avoir été agressive. Hurler jusqu'à ce qu'il parte, se montrer atteinte par l'hystérie pouvait dessiner de nouveaux plans dans l'esprit pervers de son frère. Avec Billie pour témoin il n'aurait aucun mal à la priver d'avantage de liberté et de ça il en avait sans doute tout autant conscience qu'elle. L'estomac de la française s'était noué, persuadée et terrifiée, la culpabilité prenant d'avantage de poids sur ses épaules. Il fallait qu'elle se rattrape, qu'elle atténue les conséquences, si lui échapper lui était impossible c'était là l'unique solution qu'elle avait trouvée. Elle envoya alors ce message, suppliant, humiliant, le prix à payer pour espérer ne pas être achevée, avant que les heures d'attente ne la plongent dans la tourmente, à regarder ce téléphone dans l'espoir qu'il sonne, telle une adolescente en attente des nouvelles de l'élu de son cœur, remplacés par le diable et sa proie.

Dans ce scénario l'arrivée de la réponse n'étira aucun sourire, c'est l'appréhension qui avait prit sa place, demandant à la blonde quelques minutes avant d'y faire face. Il viendrait, pour son plus grand bonheur ou son plus grand malheur. Au moins il lui donnait sa chance, mais Laura se doutait bien que ce n'était en aucun cas un acte de générosité et encore moins de pitié. Il avait gain de cause, elle se soumettait, voilà ce qui l'attirait. Elle le savait.

Les heures lui parurent longue, assise sur sa chaise. Elle regarda les minutes défilée, chacune qui passait réveillant sa peur, encore et encore. Bientôt le moment serait venu, celui où elle devrait se racheter, encore incapable d'imaginer comment cela se passerait. Lui, il n'était pas prévisible. Elle pouvait s'attendre à tout, fait qui n'arrangeait en rien ses angoisses. Son cœur battait fort, à lui faire mal, quand enfin la sonnerie de sa porte raisonna dans ces lieux jusque là uniquement perturbé par le bruit des rues. Laura se redressa alors, lentement, pour s'approcher de sa porte d'entrée avec une rapidité similaire. S'agrippant à la poignée au détour d'un dégluti, une fois la serrure déverrouillée, avant que quelques secondes ne suffisent pour écarter le dernier barrage qui la protégeait de lui. Max... La frayeur qui l'immobilisa un instant lui fit oublier toutes ses politesses, n'arrivant qu'à s'écarter pour le laisser entrer dans un second effort avant de refermer derrière lui. Elle l'observa de nouveau, quelques secondes de plus, avant d'enfin reprendre la parole, d'une voix tremblante qui trahissait son état. Je.. Je suis désolée.. Pour ce que j'ai fais.

KoalaVolant

# Mar 23 Jan 2024 - 16:21

'Cause no one's hurt me more than you

Max & Laura

◊ ◊ ◊

Ah…Laura, Laura, Laura…Cette si mignonne petite chose avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus. Max ne comprendrait jamais ce qu’elle pouvait avoir en tête, ni les réactions qu’elle pouvait avoir. Et pour cause. Sa sœur est malade. Pas folle, non non, car elle a ses moments de lucidité, ses moments où il retrouve la charmante gamine qu’il avait connue, mais ce n’était pas toujours le cas. En tous cas, c’était là la réalité que lui, il s’était inventé et il était intimement persuadé de son bien-fondé. Cette sœur, il l’avait tant aimée et protégée, acceptant qu’elle vienne le rejoindre dans sa chambre quand l’orage grondait trop fort ou qu’elle avait fait un cauchemar, allant attendre à la sortie quand un imbécile lui faisait la misère dans la cour d’école pour l’intimider… Le grand frère parfait, et protecteur…Et puis, les choses ont changé. Max avait des secrets, des blessures qu’il intériorisait. Il était lui-même manipulé et abusé, et à force de s’entendre dire que tout cela était normal, il avait fini par le croire. Alors, il avait reproduit des schémas similaires et sa première victime en avait été sa sœur. Tout avait commencé avec une rencontre, un dénommé Cédric qui l’avait intégré à son gang, lui promettant une vie confortable, de l’argent, présentant cela comme une véritable famille. Une famille dont sa sœur pourrait faire partie, d’une certaine façon… Il avait demandé une rencontre avec la jeune fille, promettant toujours plus à Max, et lui, il avait fermé les yeux sur ce que cette demande pouvait engendrer. Quelle importance cela pouvait-il avoir ? Elle en ressortirait entière et en vie après tout, il n’y avait pas grand mal à ça. Seulement, les choses avaient tourné d’une façon plus malsaine au fur et à mesure du temps. Max se remplissait les poches, et Laura était réticente à cette rencontre, ne comprenant sans doute pas bien pourquoi il tenait tant à lui présenter cet homme qui avait plus du double de son âge. Alors, Max avait joué la carte de la culpabilité. Avec son entrée récente dans cette « équipe », il ne pouvait rien refuser à son patron sans que ça ne lui retombe dessus. Les caprices de sa sœur risquaient bien de lui causer des problèmes, il n’y avait pas trente-six solutions et il savait bien que la persuader serait plus aisé que d’y aller avec force.

