Destins croisés - Ft Alexis McKinney

« Je n’ai pas eu le choix, vous comprenez bien qu’il était hors de question de ne pas en parler. Si j’avais gardé le silence, tout New York me croirait coupable ! En abordant de moi-même le sujet, j’ai désamorcé la bombe, j’ai fait connaître la vérité et comprendre que je ne me laisserais pas salir de la sorte sans broncher. », à l’arrière de la voiture, le téléphone collé à l’oreille, Nate remonta la vitre le séparant de son chauffeur afin d’obtenir plus de confidentialité. « Edward, on veut me piéger. L’opinion publique est ma seule chance de ne pas tout perdre, et je vais me battre bec et ongles pour faire comprendre que je ne suis pas un simple gamin avec un compte en banque bien rempli et qui s’amuse avec ce qu’il combat le plus. », sa voix était ferme, il détestait cette situation, il avait envie de hurler, de retrouver les responsables de cette mascarade et de pouvoir ainsi reprendre le court de sa vie. « Cette drogue n’est pas à moi, vous me croyez, j’espère ? », perdant de sa superbe, ses mots s’étaient étranglés dans sa gorge sur la fin de sa phrase. Edward McKinney avait toujours cru en lui, en ses compétences, en son aptitude à grandir et à prendre une place importante dans cette ville, et la dernière chose qu’il souhaitait, c’était de voir la confiance de cet homme lui échapper. Il était en train de se faire sermonner comme un môme. Ses conseillers lui avaient expressément demandé de ne pas polémiquer sur son arrestation, ni sur sa garde à vue, Nathanaël Wellington aurait dû garder le silence. Mais ce n’était pas son genre. S’il savait écouter et prendre en compte les avis des plus sages, il était aussi capable de n’en faire qu’à sa tête, de prendre ses propres décisions et c’est exactement ce qu’il avait fait quelques jours plus tôt. Depuis, on lui rabâchait les oreilles, on lui mettait sous le nez les sondages désastreux le concernant en lui riant au visage, l’assommant tout en lui disant qu’il avait fait la plus belle erreur de sa carrière en se présentant à cette émission de télévision contre les recommandations de ceux qu’il payait une fortune pour que son image soit épargnée. Oui, enfin… Il semblait évident qu’ils avaient également totalement foiré leur boulot vu la situation ! Aucun journaliste n’aurait dû pouvoir sortir le moindre papier concernant la trouvaille de la police chez lui ! Maintenant, Nate ne faisait qu’essayer de rattraper les conneries des autres. Mauvaise foi ? Sans nul doute, mais c’était son visage qui se retrouvait placardé sur les tabloïds et son nom qui était sali, alors il avait bien le droit de faire un peu de mauvais esprit. « Je vais devoir vous laisser Edward, je suis arrivée et votre fille doit m’attendre. », en réalité, il avait presque une heure de retard, et quand bien même il l’avait averti, il n’était pas certain qu’elle ait eu la patience de rester tranquillement chez lui. « Non, ne vous inquiétez pas, elle ne sera pas éclaboussée par ce scandale, je vous le promets. », et voilà, c’était reparti pour un tour. On le mettait en garde… Puis la conversation prit un tournant auquel il ne s’attendait pas. C’était relativement habituel qu’Edward McKinney évoque sa fille en insinuant qu’ils feraient un couple parfait, mais au vu des circonstances actuelles, Nate poussa un soupir, fermant les yeux tout en se pinçant l’arête du nez, « Edward, s’il vous plaît… Alexis et moi sommes amis depuis le bac à sable. », il n’avait clairement pas l’intention de rentrer une énième fois dans un débat à ce propos, « On se reparle demain. Bonne soirée à vous et passez le bonsoir à votre femme. ».

La voiture venait de se garer dans le parking en sous-sol, et après avoir dit au revoir à son chauffeur, il se dirigea jusqu’à l’ascenseur pour composer le code permettant de grimper directement jusqu’à son penthouse. Quand les portes s’ouvrirent, il pénétra directement dans son salon, « Alexis ? ». La jeune femme connaissait les lieux, et il lui avait dit de faire comme chez elle en l’attendant, mais l’appartement baignait dans le silence. Faisant quelques pas, Nate tendit l’oreille afin de déceler une présence, mais rien ne semblait laisser supposer qu’elle était encore là. « Et merde ! », pestant d’avoir loupé une soirée agréable en bonne compagnie, il désespérait de réussir un jour à se dépêtrer de ses emmerdes lui prenant tout son temps et toute son énergie. Il n’avait pas même une minute à lui pour voir sa fille depuis le début de cette histoire…

Récupérant son téléphone qui avait trouvé place au fond de sa poche, il composa le numéro de McKinney. Les sonneries retentirent jusqu’à ce que le répondeur se déclenche, lui extirpant un soupir désespéré. Il espérait qu’elle ne lui en veuille pas trop de ce faux plan, « Alexis, c’est Nate. Je viens d’arriver chez moi, mais tu as dû rentrer. Je suis désolé d’avoir tant tardé. Rappelle-moi quand tu as mon message pour qu’on s’organise un proche… AAAAAAAAAH PUTAIN, MAIS QU’EST-CE QUE... ». Il venait de faire un bond deux mètres en arrière en apercevant une silhouette qu’il mit quelques secondes à reconnaître, « Laisse tomber, t’es en face de moi. ». Son rire avait résonné tandis qu’il s’approchait de la styliste pour la prendre dans ses bras, déposant un baiser tendre – et amical ! - sur sa tempe, « Tu m’as fait peur. J’ai cru que tu étais partie, merci de m’avoir attendu Lexie. ».

La vie personnelle d'Alexis était un bordel sans nom depuis quelques mois. Sa rencontre avec Enzo aurait pu et du donner quelque chose de beau, de pur, comme l'étaient ses sentiments à l'encontre de l'italien. Mais les secrets, les départs soudains, les excuses envoyées à la volée avaient eu raison des nerfs et de la patience de la jeune femme. Elle avait pris ses distances, elle voulait du temps pour réfléchir, mais dès qu'elle le voyait, elle avait un mal fou à ne pas succomber. Se tenir loin de lui lui faisait encore plus mal que ses innombrables secrets et Alexis était totalement perdue... Deux jours. L'éloignement n'avait duré que deux jours avant qu'il ne vienne à sa rencontre et qu'ils aient, enfin, une réelle conversation sur tout ça. Une de plus, une parmi tant d'autres, mais celle-ci ressemblait à une promesse. Un espoir était né et elle lui avait dit qu'elle l'attendrait. Que faire d'autre ? Elle était désespéramment et irrémédiablement amoureuse de lui. L'idée de le perdre la terrifiait et lui faisait mal à un point qu'elle n'aurait su décrire. Alors, même si la situation n'était pas reluisante, oui, elle l'attendrait. Combien de temps ? Elle n'en savait rien mais elle restait persuadée que ce serait lui ou personne. Alexis avait rarement ressenti quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un, en réalité, la seule fois où c'était arrivé, c'était parce qu'elle s'était brûlée les ailes en craquant pour son meilleur ami. Les autres hommes qui avaient traversé sa vie n'avaient été que de passage et il fallait bien avouer qu'elle avait rarement fait des efforts pour tenter de les garder. Cette fois, les choses étaient différentes, et effrayantes... Elle ne savait pas où elle allait et elle ne pouvait qu'avoir l'espoir que les choses s'arrangent. Il lui avait dit qu'il y travaillait. Elle l'avait cru. Elle espérait.

