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Run for your life [PW Elric & James]

Anonymous
Invité
# Mar 5 Déc 2023 - 21:33 • •
>> Invité
Il régnait dans le Fight Club du Bronx une irrésistible atmosphère comme seul l’illégalité peut en créer. Ça sentait la sueur, le sang, l’alcool et la masculinité toxique, alors qu’au centre d’une piscine vide, à la mosaïque ruinée par le manque d’entretien et les chocs répétés, deux mastodontes, torses nus, trempés de sueur et de tout un tas d’autres fluides plus ou moins identifiables, s’échangeaient de gargantuesques gifles. Chacun défiait l’autre de frapper encore plus fort par des rugissements primaux, sous les hourras d’un public principalement composé d’autres mastodontes, torses nus et imbibés de sueur et autres liquides. Ces spectateurs se massaient autour de grillage de chantier, disposé de manière vaguement circulaire, tandis qu’autour du bassin, d’autres curieux, habillés cette fois, observaient les gladiateurs en sirotant leurs verres. Enfin, dans la pénombre de cette salle, réservée aux habitués et aux connaisseurs, des hommes d’affaires en costume étaient attablés pour parler business. Ceux-là étaient de loin les plus dangereux, car ils tiraient bien souvent les ficelles, déterminant l’issue de nombreux combats ou « punissant » ceux qui refusaient de jouer selon leurs règles. Tous les muscles du monde ne pouvaient rien face à ce genre de pouvoir.

Accoudé au bar, Sean O’Hara laissait une serveuse lui recoudre l’arcade, l’interrompant régulièrement pour avaler une gorgée de bière. Son débardeur blanc était tâché de son sang et de celui de son adversaire, déchiré au niveau de ses côtes et globalement bon pour la déchetterie. Avec des gestes presque mécaniques tant ils étaient ancrés dans sa mémoire musculaire, l’irlandais défaisait les bandages sur ses poings et ses poignets, eux aussi tâchés de sang. Le boxeur serrait les dents alors que la jeune femme, pas infirmière pour un sou, appliquait maladroitement les points de sutures de fortune. Un large sourire était visible sur son visage : avec une nouvelle victoire par KO au 2e round, le rouquin affichait désormais un joli bilan de 7 victoires pour aucune défaite. Il commençait à être reconnu, respecté, craint, et ça lui plaisait énormément.

« C’est pas en bloquant les crochets avec ton front que tu resteras invaincu », avait commenté la serveuse en récupérant le kit de premiers soins sous le bar.
« C’est pas en tapant comme ma grand-mère que quelqu’un arrivera à me battre », avait rétorqué, euphorique, un Sean dont le visage maculé de sang ne laissait pas deviner qu’il venait de gagner haut le main son combat.

L’irlandais n’était pas encore un habitué. Entre les chantiers et ses virées nocturnes pour le compte du cartel, il ne pouvait pas se permettre de finir toutes ses soirées au Fight Club. D’ailleurs, il n’était pas sûr que ce soit le vrai nom de l’établissement. Depuis qu’un de ses collègues lui avait fait découvrir les lieux, il ne s’était pas posé la question, tant le surnom donné au lieu avait rapidement été adopté par ses amis. De plus, la possibilité de se faire un peu d’argent grâce aux paris et les prix loin d’être prohibitifs pratiqués pour les combattants faisait du bar un excellent lieu non seulement pour se divertir, mais aussi pour se bourrer la gueule. Réunir les deux plus grandes passions de Sean au même endroit, c’était l’assurance de faire de lui un client régulier.

Depuis quelques semaines, Elric et lui se retrouvaient bien souvent parmi les gagnants des grosses soirées. Ils s’étaient rencontrés au hasard d’une beuverie entre collègue, et leur appétence commune pour la bagarre avait fait le reste. Ils auraient même dû fêter Halloween ensemble, mais les choses s’étaient… mal goupillées. Toujours était-il que les deux hommes étaient rapidement devenus camarades de binouzes et de baston, une belle amitié qui avait justement commencé au fond de la piscine du Fight Club, le temps de trois rounds à trois grammes chacun.

Enfin, la serveuse achevait le dernier point de suture. Ils étaient probablement faits avec le cul et elle avait mis bien trop longtemps à les faire, mais vu que son décolleté se trouvait à quelques centimètres de l’irlandais déjà bien éméché, il n’avait pas fait la moindre remarque.

« Merci ma belle », remercia le rouquin avec un clin d’œil appuyé. Il sentit les coutures se distendre instantanément.

« Ah non hein, tu me salopes pas tes points tout de suite ! » protesta la jeune femme.

« Promis je fais gaffe ! Bon il est où Elric ? Il a fini de faire le con ou il a pas encore commencé ? »

« J’en sais rien, t’as qu’à le trouver et lui demander toi-même ! »

« Oula, mais j’suis presque à sec, j’peux pas y aller les mains vides ! »

« Sean, t’as encore la moitié de ta pinte… »

Comme si c’était un véritable défi, l’irlandais s’occupa prestement de vider le reste de bière qui avait l’audace de ne pas avoir été consommé. Puis, faisant glisser le verre jusqu’à son infirmière de fortune, Sean lança d’un air amusé :

« Je vois pas de quoi tu parles… »

Cette fois, la jeune femme de l'autre côté du comptoir ne put retenir un léger rire.

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