C’était ainsi, en jouant les victimes, que le cauchemar de Laura avait commencé à l’aube de ses seize ans…

Et puis, la curiosité, et ce problème qu’il avait à distinguer les sentiments, à les comprendre et même à les ressentir l’avait poussé à commettre l’irréparable. « Il faut montrer à sa famille qu’on l’aime », voilà des mots qu’il avait maintes fois entendus, des mots que son père utilisait régulièrement quand ils se retrouvaient seuls tous les deux et qu’il montrait à son fils à quel point il pouvait l’aimer… Une situation qu’il avait reproduite, présentant ça comme un jeu au départ, avait-il réellement l’attention de la conduire dans les locaux de son gang et avait-il perdu le contrôle de la situation ou tout cela était-il prémédité ? Lui seul le savait…

Si elle avait pu le fuir pendant quelques années, cela faisait à présent dix ans qu’elle avait ce lourd secret. En avait-elle parlé à quelqu’un en dehors de leur grand-mère ? Il n’en savait rien, et si c’était le cas, cela reviendrait à mettre cette personne gravement en danger. Après tout, il lui avait dit de façon détournée ce qu’il était advenu de leur parente après qu’il ait découvert qu’elle savait où Laura se cachait… C’était sans doute pour cette raison, du moins en partie, qu’elle avait pété un plomb sur lui quand il était revenu avec la charmante Billie. Mais là encore, il avait totalement renversé la situation, disant à la jolie brune que sa sœur faisait une crise de paranoïa et qu’il était sa cible principale… Quelle tristesse de voir quelqu’un que l’on aime tant dans cet état !

Max était quelqu’un de prévoyant. Il avait réfléchi et imaginé une histoire autour de sa vie depuis des années mais il arrivait que la perte de contrôle ne lui fasse commettre des erreurs. Tant que tout allait dans son sens, tout allait « bien », pour tout le monde, ou presque… Mais lorsqu’il n’arrivait pas à ses fins, son impulsivité le poussait à faire des choses qui pouvaient lui porter préjudice, en attestaient les articles de journaux qui parlaient des femmes disparues de ces derniers mois. Certaines étaient devenues ses obsessions, d’autres n’était que de la marchandise qui avait été vendue et sortie du pays. Les enquêtes devenaient plus nombreuses, et il se devait de redoubler de prudence. Le problème…C’était que sa sœur était très certainement son point le plus sensible, celle qui serait la plus à même de lui faire perdre les pédales. Ces femmes qu’il « aimait » étaient remplaçables. Elle non. Elle, elle le touchait particulièrement. Ils étaient liés à la vie à la mort. Il aurait pu s’énerver de ce rejet mais la présence de Billie l’avait aidé à garde son sang-froid et l’avait poussé à prendre une autre direction : celle de la compassion… Sa pauvre sœur n’allait pas bien, il n’était nullement utile de l’accabler davantage, il fallait juste attendre que ça passe.

Et c’était passé… Laura avait fini par le recontacter, lui demandant de venir chez elle. Elle semblait bien plus calme, elle semblait…être elle-même. En tous cas, selon la «réalité » imaginée par Max. Il s’était rapidement libéré, se rendant chez sa petite sœur adorée avec ses chocolats préférés. Elle lui avait ouvert, semblant hésitante et il s’approcha d’elle, un léger sourire sur les lèvres. Il posa la boite sur la première surface qu’il trouva et termina de réduire l’espace qui les séparait, la prenant dans ses bras et lui caressant les cheveux.