La brune était un peu plus légère depuis leur conversation et l'aveu qu'elle avait fait également de son côté concernant ce premier enfant qu'elle n'avait pas eu la chance de voir grandir. Elle lui avait ainsi exposé toutes ses craintes, se montrant vulnérable plus qu'elle ne l'avait jamais été, faisant céder ces barrières qu'on lui avait appris à ériger. Elle s'était libérée. Ce rendez-vous fortuit n'avait pas été sans difficultés et dans ces moments-là, Alexis avait besoin de trouver un refuge pour s'apaiser. Matt, Nate et Kevin étaient ces refuges. Selon l'humeur du moment, selon ce dont elle avait besoin, elle contactait l'un ou l'autre pour se retrouver simplement en présence d'une personne qui la sécurisait. Elle n'avait pas envie d'entendre les bêtises de Kevin, ni de voir Matt s'acharner à tenter de la faire sourire alors que le cœur n'y était pas. Elle était plus légère, certes, mais restait cependant dans l'incertitude, et dans ces moments là, c'était le plus posé, et sans doute le plus fleur bleue des trois qui avait sa préférence. Nate et Lexie se ressemblaient sur beaucoup de points, ils avaient une belle complicité et étaient toujours une oreille attentive l'un pour l'autre. Son père, en les voyant si proches et remarquant les capacités du jeune homme avait évoqué à maintes reprises la possibilité d'un mariage. Un mariage que ni l'un ni l'autre n'avait jamais envisagé étant donné leur relation. Alexis aimait Nate, elle l'adorait, d'un amour platonique. Elle le voyait plus comme le frère qu'elle n'avait jamais eu, et pourtant, si elle l'avait regardé un peu plus attentivement, elle aurait pu voir le charme fou qui se dégageait du jeune homme. Elle, elle ne voyait pas son physique, son regard qui pouvait envouter tout un auditoire, elle voyait son ami d'enfance à qui elle avait tenté de faire manger un gâteau de sable et qui, en représailles, avait mis un serpent en plastique dans son lit. Des conneries de gosses...

Il était un ami, un soutien, un frère avec qui elle pouvait se pelotonner dans le canapé pendant des heures en mangeant des cochonneries devant des comédies romantiques. Voilà la relation qu'avaient Nate et Lexie. Il savait presque tout de sa vie, et notamment ses déboires avec les hommes. Il avait été le seul à qui elle avait avoué ses sentiments concernant Matt, mais pour ce qui était d'Enzo, elle était étrangement peu loquace. Cette soirée, elle en avait besoin pour se vider l'esprit. Elle ne savait pas trop si elle devait parler de tout ça à Nate, il avait toujours écouté, mais le sujet était particulièrement délicat. Elle se disait qu'il pourrait sans doute l'aider à évacuer et la conseiller mais en même temps, elle n'avait pas envie de ressasser tout ça, et sans doute qu'une soirée plus légère serait appréciable. La brune avait fait comme chez elle, entrant dans l'appartement et allant se préparer un thé en attendant que Nate arrive. Les minutes défilaient, la brune s'était installée dans le canapé, pianotant sur son téléphone pendant un moment. Elle avait fini par le lâcher, le laissant sur le guéridon pour aller laver sa vaisselle, pensant à rentrer chez elle quand il se mit à vibrer. De la cuisine, elle ne l'avait pas entendu et c'est une voix qui la fit sortir de la pièce. Nate était en train de parler tout seul ? En réalité, il était en train de laisser un message sur ledit téléphone et lorsqu'elle le vit, il se mit à hurler. La brune tressaillit, la peur du brun lui revenant comme un boomerang tant elle ne s'attendait pas à l'effrayer ainsi.

Je ne me pensais pas si terrifiante, répliqua t-elle avec un petit sourire amusé alors qu'il s'approchait d'elle pour l'enlacer et l'embrasser. La brune se serra contre lui, reposant sa tête contre son torse en fermant les yeux pendant quelques secondes. Cette simple étreinte lui faisait beaucoup de bien et c'est à contrecœur qu'elle s'était éloignée.

Enlève ta veste et installe toi, j'ai l'impression que la journée a été longue et pénible ! Je te rapporte quoi ? Un thé glacé ou quelque chose de plus corsé ? J'ai rapporté quelques petites choses que je suis allée chercher chez le traiteur si tu as faim.

Elle attendit sa réponse avant de s'esquiver dans la cuisine, ramenant leurs boissons et quelques mignardises salées qu'elle posa sur la table basse.

Alors, cette journée, compliquée ?

Les nerfs en pelote. C’était une définition presque trop faible pour décrire l’état dans lequel se trouvait Nate. Il faisait en sorte de ne rien montrer, de rester calme, posé et serein devant ses collaborateurs ou les citoyens new-yorkais, mais au fond, il bouillonnait. Seuls ses proches avaient la chance – ou pas – de subir sa mauvaise humeur, ses craintes, ses angoisses ou sa colère. Les enquêteurs avaient également eu le droit à ses sermons puisqu’il ne s’était pas gêné pour leur faire savoir son mécontentement face à leur inaptitude à trouver les coupables de cette supercherie.

Son métier, c’était ça. Il se devait de se montrer confiant, souriant, sûr de lui et imperturbable tout en restant accessible. L’exercice n’était pas aisé, et il lui arrivait bien souvent de se planter. Nathanaël Wellington avait la réputation d’être honnête dans ses propos, d’être un homme vrai qui ne se cachait pas au moindre problème, alors il s’efforçait de faire son maximum pour préserver cette vision qu’on avait de lui. Oh, on le prenait également pour un gamin né avec une cuillère en argent dans la bouche, un jeune ambitieux cherchant le pouvoir que son argent ne pouvait pas lui offrir et qui, comme toutes les personnes de sa catégorie sociale, était prêt à tout pour obtenir ce qu’il désirait. Tant de choses contradictoires pour un seul homme… C’était le jeu de la notoriété, de la politique. Dire que les défauts qui lui étaient donnés étaient totalement faux, serait mentir, après tout, il y avait souvent une part de vérité dans la moindre description qu’on faisait de lui, mais ce qu’il n’était pas, et cela était certain, c’était un drogué ! S’il était prêt à laisser couler certaines rumeurs, celle-ci ne souffrait d’aucun doute, et il ne pouvait clairement pas accepter qu’on lui colle cette étiquette.

Lorsqu’il était sorti de garde à vue suite à la fouille de son logement, il n’avait pas perdu de temps pour agir. L’émission de télévision à laquelle il avait participé avait beaucoup fait parler, les journalistes ne s’étaient pas privés pour qualifier le jeune homme de menteur, d’arriviste, de fourbe, de manipulateur et tout un tas d'autres termes tout aussi sympathiques, mais il y avait également eu beaucoup de voix le soutenant. C’était sur ces dernières qu’il souhaitait se concentrer. L’opinion publique le croyait quand il se disait innocent des charges pesant contre lui. Sans doute que trop de monde l’avait vu batailler des années durant contre le fléau que représente la drogue pour se laisser manipuler si facilement. C'est pourquoi il se félicitait de cette prise de parole. Là où ses conseillers s’insurgeaient face à son manque de discernement, lui, il voyait un coup d’éclat. S’il n’avait pas dit sa vérité, une autre histoire aurait été annoncée, et il aurait perdu tout ce qu’il avait si durement construit.