Je sais… Ce n’est pas grave, ce n’est pas de ta faute…

Entendre de tels mots venant de son frère, après tout ce qu’il s’était passé, aurait pu la rassurer s’il n’avait pas poursuivi :

Ne t’inquiètes pas. Ajouta-t-il tout en s’éloignant légèrement pour passer sa main sur son visage avec douceur. Je vais m’occuper de toi. Tout va s’arranger.

En cet instant, Max ne pouvait que croire que sa sœur était réellement désolée, mais il faudrait peu de chose pour que tout bascule…

Billie n'est plus très souvent à l'appartement, je pense que notre collocation touche à sa fin, on pourrait peut-être vivre ensemble, je pourrais prendre soin de toi. Ça m'inquiète de te savoir seule ici.

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# Mar 23 Jan 2024 - 20:17

'Cause no one's hurt me more than you.

Feat : MAX & LAURA

A une autre époque ces bras auraient été rassurants, une bulle qui aurait su lui réchauffer le cœur et effacer tous ses tourments. Il était ce frère ainé parfait, que bien d'autres auraient voulu mais qu'elle aimait garder pour elle. Possessive et aimante. Il était son grand frère et elle en était fière. Elle aimait passer des heures à ses côtés, à lui raconter sa vie palpitante d'adolescente en devenir, ou à partager des moments simples qu'elle estimait uniques. Quelque chose de particulier les avaient toujours liés, tels des enfants jumelés. Ce lien qui se ressent mais qui ne s'explique pas, un lien qui finira par faire de sa vie un enfer. Car elle le ressentait encore, malgré la terreur, malgré ce pincement au cœur. Un lien à présent douloureux, sans même vraiment savoir si elle voudrait s'en débarrasser. Car ce dernier conservait ses plus beaux souvenirs, ainsi que les pires. Et il serait mentir que prétendre qu'elle ne rêvait jamais de le retrouver comme avant, avant qu'il ne devienne ce monstre beaucoup trop attiré par l'argent. Comment avait il pu sacrifier sa propre sœur juste pour ça ? Ne l'avait-il donc jamais vraiment aimée ? Il lui avait pourtant montré tant de fois le contraire.

Il avait dépassé de nombreuses limites qu'elle ne s'était jamais imaginée le voir franchir. Lui qui avant, semblait si gentil. La vendre, la violer, tuer cette grand mère à laquelle il avait l'air attaché, tout autant qu'elle. Elle voulait croire qu'au fond de lui, au milieu de cette folie, il y avait du regret. Que lui aussi s'en voulait, que le Max d'avant était toujours présent, un tant soit peu. Ce Max qu'elle aimait, elle ne voulait pas lui dire adieu. Elle cru le retrouver, le temps d'un instant, sous ces premiers mots tendres. Oui, ce n'était pas de sa faute, l'avait-il enfin comprit ? Qu'elle n'avait pas mérité tout ce qu'il lui avait fait vivre ? Son coup d'éclat de l'autre fois avait-il eu le bénéfice de lui ouvrir les yeux ? Allait il enfin lui présenter ses excuses ? Ce petit regain d'espoir lui avait fait hausser ses sourcils, prête à enfin retrouver un peu le sourire, suite à ce courant froid qui parcourra son dos lorsqu'il se rapprocha. Elle voulait que tout s'arrange enfin... à tel point qu'elle était prête à croire à l'impossible. Mais ses rêves naïfs étaient définitivement trop grands, s'y accrocher ne pouvait que la tuer un peu plus. Elle s'en voulait de ne pas réussir à se fier au vrai visage de ce frère ainé, de ce Max si différent de celui qu'elle pensait connaître.

Cette erreur lui tomba dessus, une fois de plus, lorsque ce dernier fit à nouveau bouger ses lèvres. Des paroles sinistres, qui lui coupèrent le souffle. La blonde ignorait ce qui la terrifiait le plus entre ces propos ou le fait qu'il les exprimait avec une normalité et une bienveillance perturbantes. N'avait-il vraiment pas conscience du mal qu'il causait ? Déboussolée, paniquée, elle ressenti une profonde nausée lui monter à la gorge, lui faisant ravaler sa salive. Le rythme cardiaque devenait plus violent encore, l'assourdissant, quand la main glissa sur son visage, provoquant des flashs de cette horrible nuit dans son esprit. Elle cru perdre l'équilibre un instant quand malgré son état les derniers mots de Max lui parvenaient aux oreilles, seule chose qu'elle percevait encore. Une proposition à laquelle elle n'arrivait pas à croire, qui lui fit profondément regretter cette invitation, ne sachant plus ce qui aurait été pire entre vivre avec lui ou être enfermée dans un asile. Comment refuser, quand le but de sa venue était de lui présenter ses excuses ? Se rattraper devenant presque impossible si elle allait contre cette idée. Si elle avait tendance à s'aveugler, elle avait bien comprit que refuser quelque chose à son frère n'était pas une décision très sage.

Si la situation avait été différente, elle aurait comprit et aurait pu croire à son inquiétude. On ne pouvait pas dire, en effet, que ce logement avait un aspect très sain. Situé dans un quartier relativement louche, puant l'urine, à l'intérieur les murs semblaient rongés par l'humidité et la déco d'un style ancien laissait aisément croire que les derniers travaux de rénovation commençaient à dater, mais ce n'était certainement pas pire que d'aller habiter celui qui l'avait déjà tant blessée, plus que quiconque. Même si sa demeure était luxueuse ou non - ce qu'elle ignorait, rien malgré tout le confort que cela pourrait lui offrir, ne saurait rendre cette proposition attirante, étant donné que rien que l'idée faisaient naître dans sa tête les pires des scénarios possibles. Habiter sous le même toit que Max, c'était comme signer un pacte avec le diable. Ainsi, il pourrait à nouveau faire d'elle ce qu'il voudrait. Il pourrait, une fois encore, abuser d'elle. Se servir de son corps de toutes les manières possibles. Elle l'imaginait déjà entrer dans sa chambre pour reproduire l'inexcusable. Et ça, elle ne pouvait l'accepter.

Laura se retenait de toutes ses forces pour ne pas fondre en larmes, elle qui à présent se sentait démunie, ne sachant plus quel mot choisir. Se sortir d'une situation aussi délicate lui semblait impossible. Pourtant, il fallait bien agir, elle n'en avait plus le choix. Piégée par elle-même, il lui fallait assumer.

Tout d'abord inspirer, puis s'éloigner. Rester délicate pour ne pas le brusquer. Et pourquoi pas simuler un sourire. Essayer de se montrer cordiale, malgré sa gorge serrée, tout en prenant de la distance pour sa propre sécurité, mais aussi et surtout, car le sentir contre elle était plus que ce qu'elle ne pouvait supporter. C'est.. très gentil de me proposer ça... Nouvelle idée qui lui passa en tête : trouver un prétexte pour ne pas rester trop près. Tu veux boire quelque chose ? Je... Je crois avoir encore du jus de fruit au frigo. Ses pas les séparaient enfin, lui permettant de reprendre un peu son souffle. Sa main se posa alors sur la porte du réfrigérateur, l'ouvrant avant même d'avoir sa réponse, à présent trop agitée par son anxiété pour avoir la capacité de rester sans bouger. Elle sortit la bouteille d'orange pressée par la suite, avant d'aller à la recherche de verres. Et sinon euh.. pour.. pour la colocation... Le bouchon lui échappa, partant à la rencontre du sol, bien vite ramassé par ses doigts qui tremblaient. Je... Je sais pas si je vais pouvoir accepter tout de suite, tu sais... le bail... Je.. je crois que les conditions m'obligent à rester ici... pour un certain temps... Alors... Je ne sais pas si... Elle dirigea son regard vers lui, scrutant ses traits, alerte. Si ça pourrait se faire avant un certain temps...

Elle se fit moins rapide pour les servir, le liquide coulant doucement, ce qui ne l'empêcha pas d'en faire tomber à côté dans un geste nerveux. Et sinon.. Billie.. Qu'elle ajouta, essayant de changer de sujet pour s'y réfugier. Comment tu l'as rencontrée ? Est-ce que... Est-ce qu'elle m'en veut, pour la dernière fois ?