Ce scandale était une bataille de tous les jours, et la fatigue commençait à se faire ressentir. Le moral était quelque peu dans les chaussettes tandis que la patience se faisait de plus en plus rare. Alors cette soirée, cette parenthèse, avec Alexis était la bienvenue. Avec la jeune et jolie styliste, il savait qu’il pourrait parvenir à se changer les idées ou, qu’à défaut, elle trouverait les mots justes pour apaiser ses appréhensions. La condition sine qua non à ce moment de répit était qu’elle ait accepté de l’attendre… Sa journée avait été laborieuse – encore – et il l’avait prévenu de son retard, mais il ne lui en voudrait pas si elle avait finalement décidé de rentrer chez elle au lieu de poireauter tranquillement.

Quand les portes de l’ascenseur s’étaient ouvertes sur ce qui constituait l’entrée de son appartement, Nate avait poussé un soupir. Il était chez lui, enfin ! Ses prunelles avaient parcouru son salon à la recherche d’une trace de McKinney, et un nouveau soupir avait franchi ses lèvres en constatant que rien ne se présentait à sa vue. Quelque peu las de n’avoir aucun temps à consacrer à personne, il avait attrapé son téléphone pour joindre son amie, s’excuser et programmer une nouvelle soirée tout en se dirigeant vers sa cuisine en espérant trouver de quoi remplir son estomac.

Quelle ne fut pas sa surprise en apercevant une silhouette ! Deux pas en arrière, un cri très viril et une main posée sur le cœur plus tard, Nathanaël sentit la commissure de sa bouche s’étirer pour former un sourire radieux. Il n’était pas seul. Alexis était là.

« Ne dis pas de bêtises, tu es magnifique. », la serrant dans ses bras pour lui dire le bonsoir, il avait rigolé doucement en l’entendant faussement s’offusquer de sa réaction disproportionnée.

Retirant sa veste comme elle venait de le lui dire, il la regarda avec un sourire mutin, « Une femme à la maison pour prendre soin de moi, voilà ce qu’il me manque ! Pour la boisson, ne te prends pas la tête, le premier truc qui te passe sous le main sera parfait. Pour ce qui est de la nourriture… Tu es ma sauveuse, mon héroïne ! Je n’ai pas mangé depuis ce matin, je meurs de faim ! ».

Alors qu’il retroussait les manches de sa chemise afin d’aller lui donner un coup de main en cuisine, il n’en eut pas le temps qu’elle revenait avec tout ce qu’il leur fallait, « Alexis McKinney, est-ce que je t’ai déjà dit à quel point tu es géniale ? ». Attrapant une partie de ce qu’elle tenait en équilibre dans ses bras pour la soulager, il se dirigea vers le centre du salon pour déposer ces trésors sur la table basse avant de prendre place dans un fauteuil, juste en face de la jeune femme.

« Éreintante. Longue. Laborieuse. Comme toutes celles qui ont précédé depuis quelque temps. », chose assez inhabituelle chez lui, il s’était affalé entre les coussins, son pouce et son index venant pincer doucement l’arrête de son nez tandis qu’il fermait les yeux un instant. « Tout va s’arranger, ça ne peut pas en être autrement. », il lui accorda un sourire tandis qu’il piochait un petit salé qu’il avala rapidement.

« Et toi ? Tu avais une petite voix l’autre jour au téléphone. Que se passe-t-il ? », Nate avait toujours préféré éluder les conversations quand elles se concentraient sur lui, préférant nettement porter son attention sur les autres dès lors qu’il sentait qu’un souci les préoccupait. En l’occurrence, ça lui semblait flagrant que son amie en avait gros sur le cœur et ils avaient toute la soirée pour en discuter.

La vie n'était pas simple ni pour l'un ni pour l'autre et ce, pour des raisons bien différentes. Alexis avait enfin créé sa propre entreprise et, si elle ne comptait pas ses heures et que cela générait une certaine source de stress, elle était néanmoins satisfaite des premiers résultats. La brune avait pris le temps avant de se lancer, voulant être sûre de ses appuis et d'avoir un carnet client bien rempli afin de ne pas se retrouver le bec dans l'eau. Côté pro, ça allait ! Côté perso...C'était autre chose. La brune était bien entourée, elle avait pas mal d'amis mais quand il s'agissait de ses relations amoureuses et bien...Sans doute que Nate était celui à en savoir le plus long sur cet aspect catastrophique de sa vie. Elle avait longtemps enchainé des relations "courtes", se morfondant dans l'ennui ou trouvant toujours un détail qui l'agaçait chez l'autre quand elle ne tombait pas sur un pur crétin qui la malmenait. Elle avait mis le temps avant de prendre conscience que ces foirages étaient en grande partie liés au fait qu'elle pensait toujours à un autre quand elle était avec eux et il avait fallu de nombreuses années avant qu'elle ne parvienne, enfin, à passer à autre chose.

Du côté de Nate, les choses ne semblaient pas plus évidentes. Il se "cachait". Les journaux parlaient de lui de mille et une façons, c'était le risque à être une personnalité publique et Alexis était à peu près sûre qu'il se moquait bien qu'on le voie marié à Paris Hilton ou à Obama. Par contre, le dernier article à scandale qui avait entaché sa réputation, ça, elle se doutait bien que ça l'affectait. Et plus encore de se retrouver en garde à vue pour une grotesque histoire de drogue. Ils avaient besoin, tous les deux, de décompresser et Lexie ne refusait jamais une petite soirée tranquille à se pelotonner devant la télé avec son ami tout en grignotant des petites merveilles salées. Ce moment qu'elle s'imagine des plus détendus tourné cependant étrangement quand c'est un cri -extrêmement viril !- qui l'accueille. La brune s'offusque, se pensant presque arrivée dans un film d'horreur mais en ayant le rôle du monstre ! Un petit sourire moqueur étira ses lèvres alors qu'il la complimentait pour tenter de rattraper ce moment de gênance, le regardant d'un air de dire : c'est ça, vas-y, rattrape toi !

Elle lui avait demandé ce qu'il voulait boire, allant chercher le plateau qu'elle avait déjà préparé dans le réfrigérateur tout en répondant à sa première remarque :

Tu sais, si tu veux une femme pour s'occuper de toi, il y a deux options très simples : Je lance une annonce comme quoi tu es enfin prêt à te caser et dans l'heure tu as un troupeau devant ta porte et plus que l'embarras du choix...Mais il faudra aussi la supporter touuuuut le temps... Soit tu te payes les services d'un personnel de maison, que des avantages !

Elle tenait plusieurs choses un peu en équilibre et Nate vint l'aider, lui glissant au passage qu'elle était géniale, la brune ne manqua pas de rétorquer du tac au tac.

Honnêtement ? Pas assez souvent non !

Ils s'étaient installés, l'un en face de l'autre. Malgré le fait qu'il commence à y avoir une météo plus que favorable, Lexie avait mis un plaid sur ses genoux, sans doute plus par besoin de s’emmitoufler que de chaleur. Elle lui avait demandé ce qu'il en était de sa journée et Nate semblait en avoir gros sur la patate mais il ne s'étendit pas sur le sujet, lui renvoyant la balle.