KoalaVolant

# Lun 29 Jan 2024 - 13:08

'Cause no one's hurt me more than you

Max & Laura

◊ ◊ ◊

Un truc avait vrillé dans la tête de Max le jour où sa soeur avait disparu, quittant la France. Elle l'avait laissé là, avec cette famille qui ne l'intéressait pas, parce que pour lui, elle seule comptait. Elle l'avait abandonné. Garce. Comment avait-elle pu lui faire ça, cette ingrate ? Il lui avait tout donné, TOUT ! Ah la vie de Max était loin d'être aisée. Lui qui avait si bon coeur se faisait sans cesse rouler dans la farine... En tous cas, c'était ainsi qu'il percevait et racontait les choses. Lorsque Laura avait disparu, Max avait donc déraillé totalement. Il était devenu totalement obsédé par sa soeur, la recherchant sans relâche et puis, un jour, il a cru qu'il l'avait retrouvée... Une jolie blonde aux yeux bleus, la même stature, le même sourire angélique, mais ce n'était pas elle. Son prénom ? Il ne s'en souvient pas. Il se rappelle juste qu'il l'a séduite, il a fait en sorte de l'isoler, et un jour il l'a vue pendue au bras d'un autre. Un simple ami ? Peut-être. C'était, en tous cas, ce qu'elle disait. Mais il était incapable de l'entendre, incapable de la croire. Elle aussi, elle allait s'enfuir et l'abandonner, comme Laura l'avait fait avant elle. Toutes les mêmes... Alors, il l'avait enfermée, il voulait la garder pour lui seul, et il avait tenté de la faire parler. Elle avait nié l'évidence, encore et encore et les nerfs de Max n'avaient pas résisté. Lui qui n'était, à l'origine pas violent -physiquement du moins-, avait porté un premier coup. "Tu vois ce que tu m'obliges à faire ??" Avait-il hurlé avant de se répandre en excuses. Et puis ça avait continué, jusqu'au jour où on n'entendit plus jamais parler de cette fille. Ce fut la première d'une longue liste... C'était devenu un rituel. Il trouvait une fille qui ressemblait à Laura, l'isolait, en faisait sa chose et si elle le décevait, si elle le trahissait ou cherchait à le fuir, ça dérapait. Combien y avait-il eu de "Laura" pendant toutes ces années ? Lui-même n'aurait su le dire.

Retrouver la vraie Laura avait été compliqué, et pas uniquement parce que le secret avait été bien gardé. Max était dans un enchevêtrement d'émotions, si tant est qu'il sache réellement ce que c'est. L'idée de la voir lui extirpait un sourire et en même temps, il lui en voulait. Elle aurait pu lui dire ses quatre vérités qu'il n'aurait toujours pas compris pourquoi elle l'avait fui. Pour lui, il n'y avait rien d'anormal. La seule chose qui l'était, c'était le comportement incompréhensible de sa soeur. L'accueil n'avait pas été agréable ni la première ni la seconde fois, et cela le préoccupait quelque peu. Il y eut enfin cet appel, un échange plus doux, en tous cas à ses oreilles et il se dit qu'enfin, sa petite sœur avait un moment de calme et de lucidité. Il s'était alors empressé de la rejoindre, ravi que cette fois, tout se passe bien.

Ce sera parfait, oui. Répondit-il à son offre pour un jus de fruits alors qu'elle quittait ses bras, commençant à bredouiller quelques mots concernant son bail. Elle bafouillait, elle était hésitante, se répétant même mais Max ne s'en formalisa pas. Un sourire qui se voulait rassurant étira ses lèvres alors qu'il rebondissait sur le sujet :

Si cela t'inquiète, je peux m'en occuper. Il y a souvent un préavis, mais ça se négocie, je suis sûr que je parviendrais à m'entendre avec ton propriétaire.

Cela pouvait vouloir dire tellement de choses dans la bouche de Max... A présent qu'elle savait qu'il avait tué leur grand-mère, elle pouvait l'imaginer capable de tout, bien qu'elle serait sans doute encore loin de la réalité. Il l'observa servir le verre, en mettant la moitié sur le plan de travail. Il la troublait à ce point ?

Tu es toujours aussi maladroite, finit-il par ajouter en attrapant un papier absorbant pour empêcher le jus de fruits de couler au sol. L'était-elle réellement ? Ou étaient-ce des souvenirs faussés liés à toutes ces filles qu'il avait ramenées, les identifiant à sa sœur ? C'était possible... Elle l'interrogeait alors sur Billie, la jeune femme qui était venue avec lui la dernière fois, et qui était une de ses anciennes collègues même si son passage au Blue Moon fut furtif.

Je cherchais une colocation, je pensais ne faire qu'un passage éclair à New-York, te retrouver, et qu'on rentrerait à Lyon. De ce fait j'ai pris le premier truc correct que j'ai trouvé. Mais j'hésite finalement... Je me suis fait quelques contacts ici, et tu sembles tant t'y plaire.

Ses doigts glissèrent dans les boucles blondes de la jeune femme avant qu'il ne relève le regard vers elle.

On fera comme tu as envie.

Il n'y avait pas à chercher très loin la signification de ces propos lourds de sens. Il l'avait retrouvée et il ne comptait pas la lâcher.

Quant à Billie, n'aie pas d'inquiétudes, c'est une sainte. Il suffit de voir l'imbécile qu'elle a épousé, il faut vraiment avoir un sacré bon caractère pour le supporter. Elle a connu bien pire que ta petite crise de l'autre jour...

Billie, elle était aussi un jeu au départ, quand il s'était allié avec Lana Campbell qui tentait de l'éloigner de Daryl Roja et de la Bella Muerte sur lesquels elle avait l'intention de mettre la main. En vain. La brune n'avait pas été suffisamment maline pour parvenir à ses fins et en réalité, Max n'en avait cure. Ce n'était pas son problème. Elle lui avait demandé d'éloigner Billie, il l'avait fait. Si elle n'avait pas assuré derrière, il s'en moquait royalement. Depuis, il avait vu une autre utilité à son amitié avec la danseuse, devant elle il avait toujours été adorable, charmant, prévenant... Elle pourrait parler pour lui si quelque chose venait à se corser.

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Feat : MAX & LAURA

Me touche pas... Me touche pas... NE ME TOUCHE PAS ! La phrase se répétait dans l'esprit de Laura qui n'avait que pour seul moyen de controle sa respiration, inspirant alors que ses mains se crispaient en sentant la sienne glisser sur sa crinière dorée. L'ombre malveillante revenue la recouvrir après n'avoir eu que quelques minutes pour la fuir. Sa simple présence lui donnait l'impression d'être en cage. Anxiogène aura de cet homme malfaisant. Le contact de trop réveillant cette folle colère à nouveau, qu'elle su cette fois retenir en fermant les yeux. Paupières closes se joignant à une immobilité de quelques secondes. Reproduire son erreur lui était interdit, elle ne pouvait pas se le permettre elle qui craignait tant les conséquences ô combien imprévisibles, mais que lui restait il alors pour s'en sortir face à son frère qui avait toujours une nouvelle carte à jouer ? Pourquoi avait-il fallu qu'il soit si fort ?... Beaucoup plus fort qu'elle.

Max... La parole retrouvée tout en fermant la bouteille, dans une lenteur témoignant de sa douce reprise de contrôle. Elle se tourna face à lui, les verres entre ses doigts. Je suis vraiment touchée, que tu veuilles prendre... autant soin de moi. Le sourire était revenu, toujours aussi peu sincère. Et pourtant il semblait doux, allié à son regard d'un bleu charmant plongé dans le sien. Je t'assure. La blonde leva sa main, le servant, tremblements difficilement atténués. Mais peut être... Qu'on pourrait... Prendre le temps ? Gagner du temps était toujours mieux qu'être obligée à accepter sur le champ, peut être qu'ainsi une solution plus concrète finirait par lui tendre les bras. La française ne voyait plus que cela comme plan potable et elle voulait lui donner toutes ses chances. Alors, rester douce et gentille, autant que possible, dans l'espoir que son charme l'aide à réussir. J'ai.. J'ai.. Conscience d'avoir été.. Horrible avec toi en partant comme ça. Je t'ai laissé. Et ce même si chaque mot lui donnait envie de vomir. Et j'en suis vraiment désolée. Ses yeux s'embuaient, lame profondément enfoncée dans son coeur à s'entendre demander pardon. Oh que oui elle s'en voulait, de se trahir ainsi.