Ça finira bien par se tasser...

Elle était restée silencieuse quelques instants, prenant une gorgée de thé glacé alors qu'il évoquait sa "petite voix". Ses problèmes n'étaient pas bien importants à côté des siens et ça lui paraitrait sans doute bien puéril qu'elle se mette dans de tels états pour un homme...Finalement, elle retrouva son petit sourire et lui lança sur un ton taquin :

Tu ne m'as pas encore entendue assez parler de Lui ?

Enzo était à peu près la seule cause de ses tourments sur ces derniers mois. Au début, s'il la rendait folle, c'était à cause de son caractère insupportable. Ils ne faisaient que se renvoyer des piques, se provoquer, il la rendait totalement dingue et ses amis se plaisaient à le lui faire remarquer, ce qui l'agaçait d'autant plus. A présent, c'étaient les secrets, ces rencontres étranges, et les révélations de ces derniers jours qui la troublaient.

Il m'a...Révélé certaines choses. Il est resté vague, comme souvent, donc je ne peux que l'imaginer et extrapoler. Il a laissé entendre qu'il avait fait certaines choses par le passé...D'assez graves. Et que sa famille n'est pas réellement ce qu'elle semble être. Elle s'arrêta un instant avant de reprendre : C'est embrouillé. Tu connais les Forzalli, as-tu déjà remarqué quelque chose d'étrange chez eux ? Peut-être devrais-tu te méfier d'eux. Surtout du patriarche...

Elle même ne savait pas vraiment quoi penser. Après tout, il était bien possible qu'elle soit totalement aveugle ou qu'Enzo soit un parfait manipulateur qui l'embobinait depuis des mois. Elle n'avait pas envie de penser ni de croire une telle chose. Elle avait envie, non, elle avait besoin de se dire que ses propos étaient vrais, qu'il n'y avait là aucun jeu de sa part. Elle se demandait comment elle avait fait pour se retrouver dans cette situation, elle ne cessait de se répéter qu'il vaudrait mieux, pour sa santé mentale, qu'elle parvienne à s'en détacher, mais elle en était incapable... Elle, elle ne voyait pas cette part d'ombre qu'il évoquait mais tentait de dissimuler. Elle voyait sa douceur, son sourire, le regard qu'il posait sur elle et qui lui réchauffait le cœur. Elle n'aurait peut-être pas dû aborder les choses de cette façon avec Nate mais elle lui faisait confiance, et en dehors de lui, elle ne savait pas trop à qui parler de ça. Kevin lui dirait qu'elle psychotait, et Matt...Il lui dirait probablement de fuir. Depuis le départ, dès qu'elle parlait d'Enzo, il avait un comportement étrange et ça lui avait mis la puce à l'oreille. Savait-il des choses qu'il se refusait de révéler ?

S’octroyer du temps libre était un luxe qu’il ne se permettait que trop rarement. Son agenda était bardé de rendez-vous, tous plus professionnels les uns que les autres. Si le jeune homme aimait cela, il devait bien avouer que depuis quelques semaines, ce rythme devenait de plus en plus éreintant. Sa fatigue n’était pas réellement liée à sa charge de travail ou à son manque de sommeil, non, elle était surtout due à la lassitude des conversations tournant en boucle lors des événements auxquels il se rendait. Le tout New York semblait obnubilé par une seule et unique chose dès lors qu’il rentrait dans une pièce : ses déboires avec la justice et sa prise évidente de drogues, stupéfiants ou autre cochonnerie. Il se sentait scruté, épié. On l’observait comme s’il avait des secrets à cacher et on l’interrogeait même sur les cernes qui venaient décorer son regard et qu’il peinait à dissimuler. Ses compatriotes se montraient suspicieux, lui faisaient des sous-entendus, essayaient de prêcher le faux pour savoir le vrai – ou inversement -, tentaient de le désarçonner, de lui soutirer des informations, des révélations ou ne se gênaient tout simplement pas pour lui faire comprendre le fond de leurs pensées, à savoir qu’ils le pensaient coupable. Heureusement, Nathanaël recevait également des marques de soutien. Beaucoup lui disaient qu’ils n’avaient pas cru un seul instant ce qui était écrit dans les journaux, ce qui était dit dans les médias et ce qui était annoncé dans des reportages. C’était réconfortant de savoir qu’on ne le prenait pas pour un camé, qu’on ne prenait pas pour argent comptant tout ce que la presse pouvait raconter et qu’on prenait davantage en compte ses actions passées plutôt que des calomnies et des ragots.

Ce soir, il n’y avait pas de représentation, pas de dîner, pas de discours, pas de conversation durant laquelle il devrait faire attention au moindre mot employé. Non, ce soir, il allait enfin pouvoir profiter d’une charmante compagnie, et Nate était plus que ravi de recevoir son amie chez lui. Ou plutôt… C’était elle qui le recevait chez lui ? Alexis avait tout préparé, elle avait acheté de quoi se restaurer, elle avait choisi des boissons tandis que lui se contentait d’arriver en retard et ne faisait que mettre les pieds sous la table. Il faisait un piètre hôte !

« Mmmh, laisse-moi réfléchir... », une risette en coin, il s’était doucement gratté la tempe comme s’il était en profonde réflexion, « Pour le troupeau, je vais laisser ma place à quelqu’un d’autre, je ne saurais pas quoi faire de toutes ces demoiselles. ». Son rire venait de s’échapper d’entre ses lèvres alors qu’il ne faisait que dire la vérité. « Sinon je peux aussi te demander de m’épouser, comme ça, tu pourras prendre soin de moi tout le temps ! Qu’est-ce que tu en penses ? Je suis sûr que cette idée plaira à ton père, il m’en a encore fait l’allusion pas plus tard qu’il y a quelques minutes. », il avait pris l’habitude d’entendre Edward McKinney tenter de le convaincre d’inviter sa fille à un rendez-vous plus romantique qu’amical, et il avait pris le parti de cesser d’essayer de lui faire comprendre que cela n’arriverait jamais, qu’ils étaient amis depuis qu’ils étaient gosses et que cette relation leur convenait parfaitement à tous les deux.

Ils s’étaient installés dans le salon, les denrées avaient été déposées sur la table basse avant que Nate ne prenne place de façon nonchalante dans un fauteuil. Ça ne lui ressemblait pas de s’avachir de la sorte, mais il était mentalement épuisé, et la dernière des choses dont il avait besoin, c’était de s’attarder sur ses problèmes. Il avait répondu rapidement à Alexis concernant sa journée, préférant faire abstraction des emmerdes qui lui tombaient dessus les unes après les autres. « Tu sais ce qu’on dit, un scandale en chasse un autre, il suffit d’attendre le prochain pour que le mien tombe dans les oubliettes. », il faisait en sorte de se montrer optimiste bien qu’avec sa prétention à vouloir devenir le futur maire de la ville il y avait peu de chance pour que cette histoire de perquisition s’efface des mémoires collectives.

À l’heure actuelle, ce qui l’inquiétait, c’était la petite voix ainsi que la mine préoccupée de son amie, « Qu’est-ce qu’il a encore fait cet imbécile ? ». Quand Alexis lui avait dit avoir rencontré quelqu’un environ deux ans auparavant, Nate avait été plus qu’heureux pour elle, et quand elle lui avait appris l’identité du chanceux, il avait été persuadé que ce nouveau couple deviendrait la nouvelle attraction de l’Upper East Side. La fille unique de McKinney et un Forzalli… Sur le papier, c’était magnifique, et il devait bien avouer qu’ils l’étaient. Mais c’était sans compter sur le fait que cet Enzo semblait être totalement différent du reste de sa famille. Pour Wellington, les Forzalli étaient des hommes de confiance, des personnes sur qui on peut compter, à qui on peut se fier, des hommes droits, sûrs, sérieux et agréables. Il avait d’ailleurs été particulièrement étonné de ne pas voir les visages des deux tourtereaux s’afficher à la une de la presse écrite de la ville, mais il avait mis cela sur le fait qu’ils désiraient préserver leur jardin secret. Plus le temps avait passé, plus son amie lui parlait de ce qu’elle vivait, et plus ce Forzalli qu’il ne connaissait pas lui semblait être un parfait idiot. Au début, il avait pensé que, comme les autres membres de cette famille, il aimait la discrétion, mais il était clair à présent que si Vittorio et Tomas avaient décidé de l’écarter des affaires familiales florissantes, ce n’était pas sans raison…

« Des choses graves ? De quel genre ? », était-ce à cause de ces choses qu’il était si absent auprès des siens ? À dire vrai, à chaque fois qu’il avait essayé d’en parler à l’un des autres membres, le sujet avait été soigneusement esquivé, « Ils ne sont pas particulièrement friands de bavardages dès qu’il s’agit de leurs affaires personnelles, mais ce sont des hommes bien. Vittorio est d’un grand soutien pour ma campagne, quant à Tommaso, il est devenu un véritable ami. ». Il était en train de gamberger tandis qu’il commençait à avaler un petit-four, « Je ne veux pas jouer au père moralisateur, mais… Alexis, tu n’as pas l’air d’être particulièrement épanouie auprès de lui. Depuis que tu l’as rencontré, j’ai l’impression que vous n’avez pas eu beaucoup de moments de bonheur, je me trompe ? ».

Peut-être n’est-il pas le mieux placé pour donner des conseils en amour. Quand on regarde son palmarès personnel, il y a de quoi rire à gorge déployée !

Il s’était levé pour s’asseoir à côté de son amie dans le canapé, « Tu mérites d’être avec quelqu’un qui te rend heureuse, quelqu’un qui n’a pas tant de secrets et qui ne fait pas de sa vie un mystère. ». Il avait déjà vu la jeune femme se morfondre pendant des années pour un garçon, et la dernière chose qu’il souhaite, c’est de la voir retourner dans ce schéma, « Tu es amoureuse, ça crève les yeux, mais lui, est-ce qu’il te l’a déjà dit ou est-ce qu’il fait de ça une énigme également ? ». Il avait déposé sa main sur la cuisse de la brune, ses mots étaient un peu durs, mais il ne voulait que son bien et il commençait sérieusement à douter que cette relation, dans laquelle elle s’enfermait, lui procure la paix et l’amour qu’elle est en droit de recevoir.

Cette petite soirée devait être détendue. Alexis appréciait toujours ces moments avec Nate, sans prise de tête. Il pouvait être sérieux, amusant, et chou. Oui, chou. Elle se retenait parfois de le papouiller comme si c'était un môme, après tout, il avait une image d'homme politique à conserver ! Et il fallait bien avouer qu'elle adorait ce contraste, car même s'il se montrait très naturel auprès de ses électeurs et qu'il était lui même, il avait aussi cette apparence d'être un véritable roc, un pilier qui ne faillirait pas. C'était, en tous cas, l'observation que la brune s'était faite. Et c'était vrai aussi dans un contexte plus amical, mais elle avait pu voir avec le temps sa sensibilité, ses forces et ses failles, et, encore une fois, elle le trouvait trop chou ! C'était de ce genre de mec dont elle aurait dû tomber amoureuse, pas de faux semblants, pas de réponses évasives, pas de secrets ! Il savait être drôle, réconfortant, et sérieux quand il le fallait. Un mec bien, et équilibré finalement... Au lieu de ça elle a craqué pour un mec qui était resté un adolescent même à trente trois ans, avant de prendre son total opposé. Décidément, elle avait un don pour les choisir ! Alexis n'avait pu s'empêcher de rire face à la répartie de son amie quant au troupeau, ajoutant que c'était elle qui devrait l'épouser, tout serait tellement plus simple ! Et c'était vrai, les choses seraient faciles avec Nate...Évidentes. Il manquait juste un léger détail : ce n'était pas de cet amour là qu'ils s'aimaient, quant aux contacts physiques...Alexis n'avait pas encore choisi la vie monastique !

Tout aurait été beaucoup plus simple avec toi... C'est facile de t'aimer, même mon père y arrive, lança t-elle avec un léger rire. Son père...Il n'en démordait pas. Il les avait imaginés ensemble alors qu'ils étaient encore dans le bac à sable ! Et sans doute qu'à l'adolescence, Lexie s'était posé la question. A une époque où le brun n'était pas encore sorti du placard et commençait à devenir un beau jeune homme. Puis elle avait rencontré Matt. Il était son contraire, il était libre et un tantinet rebelle, elle avait vite craqué pour ce crétin au sourire rayonnant. Nate avait fait sa vie, il s'était marié, avec eu une fille et Lexie...Aussi. Mais elle n'avait jamais pu profiter de sa fille contrairement à lui. En réalité, même Nate ignorait cette triste expérience, et seules deux personnes, en dehors de ses parents, étaient au courant de cela.

Ils avaient évoqué le scandale qui faisait tant parler de Nate dans les journaux depuis quelques semaines. Comme pour tout, ça se tasserait, c'était sûr. Mais en attendant, elle ne pouvait que comprendre que cela le travaillait, et qu'il devait être en colère qu'on l'accuse ainsi d'une telle chose. C'était inimaginable, pour lui qui se battait contre ce fléau qu'était la drogue, que de se voir accusé de la sorte. Elle avait doucement hoché la tête avant de répliquer sur un ton taquin :