Mais j'ai besoin d'un peu de temps, si tu veux bien. Elle s'adressait à lui avec une tendresse qui l'écoeurait, mais face à un homme voulant le contrôle, Laura avait bien apprit qu'une soumission même simulée était un vrai atout pour une jeune femme comme elle. Humiliant mais si utile si elle voulait fuir. Tu as pu le voir la dernière fois, je.. j'étais très.. déséquilibrée. Ma vie a été très chamboulée dernièrement, alors j'ai besoin de pas aller trop vite.. Qu'on se retrouve de temps en temps avant de... de vivre ensemble. Elle conservait ce sourire qui la rendait si attendrissante, un sourire qu'elle devait forcer, tant elle n'avait aucune envie de l'étirer, son coeur qui saignait. Au moins le temps de redevenir plus.. calme. Puis comme ça, ça laissera le temps à Billie d'aller s'installer ailleurs, sans qu'on ai à la presser. Pauvre Billie, Laura détestait rien que l'idée de se servir d'autrui, mais dans l'urgence cette argumentation lui paraissait parfaite. Qu'est ce que t'en dis ? T'es d'accord ? Elle n'arrivera à soutenir son regard que quelques secondes de plus, la comédienne improvisée qui sentait une tension torturer chacun de ses muscles. Faire un mouvement lui semblait risqué, comme si un seul pas pouvait déclencher une mine, mais elle en trouvera le courage, décidée à s'approcher du présent dans une sorte de ravissement. En plus, on commence avec des bonnes bases cette fois. Je vois que... tu n'as pas oublié lesquels je préférais.

Il y a quelques années, ces chocolats n'auraient pas survécu très longtemps avant d'être dévorés. Véritable ogresse elle était avec ses friandises préférées. Mais aujourd'hui, rien que l'idée d'en avaler un morceau lui paraissait insurmontable. Elle avait perdu l'idée même du plaisir, Laura. Merci de m'en avoir apporté.

Le bas de son dos allait à la rencontre du comptoir, le verre plein toujours entre ses mains, quand sa tête fit repasser les propos de son ainé, ceux qui, il y avait quelques secondes à peine, menaçaient de la faire vriller de nouveau. La ramener à Lyon, son plaisir d'être ici... Faire comme elle le voudra... Elle se retrouva ainsi obligée d'avaler une première gorgée, le stress asséchant sa gorge. Tu disais que.. que tu t'étais fait de nouveaux amis ?... Comment tu les as rencontré ? Tu t'es trouvé un nouveau travail dans le coin ? Et pourquoi ne pas se renseigner un peu, tout en essayant une seconde fois de changer le sujet ? Savoir ce qu'elle devait éviter devenait d'une importance capitale.

KoalaVolant

'Cause no one's hurt me more than you

Max & Laura

◊ ◊ ◊

Tout pouvait déraper très vite avec Max. Un mot de travers, une incompréhension, une attitude ambiguë... Il pouvait changer du tout au tout en l'espace d'une seconde, et sa sœur...Et bien...C'était son point faible. C'était avec elle que tout avait commencé, qu'il avait déraillé, peu à peu...Et pourtant, avant tout cela, leur relation était tout à fait normale, comme toute relation entre un frère et une sœur. Le déclencheur ? Peut-être étaient-ce les sévices que lui faisait subir son père, ou alors l'intérêt surprenant que Cédric vouait à la jeune femme qui avaient attisé un aspect de sa personnalité particulièrement possessif ? Peu importaient les raisons et les explications, Max en était venu à avoir un comportement bien différent avec Laura, et au fil des années, ça s'était accentué jusqu'à ce que la jeune femme ne décide de le fuir. Seulement, lui, il n'était pas du même avis. Laura lui appartenait, et il était bien décidé à contrôler sa vie, à lui dire avec qui elle pouvait parler, avec qui elle allait vivre... Et qui de mieux que lui même ? Tant que les choses se feraient en douceur, Max pouvait parfaitement être très protecteur avec elle, mais elle serait toujours sur la corde raide et ce qu'il allait lui annoncer ne risquait pas de la rassurer sur la suite des évènements. Il lui avait parlé de venir vivre avec lui, dans ce petit appartement qu'il partageait avec Billie Davis, une femme mariée qui semblait tout faire à l'envers des conventions et qui paraissait prête à aller vivre avec son crétin d'époux.

Max avait accepté le verre qu'elle lui avait tendu, en prenant une gorgée tandis qu'elle lui expliquait, à sa manière, qu'il n'y avait pas le feu. Il arqua un sourcil lorsqu'elle lui annonça qu'ils pourraient "prendre le temps", mais pour quoi faire ? A quoi bon repousser pour mieux sauter ? Il allait reprendre la parole lorsqu'elle poursuivit, faisant un semblant de mea culpa concernant sa fuite et l'abandon qu'elle lui avait fait subir. Un léger sourire vint étirer les lèvres du français alors qu'elle terminait sa phrase.