Ça fait bien longtemps que je n'ai pas fait la une, mais si ça peut t'aider...
A l'adolescence, la jeune femme s'était fait remarquer plus d'une fois et avait fait la couverture des magasines à scandale de la ville. La fille d'Edward McKinney, cet homme qui possédait un empire en aéronautique et pilotait le tout d'une main de fer avait une fille un peu trop...Extravagante. Elle semblait tout faire pour être en total décalage avec son géniteur et ça avait été plus que remarqué. Avec les épreuves et les années, la brune s'était calmée, elle s'était rangée. Elle avait même créé sa propre entreprise mais était-elle heureuse pour autant ? Ca lui arrivait. Ce n'était pas toujours le cas, mais ça arrivait. Alors, lorsque Nate souligna sa "petite voix", elle ne pu que répliquer sur un ton léger. Après tout, la cause de ses tourments était toujours la même. La brune avait commencé à parler, elle s'interrogeait sur tout ce que Enzo lui avait révélé. Cette famille était un véritable poison. L'avait-il embobinée ? Lui racontait-il n'importe quoi avec une histoire extravagante ? Après tout, plus c'était gros, plus ça passait. Peut-être qu'au final, il n'était qu'un type banalement ennuyeux qui avait simplement trois maitresses et une flopée de gosses aux quatre coins de la ville. Seulement, ça, Alexis refusait d'y croire. Elle se raccrochait à ce qu'il lui disait, à ces moments où il parvenait, enfin, à s'exprimer à cœur ouvert même si les mots étaient maladroits et avaient du mal à sortir. Elle avait tiqué, se mordillant la lèvre lorsque Nate avait soulevé le fait qu'elle ne semblait pas connaitre énormément d'instants de bonheur avec l'italien. Ils avaient des hauts et des bas. Si elle notait tout sur un papier, en faisant deux colonnes et la liste des choses positives et négatives, le négatif l'emporterait surement, en tous cas, si l'on mettait la raison à contribution. Mais son cœur, lui, parlait un autre langage et elle ne parvenait à accepter que la raison l'emporte, encore une fois. Elle n'avait pas répondu tout de suite et le brun était venu s'asseoir auprès d'elle, reprenant la parole. Elle avait baissé le regard, semblant se perdre dans la contemplation de son verre alors qu'il lui demandait si Enzo avait déjà dit clairement qu'il l'aimait. Ses épaules s'affaissèrent. Non, il n'avait jamais prononcé ces mots là, mais leurs dernières conversations le laissaient sous-entendre et elle se raccrochait à ça.

Il...Il ne s'exprime pas facilement. Il ne l'a jamais dit tel quel mais il l'a fait, à sa façon...

Enzo l'avait touchée en plein cœur de bien des façons, même s'il n'avait jamais prononcé les "trois petits mots".

Je ne sais pas vraiment ce qu'il se reproche et qui semble tant le torturer mais il m'a dit que sa famille flirtait avec l'illégalité... En fait, en toute honnêteté, il a été assez clair sur ce sujet-là, qualifiant son grand-père de mafieux, ajoutant qu'il savait très bien se protéger et faire en sorte que ses affaires soient discrètes et ne ternissent pas son image. Nate, je ne devrais peut-être pas te dire cela, mais ça m'inquiète de te savoir si proche d'eux si ce qu'il dit est vrai.

Deux options étaient possibles à présent : Nate n'en croyait pas un mot et penserait que cet Enzo se moquait totalement de son amie, ou le doute allait s'immiscer...

Tu plaisantes sur un hypothétique mariage entre vous. Et elle surenchérit. Combien de fois l’avez-vous fait ? Cette idée vous amuse. Elle vous amuse d’autant plus que le père d’Alexis vous tient régulièrement la jambe, à l’un comme à l’autre, à ce propos, « Si Edward m’adore, c’est parce que je suis exceptionnel. ». Tu bombes légèrement le torse comme pour prouver tes dires. C’est vrai que, si tu demandais sa main à ton amie, tout serait plus simple parce que les hommes sont beaucoup trop compliqués à comprendre ! Voilà une autre raison expliquant qu’Alexis et toi trouviez cette idée farfelue. Tu regardes le même genre de personne qu’elle… Alors un mariage, entre elle et toi, ce serait à la fois hilarant et assez triste. Ce serait tirer un trait sur le véritable amour et tout ce qui l’accompagne. Ce serait vous bloquer dans une vie sans aucun frisson et sans jouissance physique. Non, clairement, ce serait ridicule !

Viens sur le tapis ta propre existence. Tu n’as pas vraiment envie de t’appesantir sur le sujet. Tout ce que tu veux, Nate, c’est une soirée tranquille. Des rires et de la bonne humeur. Et très honnêtement, tu es fatigué de parler de cette perquisition, de la drogue trouvée chez toi, des journalistes qui t’interrogent, des new-yorkais qui te tombent dessus et tout ce qui s’en suit. Tu fais en sorte de rester calme et stoïque, mais au fond de toi, tu bouillonnes à chaque nouvelle question. À tes yeux, elles sont toutes déplacées, elles te mettent hors de toi. Jamais, non jamais, tu n’as ne serait-ce que tiré sur une cigarette. Tu te bats corps et âme contre ce fléau qui gangrène de plus en plus la ville, et tu ne comprends pas comment certains peuvent croire à cette calomnie. En même temps, la drogue se trouvait bel et bien dans tes affaires. Chez toi. Dans ton appartement. Ce mystère t’agace. C’est pire que de l’agacement. Quand tu y penses, tu as envie de casser un truc, mais ce n’est clairement pas ton genre. Non, toi, Nate, tu ronges ton frein, tu te démènes pour trouver une solution et tu agis. Mais tu ne fais pas preuve de violence. Bref. Revenons-en à nos moutons. Tu balaies assez rapidement tes soucis, et la proposition de ton amie te fait sourire, « Tu serais prête à mouiller la chemise pour me donner un peu de répit ? C’est adorable ! », bien que tu sois touché, tu surjoues un peu avant de reprendre sur un ton plus sérieux, « Ne t’en fais pas, tu n’as pas besoin de t’attirer les foudres de ton paternel, il suffit de laisser les choses se tasser. ». Tu sais très bien que papa McKinney n’apprécierait pas, et même sans cela, tu ne demanderais jamais à Alexis de créer un scandale sur sa propre personne pour faire oublier le tien.

Ce qui t’inquiète vraiment, c’est sa petite mine à elle, alors tu lui demandes comment elle va. Et, bien évidemment, mais tu t’en doutais un peu, le sujet principal de ses tourments est encore et toujours le même. Le Forzalli dont elle s’est amourachée. Elle aurait pu choisir le premier cousin de la famille, ça aurait été nettement plus simple avec Tommaso ! Cet Enzo est insupportable. Tu as déjà beaucoup trop vu ton amie pleurer ou être malheureusement par sa faute, il commence donc à te sortir par les trous de nez et tu ne te gênes pas pour le faire savoir. Tu mets les formes, parce que tu es comme ça et que tu évites toujours les confrontations frontales virulentes. Ça ne mène à rien et c’est contre-productif. Surtout que là, ce que tu voudrais, c’est qu’Alexis ouvre les yeux sur cette relation qui te semble plus que toxique, « Jamais de mots, mais des actes. C’est déjà pas mal, mais en deux ans, il bloque encore là-dessus ? ». Tu ne sais rien de lui, ou plutôt, tout ce que tu sais, ce sont les non-dits qu’il fait lui-même et ceux fait à son égard. Il y a une épaisse fumée qui l’entoure, comme s’il ne fallait pas prononcer son nom pour tu ne sais quelle raison. Aucun des membres de la famille Forzalli n’a jamais voulu aborder le sujet, et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Tu as toujours trouvé cela étrange. Dérangeant. Et avec les explications que te donne Alexis, ton impression est multipliée par mille.

Tu laisses échapper un petit rire. Un rire un peu mal à l’aise mélangé à un rire étonné. C’est un assemblage qui te déstabilise légèrement. Tu es du style à protéger ceux que tu apprécies et ceux que tu aimes. Tes sentiments peuvent même aller jusqu’à aveugler un peu ton jugement, mais là… Franchement là, tu es sur le popotin. « Vittorio n’a rien d’un mafieux. », maintenant que tu dis le mot, tu ris vraiment. C’est absurde. « Ça ressemble plus à une dérobade grotesque qu’à une véritable explication. », tu refuses d’avoir le moindre doute. L’italien a été et est encore aujourd’hui un soutien sans failles pour toi. Entendre qu’on puisse le salir pour justifier ses faiblesses ou ses incapacités à tendance à t’irriter le poil. Cependant, tu penses que la personne la plus touchée par ta réaction sera Alexis. Si tu ne veux pas qu’elle s’embourbe dans une histoire sans avenir avec un mec qui n’en vaut pas la peine, tu dois la mettre en garde. Mais tu ne peux pas non plus lui dire franco. Il faut que tu doses, tu n’es pas paroles d’Évangile et se mêler des histoires de cœur des amis, c’est souvent une mauvaise idée.

Tu te rapproches d’elle sur le canapé et tu te saisis délicatement de sa main que tu resserres entre tes doigts, « Alexis… », tu la regardes dans les yeux, un sourire bienveillant sur les lèvres, « Si c’est ce que tu veux, j’essaierais de me renseigner davantage sur lui. J’ai des entrées dans la police et si tu dis qu’il a des choses à se reprocher, cela peut peut-être t’aider à y voir plus clair de savoir ce qu’elles sont exactement. ». Puisque personne ne semble avoir envie de parler ou de vous expliquer ce qu’il en est réellement, c’est à vous d’aller à la pêche aux informations !

« Parlons de choses plus réjouissantes, comment se passent tes affaires ? Vais-je pouvoir assister à un défilé McKinney à la prochaine Fashion Week ? », tu l’as invité pour passer un bon moment, et clairement, les derniers sujets abordés ont été tout, sauf amusant.

La relation entre ces deux là était simple, facile, évidente...La compréhension était mutuelle, il n'y avait aucun secret ou non-dit, il n'y avait pas de réponses vagues ou inexistantes sur des sujets sensibles. Oui, ces deux-là auraient pu faire un couple parfait, seulement... Il n'y avait pas cette étincelle qui faisait qu'on avait envie de choisir l'autre pour partenaire, d'autant que c'était pour une double raison concernant Nate, en effet, Alexis n'avait absolument pas le corps fait pour l'attirer ! Ils se charriaient, ils s'écoutaient, se soutenaient. C'était sans doute pour ça que, pour Edward, c'était une évidence. Il n'avait jamais compris que ces deux là ne se soient jamais rapprochés d'une façon plus sentimentale, et quand bien même ils ne seraient pas amoureux, épouser quelqu'un avec qui l'on s'entend bien est déjà magnifique en soi, selon lui en tous cas. L'alliance de ces deux grandes familles aurait été bénéfique pour tous, mais sa fille n'en faisait qu'à sa tête ! Du moins, c'était ainsi que pensait le patriarche McKinney. Il lui avait déjà fait du mal, il ne comptait pas, en plus de cela, la pousser dans un mariage arrangé qu'elle n'aurait pas souhaité mais il fallait bien avouer que la situation le désespérait.

Et niveau désespoir, Alexis n'était pas non plus au bout de ses peines. Sa relation avec Enzo était similaire à des montagnes russes. On stresse avant d'y monter, on hurle une fois dedans et on est ravi quand ça s'arrête. Quand ça s'arrête ?... Oui, pour quelques instants, avec l'envie d'y retourner encore et encore quand bien même notre cœur s’affole. C'était un peu comme ça, avec Enzo. Elle ne savait jamais à quoi s'en tenir, elle ne savait jamais comment il allait l'accueillir. Un jour tout était parfait, il était tendre, et la faisait chavirer, et puis soudain, tout s'assombrissait. Il lui avait enfin révélé, partiellement, les raisons de son comportement et la brune avait envie d' y croire, elle avait envie de se dire qu'il ne pouvait pas imaginer un mytho pareil, qu'il ne pouvait pas jouer ainsi avec ses sentiments. Mais Nate ne semblait pas du même avis et bien qu'elle ait envie de lui dire qu'il se trompait totalement, elle ne pouvait nier que le doute était présent. Voir rire ainsi son ami alors qu'elle marchait sur des œufs la mettait mal à l'aise. Etait-elle si stupide ? Son discours était-il si énorme qu'il fallait être totalement cruche pour le gober ? L'amour rend con, c'est un fait, et peut-être était-elle aveuglée... En tous cas, Nate ne semblait pas vouloir croire que Vittorio était un mafieux. Toutes les personnes qui ont un pied dans la politique peuvent facilement être la cible de rumeurs, et en possédant un casino, cela accentuait sans doute cette vision, mais il ne semblait pas en croire un mot. Alexis resta là, sans rien dire, baissant le regard. Elle était perdue, devrait-elle se méfier des mots qui sortaient de la bouche de l'italien ? Si elle ne lui faisait plus confiance, dans tous les cas, ils iraient dans le mur...

La brune eut un léger sursaut en sentant les doigts de Nate entourer sa main, elle se sentait prête à craquer. Elle n'était pas très stable émotionnellement ces derniers mois avec toute cette histoire. Son regard s'ancra dans les prunelles acier de son ami et elle ne sut si elle devait être rassurée ou si elle devait paniquer.

Mais...S'il y a effectivement quelque chose...Et qu'ils n'ont jamais trouvé, ou qu'ils n'ont même jamais cherché et qu'ils le font par ma faute ?...

Elle était en train de stresser à cette idée, d'autant qu'elle s'interrogeait. Que pouvait-il y avoir de si terrible pour qu'il fasse de telles cachotteries ? Elle ne pouvait que penser au pire, même si elle ne l'imaginait pas capable de cela. Après tout, combien de fois avait-on dit d'un tueur en série qu'il ne faisait pas parler de lui, qu'il était même du genre à rendre service ? Mon dieu, elle devait chasser cette pensée de son esprit immédiatement ! Mais puisqu'Enzo ne semblait pas prêt à dire certaines choses, peut-être que pour en avoir le cœur net, elle devrait confronter des personnes qui le connaissaient bien : les jumeaux.

Mieux que les tiennes, Monsieur je me fais arrêter pour trafic de drogues ! Répliqua t-elle sur un ton taquin. Oui, il fallait chasser ces pensées, se changer les idées, après tout ils étaient là pour ça, avec l'optique de se détendre en grignotant devant une comédie romantique stupide !

Non, en réalité, le démarrage reste compliqué. Kevin m'a suivie, il court partout et avec nos deux carnets d'adresses on a pas mal de pistes mais on manque de personnel. On a pris des stagiaires pour les tâches les plus simples et note site web a vu le jour il y a peu, ça devrait nous aider à avoir de la visibilité. Pour le reste...si j'arrive à faire partie de la Fashion-Week, je reste persuadée que ce sera plus pour mon nom que pour mes créations. Dans tous les cas, on se prépare comme s'il était certain qu'on y participerait, on verra bien. Finit-elle par ajouter en levant les yeux au ciel, un léger sourire ourlant ses lèvres. Enfin bref, on ne chôme pas. Et de ton côté, que te conseillent tes directeurs de campagne pour rectifier le tir ? Tu penses réussir à remonter dans les sondages ? Demanda t-elle tout en prenant un verre de thé glacé. Tu vas aller nourrir les orphelins et caresser les bébés chiens pour redorer ton image ? Ou tu vas la jouer séducteur pour faire craquer les ménagères ?... Finit-elle par demander, sa voix trahissant son amusement à cette idée.