Tu n'auras bientôt plus à t'inquiéter pour tout ça, ça ira mieux, et je vais tout gérer, ne t'en fais pas.

Elle devait se poser des questions sur ce que cela pouvait bien vouloir dire, et le brun resta silencieux, répondant sur le reste de ses propos avant tout :

Billie n'en aurait pas pour longtemps à récupérer ses affaires, je lui en parlerai ce soir. Loin de moi l'idée de vouloir la chasser mais je pense qu'elle peut comprendre ma volonté, d'autant plus qu'elle semble avoir elle aussi envie de vivre ailleurs.
La jolie blonde s'était approchée, prenant la boite de chocolats qu'il lui avait apportée, elle s'était excusée de l'avoir laissé, son regard se retrouvant embué de larmes de crocodiles, mais ça, Max n'en avait pas conscience.

Je n'oublie jamais rien... Sa voix s'était faite un peu plus basse et grave, comme un sous-entendu qui se pouvait être menaçant. Non, il n'oubliait pas...Il n'oubliait pas qu'elle avait quitté le pays sans dire un mot, il n'oubliait pas qu'elle n'avait donné aucun signe de vie, il n'oubliait pas qu'elle avait mis une autre personne que lui dans la confidence de ce départ improvisé...Non, il n'oubliait pas...Mais ce n'était pas le plus important pour le moment. Le plus important, c'était qu'il l'avait retrouvée, et qu'en cette journée elle semblait avoir un éclair de lucidité, il fallait donc en profiter au maximum pour avoir une discussion claire et censée ! Elle l'interrogea alors sur ses amis, son métier, et le brun fut flatté d'un tel intérêt.

Je me suis fait pas mal d'amis oui, j'ai même créé une association avec l'un d'eux. J'ai rencontré une jeune femme qui est comme une petite sœur de cœur pour moi. Et pour le coup, il se comportait davantage comme un frère avec elle qu'avec sa véritable sœur. J'ai un job pas spécialement passionnant mais je vois du monde, je fais pas mal de rencontres...Et je fréquente quelqu'un depuis peu, une femme que j'ai justement croisée dans la boite où je bosse parfois. Elle est superbe, et drôle, elle te plairait surement.

Elle te ressemble. Voilà ce qu'il aurait pu dire. Lui qui était, pendant toutes ces années, à rechercher cette sœur inlassablement, la voyant dans toutes les jolies blondes aux yeux clairs qu'il pouvait rencontrer. Il avait un véritable problème avec ça... La conversation avait pris une tournure qui faisait qu'elle paraissait presque normale, et puis Max finit par reprendre la parole, ses pensées divaguant à nouveau sur les projets qu'il avait pour sa sœur.

Tu sais...Nos parents ont conscience de l'état de santé dans lequel tu te trouves, je leur ai tout expliqué. Ils ont mis en place des choses, et même si tu souhaites rester ici, on va faire en sorte que ça marche. Tu n'auras plus à t'en faire pour rien, une fois que ta mise sous tutelle sera officielle. Je me chargerai de tout pour toi.

La faire passer pour folle, voilà ce qu'il avait fait. Il avait inventé une jolie et bien triste histoire qu'il avait racontée à Billie, à ses parents, à quelques autres personnes qui voyaient en lui le héros qui protégeait sa petite sœur malade malgré tout ce qu'elle lui faisait subir. S'ils savaient que la réalité était bien différente et que c'était lui qui mériterait d'être enfermé... Max avait tout prévu, depuis des mois, et le pire dans tout ça, c'était qu'il était persuadé d'avoir raison, et qu'il faisait pour le mieux. Il ne parvenait plus à faire la distinction entre le bien et le mal, la réalité du fictif, tout ce qu'il faisait était bien et c'étaient les autres le problème. Obligatoirement. L'annonce que Max venait de faire avait sans doute dû secouer la jeune femme. Qui ne serait pas terrorisé à l'idée d'être entièrement, et même légalement, sous l'emprise d'une personne aussi tordue et perverse que pouvait l'être Max Cardinale ? Personne.

(c) oxymort

Suffering is synonymous with pleasure

There is no need to try to move a narcissistic pervert

️MissPie