Les Forzalli. Des mafieux ? C’est sans doute la chose la plus drôle et la plus grotesque que tu n’aies jamais entendue. Vittorio a le cœur sur la main et il est répond toujours présent quand il s’agit d’aider les plus démunis. Quant à Tommaso, même s’il est capable de se montrer un peu froid, tu sais que cela tient davantage à l’éducation stricte inhérente à la plupart des grandes familles de ce monde qu’à une quelconque accointance avec un réseau mafieux. Non, clairement, cet Enzo est soit un grand comique, soit un menteur de haut vol. Dans les deux cas, tu ne te réjouis pas de savoir les sentiments de ton amie tournés vers cet idiot faisant des secrets sur tout. Il est d’ailleurs un secret à lui tout seul. C’est assez dingue, dès que son prénom sort de tes lèvres devant des membres de sa famille, tu n’as le droit qu’à un silence en retour. Un silence ou une phrase dite poliment, mais t’intimant de cesser tes questions. Comme s’il n’était qu’un paria. Une enflure. Un être abject. Ou n’importe quel autre qualificatif fort peu agréable. En gros, rien qui ne puisse te rassurer quant à la relation qu’il entretient avec la demoiselle se trouvant assise sur ton canapé.

Tu as des relations, Nate. Ton réseau peut s’avérer utile et tu es prêt à le mettre à la disposition de la styliste à tout moment. Cependant, elle te fait part de ses inquiétudes. Et si, en fouillant dans la vie de celui qu’on peut qualifier de son petit ami, vous souleviez des lièvres ?

« Ce ne serait pas de ta faute, mais de la sienne. Tu ne crois pas ? », tes doigts se resserrant sur ceux de ton amie, tu soutiens son regard dans l’espoir de la rassurer et de lui transmettre un peu de force. « S’il ne te faisait pas autant de mystères, tu n’aurais pas à chercher. Et puis… S’il a fait des horreurs, tu es en droit de le savoir. Tu... », tu commences à t’inquiéter de sa réaction, « Tu l’aimes au point de tout accepter ? ». Tu sais que l’amour peut rendre un tantinet idiot. Non, ce n’est pas le bon terme. L’amour peut rendre des actes ou des décisions un tantinet idiots. La dernière chose que tu souhaites, c’est de voir ton amie s’enfermer dans une relation sans avenir. Tu sais ses désirs. Tu sais qu’elle espère pouvoir fonder une famille avec la personne faisant chavirer son cœur, et tu ne veux pas qu’elle passe à côté de ce bonheur juste à cause d’un bellâtre se moquant d’elle.

Si vous êtes tous les deux dans ton appartement ce soir, ce n’est pas pour parler de vos problèmes. Évidemment, si l’un de vous ressent le besoin de s’exprimer à ce propos, alors il est libre d’en parler, mais tu prends parti de changer drastiquement la teneur de votre conversation pour t’intéresser davantage au côté professionnel de la vie de la brune.

Sa réplique, remplie de taquinerie, te fait pousser un soupir amusé. Mieux vaut rire de tes déboires que d’en pleurer ! Tu l’écoutes attentivement te conter le processus de progression de sa boîte de stylisme et c’est après avoir bu une gorgée de ta boisson que tu rétorques serein et confiant à son égard, « Si tu es conviée à la Fashion Week, ce ne sera que pour ton talent Lexie ! Tes créations sont splendides, je n’ai aucun doute sur ta réussite. ». Tu prends un air plus malicieux pour ajouter, « Tu sais que là, je suis en train d’imaginer Kevin courir dans tous les sens en ne sachant pas trop s’il doit porter les rouleaux de tissu ou t’apporter ton café préféré. J’espère que tu en profites pour jouer un peu les patronnes tyranniques ? ». C’est plus fort que toi, l’image du jeune homme en plein rush t’amuse énormément.

Les questions qui suivent te font perdre toute malice. Tu conserves ton sourire, car tu as appris à ne pas montrer tes inquiétudes ou tes faiblesses, puis, rapidement, tu te rappelles que, face à toi, il s’agit d’Alexis McKinney. Ton amie d’enfance. Pas un journaliste ou un électeur. Tu n’as pas à la convaincre de quoi que ce soit. Alors, tu t’installes plus confortablement entre les coussins du canapé, t’appuyant contre le dossier en croisant les jambes tandis que tu laisses une moue soucieuse prendre place sur tes traits, « Mes conseillers ne sont… Pas des plus efficaces. ». Ce n’est que la vérité, « Si je les avais écouté, je ne me serais pas exprimé en sortant de garde à vue et j’aurai simplement laissé l’eau couler sous les ponts. Est-ce que tu as déjà entendu un conseil aussi pourri ? ». Lors de ton intervention, tu n’as certainement pas réussi à rallier l’intégralité de tes partisans, mais tu restes persuadé d’avoir sauvé les meubles. Il suffit de voir les sondages, tu n’as pas fait une dégringolade à la hauteur de la catastrophe qui t’est tombée sur la tête. Heureusement, parce que ton engagement politique compte plus que tout pour toi. Tu ne travailles pas autant pour des clopinettes. Tu ne le fais ni pour l’argent, ni pour la gloire. Tu le fais uniquement par convictions et parce que tu restes convaincu du bien-fondé de tes actions.

« Ce ne sont pas vraiment les ménagères que je voudrais faire craquer... », tu emploies le même ton amusé qu’elle tout en opérant un mouvement de sourcil équivoque. « Je cherche encore la meilleure façon d’estomper cette histoire. Je ne crois pas que me lancer dans des actions totalement différentes de celles dont j’ai l’habitude, soit une bonne idée. Je ne voudrais pas que les gens pensent que je cherche justement absolument à me refaire une image. », ta main vient passer sur ton menton, « Peut-être que je fais fausse route, mais j’estime qu’à vouloir trop bien faire, je risque surtout de provoquer l’inverse. Et puis, si je m'éparpille, ça va me rendre encore plus coupable aux yeux des gens. ». Tu n’es sûr de rien. Après tout, tu n’as jamais eu à gérer un tel scandale. « À toi, je peux le dire Lexie. », tu soupires, un vrai bon gros soupires à la fois désabusé et perdu, « Je n’ai aucune foutue idée de comment balayer tout ce foutoir. Dès que je fais un pas en avant, il y a un nouvel article qui me descend ou une autre interview de quelqu’un que je ne connais même pas qui me salit. ». Comme à ton habitude, quand le stress commence à t’envahir, ta jambe commence à tressauter, « Ce dont j’ai besoin, c’est de sang neuf. Il me faut une personne avec une vision totalement différente de la mienne, quelqu’un qui aura un œil extérieur et qui n’aura pas peur de me dire ce qu’il pense réellement et qui ne craindra pas les retombées. ». Tu le sais, Nate, cette personne, aussi difficile qu’elle soit à trouver, tu la connais. Tu l’as rencontré il y a peu, et bien que tu n’aies pas apprécié la façon dont elle te l’a parlé, tu as vu tout le bien qu’elle pourrait faire à ton équipe. Est-ce pour cela que, plus les jours et les semaines passent, plus tu envisages sérieusement de la retrouver ? Bien sûr que oui, ce n’est que pour cela. Uniquement pour lui refaire ta proposition, pour lui proposer un boulot. Rien d’autre. Absolument rien.